Présentation
Arregui traîne son spleen d’enquête en enquête, depuis qu’il est à la
tête de son agence de détective privé. Cet ancien flic au coup de poing facile
se voit confier une curieuse mission, qu’il n’entend pas accepter d’abord et
qui lui vaut rapidement des menaces et le surgissement d’une Terreur qui le
laisse pantelant et à demi-mort. Les événements s’accélèrent et c’est presque
malgré lui qu’il va se retrouver embringué dans une folle poursuite. Mais au
fond, tout cela est arrivé à cause d’une fourmi…
(je ne sais pas si je vous donne envie mais je préfère que vous alliez
de surprise en surprise si vous lisez le roman)
Mon avis
Que c’est bon de découvrir un auteur ! Quelle excellente surprise
que ce roman ! J’avais bien sûr entendu parler de Carlos Salem, notamment
par le festival Toulouse Polars du Sud, mais allez savoir pourquoi, je ne
l’avais jamais lu. J’ai acheté Je reste
roi d’Espagne, intriguée par le titre et par l’argument narratif,
m’attendant à trouver un récit très mélancolique. Il y a de la mélancolie dans Je reste roi d’Espagne : ça
commence comme un roman noir classique, ou à peu près, et le narrateur,
Arregui, est un ancien flic reconverti en privé, anéanti par la perte de sa
compagne, qui a le coup de poing facile. Ce ton-là me plaisait bien d’ailleurs,
du noir avec juste ce qu’il faut d’humour un peu cynique, et une intrigue de
roman noir aussi. Et puis Arregui rencontre l’autre héros du roman, et à partir
de là, tout en restant un vrai roman noir, le récit s’envole, se fait plus
délirant, une sorte de road-movie déjanté et poétique à la fois. J’ai ri à de
nombreuses reprises, et je dis bien « ri », éclaté de rire même (je
n’ai pas peur du ridicule quand je lis, je ris si ça me chante, quel que soit
l’endroit où je me trouve), parce que les dialogues et les situations sont
savoureuses et ébouriffantes à souhait… La galerie de personnages est incroyable,
les dialogues claquent, et l’on tourne les pages avec avidité : le
bonheur, quoi !
Mais n’allez pas croire que ce roman n’est qu’une farce. La mélancolie
est toujours là, les personnages portent en eux tout le poids de ce qu’ils
sont, de ce qu’ils ont été, des pertes subies, de la pourriture ambiante, de
leurs peurs (incarnée ô combien par Terreur pour Arregui). La vieillesse, la
mort, la faiblesse, les trahisons, l’amour, tout ce qui rend vulnérable, tout
cela est présent dans ce roman qui n’est pas si léger qu’il n’y paraît.
On quitte le roman avec bonheur et regret, avec un air de ranchera dans
la tête, El rey chanté par Vincente
Fernandez, que vous pouvez entendre là…
Pour qui ?
Pour tous les amateurs de polar mélancolique et drôle, mais pas besoin
d’être amateur de polars pour aimer Je
reste roi d’Espagne.
Le mot de la fin
L’humour est la politesse du désespoir, comme disait l’autre (qui
ça ? l’autre ! Boris, si tu nous entends…)
Carlos Salem, Je reste roi
d’Espagne (Pero sigo siendo el rey),
Actes Sud, 2011. Traduit de l’espagnol par Danielle Schramm. Publication
originale : Editorial Salgo de Pàgina, 2009. Disponible en Babel Noir.
2 commentaires:
J'avais été très agréablement surprise par "Nager sans se mouiller", du même auteur. Celui-ci ne m'attirait pourtant pas énormément sur le papier... Comme quoi, les préjugés sont parfois stupides.
Oui, c'est étonnant parfois. En même temps, c'est aussi pour ça qu'on a de très belles surprises!
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