lundi 18 mars 2013

Je reste roi d'Espagne de Carlos Salem



Présentation
Arregui traîne son spleen d’enquête en enquête, depuis qu’il est à la tête de son agence de détective privé. Cet ancien flic au coup de poing facile se voit confier une curieuse mission, qu’il n’entend pas accepter d’abord et qui lui vaut rapidement des menaces et le surgissement d’une Terreur qui le laisse pantelant et à demi-mort. Les événements s’accélèrent et c’est presque malgré lui qu’il va se retrouver embringué dans une folle poursuite. Mais au fond, tout cela est arrivé à cause d’une fourmi…
(je ne sais pas si je vous donne envie mais je préfère que vous alliez de surprise en surprise si vous lisez le roman)

Mon avis
Que c’est bon de découvrir un auteur ! Quelle excellente surprise que ce roman ! J’avais bien sûr entendu parler de Carlos Salem, notamment par le festival Toulouse Polars du Sud, mais allez savoir pourquoi, je ne l’avais jamais lu. J’ai acheté Je reste roi d’Espagne, intriguée par le titre et par l’argument narratif, m’attendant à trouver un récit très mélancolique. Il y a de la mélancolie dans Je reste roi d’Espagne : ça commence comme un roman noir classique, ou à peu près, et le narrateur, Arregui, est un ancien flic reconverti en privé, anéanti par la perte de sa compagne, qui a le coup de poing facile. Ce ton-là me plaisait bien d’ailleurs, du noir avec juste ce qu’il faut d’humour un peu cynique, et une intrigue de roman noir aussi. Et puis Arregui rencontre l’autre héros du roman, et à partir de là, tout en restant un vrai roman noir, le récit s’envole, se fait plus délirant, une sorte de road-movie déjanté et poétique à la fois. J’ai ri à de nombreuses reprises, et je dis bien « ri », éclaté de rire même (je n’ai pas peur du ridicule quand je lis, je ris si ça me chante, quel que soit l’endroit où je me trouve), parce que les dialogues et les situations sont savoureuses et ébouriffantes à souhait… La galerie de personnages est incroyable, les dialogues claquent, et l’on tourne les pages avec avidité : le bonheur, quoi !
Mais n’allez pas croire que ce roman n’est qu’une farce. La mélancolie est toujours là, les personnages portent en eux tout le poids de ce qu’ils sont, de ce qu’ils ont été, des pertes subies, de la pourriture ambiante, de leurs peurs (incarnée ô combien par Terreur pour Arregui). La vieillesse, la mort, la faiblesse, les trahisons, l’amour, tout ce qui rend vulnérable, tout cela est présent dans ce roman qui n’est pas si léger qu’il n’y paraît.
On quitte le roman avec bonheur et regret, avec un air de ranchera dans la tête, El rey chanté par Vincente Fernandez, que vous pouvez entendre

Pour qui ?
Pour tous les amateurs de polar mélancolique et drôle, mais pas besoin d’être amateur de polars pour aimer Je reste roi d’Espagne.

Le mot de la fin
L’humour est la politesse du désespoir, comme disait l’autre (qui ça ? l’autre ! Boris, si tu nous entends…)

Carlos Salem, Je reste roi d’Espagne (Pero sigo siendo el rey), Actes Sud, 2011. Traduit de l’espagnol par Danielle Schramm. Publication originale : Editorial Salgo de Pàgina, 2009. Disponible en Babel Noir.

2 commentaires:

Miss Léo a dit…

J'avais été très agréablement surprise par "Nager sans se mouiller", du même auteur. Celui-ci ne m'attirait pourtant pas énormément sur le papier... Comme quoi, les préjugés sont parfois stupides.

Tasha Gennaro a dit…

Oui, c'est étonnant parfois. En même temps, c'est aussi pour ça qu'on a de très belles surprises!