lundi 25 mars 2013

La grande môme de Jérôme Leroy



Présentation
Dora menait une vie un peu nomade avec sa mère, travailleuse sociale. Mais jamais elle n’aurait soupçonné que sa vie, que son identité même, reposaient sur un gigantesque mensonge, mis à jour avec une violence inouie. Brutalement, Dora découvre qu’elle s’appelle Emilie, qu’elle a une famille dont elle ignore tout à Rouen, que sa mère a un passé politique violent et criminel. Il lui faut tout apprendre et tenter de comprendre…

Mon avis
Je suis tellement étourdie parfois… J’ai voulu acheter Norlande de Jérôme Leroy et je suis repartie avec La grande môme. Oui, je sais, c’est difficile à croire mais c’est vrai. Bon, pas grave, je lirai Norlande une autre fois, le fait est que j’ai bien aimé, à quelques réserves près, La grande môme. Il s’agit d’une réédition, ce roman datant de 2007 (j’aime beaucoup les nouvelles maquettes de Rat noir).
Le sujet n’est pas facile et il est à mon sens abordé avec efficacité, sans que soit édulcorée la violence des faits et sans basculer dans le glauque ou le douteux.
La question de l’engagement est constamment posée dans le roman : elle l’est avant tout par le personnage de la mère d’Emilie – ou de Dora* – qui a connu la lutte armée lorsqu’elle était jeune femme. Jérôme Leroy en fait une figure de rédemption puisque lors de ses années de cavale, la « repentie » a converti son engagement armé en engagement social, oeuvrant pour les plus démunis quand elle-même a du mal à subvenir à ses besoins et à ceux de sa fille. Loin de suggérer une vision des choses angélique, ce choix permet de poser la question efficacement : les individus changent-ils ? y a-t-il d’autres voies d’engagement que la lutte armée ? l’engagement social rachète-t-il – au moins en partie – les engagements violents du passé ? Et puis il y a d’autres engagements, mis en question : l’avocat de la mère d’Emilie (gentiment moqué), le jeune red skin du lycée. J’ai seulement regretté le personnage du flic parano et ultra-violent qui fait « tomber » la mère en s’en prenant à la fille. Certes, il permet de montrer une forme – extrême – de violence policière, mais il m’a semblé caricatural, et pour tout dire, j’ai trouvé l’épisode peu crédible, même si je comprends l’intérêt narratif.
C’est ma seule réserve sur ce roman noir bien écrit, bien construit, au propos intelligent.
Par ailleurs, j’ai passé un agréable moment car Jérôme Leroy construit de jolis personnages et insuffle ce qu’il faut de romance adolescente pour plaire à de jeunes lecteurs. En bref, c’est du roman noir pour adolescents, qui ne prend pas les jeunes lecteurs pour des abrutis, qui pose des questions complexes et qui est bien écrit. Pas mal, non ?

* Les amateurs de noir apprécieront la référence à Robin Cook, son patronyme complet étant Dora Suarez.

Pour qui ?
Les amateurs de romans noirs bien fichus, denrée pas si courante dans le secteur ados.

Le mot de la fin
Bon, Norlande, sans tarder !

Jérôme Leroy, La grande môme, Syros/Rat Noir, 2013. Parution originale en 2007. Disponible en e-book début avril.

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