samedi 29 décembre 2012

L'âge des miracles de Karen Thompson Walker



Présentation (extrait de la quatrième de couverture)
Une journée d'octobre apparemment comme les autres, l'humanité découvre avec stupeur que la vitesse de rotation de la Terre a ralenti. Les jours atteignent progressivement 26, 28 puis 30 heures. (...) Tandis que certains cèdent à la panique, d'autres, au contraire, s'accrochent à leur routine, comme pour nier l'évidence que la fin du monde est imminente. En Californie, Julia est le témoin de ce bouleversement, de ses conséquences sur sa communauté et sa famille. Adolescente à fleur de peau, elle est à l'âge où son corps, son rapport aux autres et sa vision du monde changent : l'âge des miracles. 

Mon avis
Alors que l’argument est classique, il m’avait immédiatement séduite et cela faisait des mois que je me promettais de lire ce roman, que j’avais classé dans la littérature pour ados. Je reviendrai sur ce point car je suis un peu troublée.
C’est le genre de lecture dont je ressors songeuse, pas tant à cause du propos (lui aussi assez classique) qu’à cause de l’atmosphère savamment créée par la romancière.
Nous voilà face à un roman apocalyptique qui fait penser à une science-fiction de la plus belle eau : il est fait référence à Bradbury, et de fait, sans égaler le maître, Karen Thompson Walker déjoue tous les pièges d’une littérature d’anticipation telle qu’elle pourrait aisément s’écrire aujourd’hui. La rotation de la terre ralentit et cela engendre peu à peu toutes sortes de désordre : tout est dans le « peu à peu ». Là où nombre de romanciers auraient enchaîné les catastrophes spectaculaires et cédé à une sorte d’hystérie supposée romanesque et captivante (façon film/récit catastrophe), Karen Thompson Walker montre une société dont les certitudes vacillent lentement, dont les lois physiques se dérèglent d’abord imperceptiblement, avant une montée en puissance destructrice. Le tout se déroule sur fond d’intolérance galopante (la peur génère l’exclusion).
C’est du même coup un roman étrangement contemplatif que la romancière nous offre, où les personnages incrédules puis angoissés regardent les cieux et l’évolution de la nature, à la fois émerveillés par ce qu’ils savent devoir perdre un jour et anxieux de découvrir des signes de changement. 
L’âge des miracles est aussi un roman d’apprentissage, où Julia, la jeune fille dont le regard oriente tout, fait toutes sortes de découvertes émotionnelles et surtout l’expérience répétée de la perte (à des titres divers) : sa meilleure amie, son professeur de piano, son grand-père, son petit ami, et tout simplement l’innocence de l’enfance. Les deux conjugués – catastrophe astro-physique et entrée dans l’adolescence – donnent un ton très particulier à ce roman dont la lenteur m’a séduite. Attention ! Lenteur ne signifie en rien ennui, bien au contraire, j’avais du mal à abandonner mon livre, j’étais très «immergée» dans ce roman.
En France, le roman est sorti avec deux couvertures différentes, en ciblant à la fois le public adulte et le public adolescent, et je n’arrive pas à savoir ce qu’il en est aux Etats-Unis. L’âge des miracles a bien des caractéristiques du «young adult» : héroïne adolescente, récit d’apprentissage, découverte du sentiment amoureux, ruptures familiales. Mais il déroge aux « normes » de cette production par d’autres aspects : son rythme atypique, son refus de développer outre mesure les tensions relationnelles entre les personnages, une forme de distance, et une fin qui n’a rien de consolatoire. Bref, je ne sais ce qu’il en est du public originellement ciblé par Karen Thompson Walker, et cela n’a peut-être pas grande importance…
Je ne m’attendais pas à être séduite à ce point, je m’attendais justement à quelque chose de plus prévisible dans le développement, et c’est au final un vrai coup de cœur.

Pour qui ?
Je pense que ce roman peut s’adresser, en effet, à des lecteurs adultes comme à des adolescents.

Le mot de la fin
Surprenant.

Karen Thompson Walker, L’âge des miracles (The Age of Miracles), Presses de la Cité, 2012. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alice Delarbre. Publication originale : Random House, 2012. 

lundi 24 décembre 2012

Bilan 2012 en forme de tag



J’ai entrepris de tenir ce blog cet été et je constate qu’il a eu un effet sur le rythme de mes lectures, en nette hausse. L’envie de partager, mais aussi les échanges avec certain(e)s d’entre vous, les fringales de livres nées de la fréquentation de vos blogs et de vos coups de cœur, tout cela fait que je lis plus… J’en suis très heureuse ! Certes, il y a des semaines où mon rythme de lecture faiblit, où je ne parviens pas à rédiger le billet aussi rapidement que je le souhaiterais, mais pour le moment, ça va.
Merci en particulier à Cathulu, à Brize, à Deuzenn, qui sont très largement à l’origine de mon envie de rejoindre la blogosphère et que je lis toujours avec le même plaisir (leurs blogs ne sont pas les seuls que je consulte quotidiennement!!).
Et puis cela me permet de tisser un lien supplémentaire avec certaines de mes amies, qu’elles soient ou non loin de moi (pensées spéciales pour Babounette et Miss Cornélia), lorsque le temps nous manque pour nous voir ou que les kilomètres nous séparent.
Pour terminer 2012, un petit bilan… J’ai un joli petit carnet où je consigne depuis quelques années déjà, avec plus ou moins de régularité, mes lectures. Je l’ai repris pour avoir les idées claires et j’en ai tiré les questions/réponses suivantes.
Je ne suis pas encore familière du tag, mais si le cœur vous en dit, vous pouvez reprendre les questions et répondre à votre tour !
(il y a ci-dessous quelques titres lus avant l’ouverture du blog, évidemment).

Le blog restera actif pendant ces derniers jours de 2012, même si je lis un peu moins ces jours-ci (grosse fatigue). Et même si ce n’est pas ma période préférée, je vous souhaite de très belles fêtes !



1) Top 5 des livres 2012
Pat Conroy, Charleston Sud
LE coup de cœur de 2012 (en réalité commencé fin 2011), LE roman bouleversant, qui me hantait lorsque je ne lisais pas, qui m’a chamboulée et qui continue de m’habiter. Je pourrais même dire que c’est un de mes romans-préférés-de-tous-les-temps ! Après un démarrage un peu lent (gros univers à mettre en place), il m’a emmenée pour ne plus me lâcher, m’offrant à peu près tout ce que je recherche dans la lecture : émotions très fortes, complexité narrative, écriture sans chichis, tension narrative et construction implacables, personnages forts et bouleversants… Le tout au service d’une vision du monde qui me parle. Renversant !
Je sais que je lirai à nouveau Charleston Sud, et j’ai d’ores et déjà acquis Le Prince des marées, que je n’ai pas encore osé ouvrir, peut-être de peur d’être déçue…

Silvia Avallone, D’Acier
Un roman lu avec un certain retard par rapport à sa sortie, acheté en festival. Une des plus fortes surprises aussi de cette année : quand on le commence, on se dit qu’on sait comment ça va évoluer, mais que nenni ! Silvia Avallone insuffle de la vie là où on attend une atmosphère mortifère, elle impose une vision solaire là on imagine du glauque. Certes, un propos sombre, une vision sociale forte, mais de la beauté à toutes les pages.

James Lee Burke, Le Brasier de l’ange
Craig Johnson, Enfants de poussière
Deux séries retrouvées avec plaisir, deux héros enracinés dans une terre, aussi différentes soient-elles, un même rapport au monde complexe et empreint de noirceur.
Au-delà de leurs différences, James Lee Burke et Craig Johnson me bouleversent et j’adore leurs héros…

Gail Carriger, Sans âme
Pour moi qui ne suis pas fan de littérature vampirique (excepté Dracula), une des plus enthousiasmantes lectures de cette année. Du suspense, de la drôlerie, un propos jamais mièvre, c’en était fait de moi…


2) La relecture qui m’a comblée
Armistead Maupin Chroniques de San Francisco (vol. 1 à 3)
Je ne compte pas Quartier perdu, de Patrick Modiano, c’est une re-re-re-re-(je perds le compte)lecture, le plaisir de le relire ne me surprend même plus…

3) Ma découverte jeunesse de l’année
L’auteure Susin Nielsen : les deux romans que j’ai lus ont été un enchantement.

4) Ma découverte polar 2012
Karim Madani, avec Le jour du fléau ; Megan Abbott avec Absente

5) Ma plus grosse surprise de l’année
Jakuta Alikavazovic, La blonde et le bunker

6) L’événement livre de l’année
Toulouse Polars du Sud, en octobre. Deux jours de pur bonheur pour moi.

7) Une déception remarquable
En BD, Lou volume 6 de Julien Neel. Sinon, j’ai été déçue par 14 de Jean Echenoz et Dernière Nuit à Twisted River de John Irving, mais pas dans les mêmes proportions, et pour ces deux livres, je parlerai plutôt de rendez-vous manqué.

8) Le livre que je n’ai pas réussi à finir mais que j’aimais bien
Les femmes de T.C. Boyle. Je n’avais jamais lu cet auteur et c’est après l’avoir vu dans un des Carnets de route de François Busnel que je me suis décidée. J’ai choisi Les femmes, car le sujet me plaisait, T.C. Boyle en avait parlé dans le reportage, lui-même habitant une maison conçue par l’immense architecte. J’aime l’idée mise en avant par le romancier selon laquelle un pays peut être compris notamment par la démesure de ses hommes d’exception. Mais au bout de quelques semaines, alors que j’étais relativement avancée dans ma lecture, j’ai dû me rendre à l’évidence : le roman ne me passionnait pas, même si j’en trouvais la lecture agréable. Je me suis lassée, je ne voyais pas où allait le romancier. J’ai renoncé, persuadée toutefois que je reprendrais un jour ce roman ou un autre du même auteur.

9) Une adaptation (télé ou ciné) que j’ai particulièrement aimée
Bon, il m’est impossible de ne pas citer la série Sherlock de la BBC (saison 2), parce que les relectures holmésiennes proposées par Moffat et Gatiss sont à mon sens brillantes et jubilatoires. Chaque épisode est un mélange parfait entre l’audace et le respect de l’esprit holmésien, il y a des trouvailles qui m’arrachent des cris de joie et des éclats de rire, bref, J’ADORE !
Et je dois dire que l’adaptation que David Fincher a faite du premier volume de Millenium m’a épatée. Je n’aime guère le roman, et le film fait partie de ces films meilleurs que le livre qu’ils adaptent !

11) Un regret ? Un motif de satisfaction ?
Ne pas avoir lu davantage de BD. Je ne sais à quoi c’est dû. Moins d’envie dans les parutions, moins de volumes dans mes séries préférées. Quelques mangas…
Avoir reçu en cadeau une liseuse : même si l’offre n’est pas encore parfaite, elle se développe, et j’apprécie considérablement le confort de lecture de la liseuse et son côté «bibliothèque ultra-portative».

10) Quelques mots de bilan pour 2012 (en rapport avec la lecture)
Je n’ai pas toujours lu autant que je l’aurais souhaité, mais comme je le disais en préambule, ce blog a un effet bénéfique sur mon rapport à la lecture.
2012 m’a vu délaisser un peu le roman noir, pourtant mon genre de prédilection : j’en ai lu, mais pas tant que ça, sans doute parce qu’il m’est un peu plus difficile d’être suprise et conquise qu’avant. Néanmoins, je ne me lasse pas de Craig Johnson, de James Lee Burke, pour ne citer qu’eux… Gros ralentissement du côté des Français…
2012 m’a vu fréquenter assidûment la littérature de jeunesse, qui m’a offert de grands moments de réconfort, de jolies surprises.

11) Les livres que j’attends le plus pour 2013
C’est fou comme on nous dit quels sont les films les plus attendus pour 2013 tandis qu’on nous laisse mariner côté livres… Si vous avez des ressources (magazines ou sites) en la matière, je suis preneuse. Je sais qu’en mars (ou est-ce février ?) sort un nouveau Craig Johnson, mais pour le reste, je ne sais… Et j’aimerais bien avoir un nouveau Susin Nielsen.

12) Les auteurs/livres que j’ai la ferme intention de lire (enfin) en 2013.
J’aimerais lire Guerre et paix de Tolstoï, qui attend depuis des années et des années sur mes étagères. Je veux lire Philip Roth, dont j’ai lu La Contrevie à l’âge de 16 ans et dont je n’ai pas le moindre souvenir. J’ai acheté La tâche (en e-book) il y a peu, il est dans les starting-blocks !

13) Un souhait (en rapport avec la lecture) pour 2013
Bien sûr, lire, lire et lire, me laisser embarquer dans des histoires captivantes, vibrer avec et pour des personnages, être surprise, en parler avec vous, quitte à ne pas toujours être d’accord. 

Edit du 28 décembre : ont répondu au Tag Myrtille, et Deuzenn! Merci!

dimanche 23 décembre 2012

Absente de Megan Abbott



Présentation (quatrième de couverture)
7 octobre 1949. Jean Spangler, une actrice de second plan, embrasse sa fille et quitte son domicile pour un tournage de nuit dans un studio de Hollywood. On ne la reverra jamais. Les seules traces qu’elle laisse derrière elle : un sac à main retrouvé dans un parc, et beaucoup de rumeurs sur de supposées aventures avec des stars de cinéma et quelques maffieux. L’enquête – confiée à l’unité de police déjà chargée du fameux meurtre du Dalhia noir en 1947 – tourne court, une fois de plus. Deux ans plus tard, Gil Hopkins, un attaché de presse en vogue, qui avait couvert l’affaire de la disparition de Jean pour le studio où elle travaillait à l’époque, est pris à partie par une amie de la jeune femme, qui l’accuse de vouloir étouffer l’affaire. Du coup, Gil reprend l’enquête. A partir d’un authentique fait divers, Megan Abbott nous entraîne dans l’enfer des bas-fonds de Hollywood où toute vérité n’est pas bonne à dire…

Mon avis
J’ai découvert Megan Abbott dans un numéro de 813 (interview dans le numéro 112), et depuis quelques mois, j’avais envie de lire l’un de ses romans. Mon choix s’est porté sur Absente, et bien m’en a pris. Megan Abbott ne fait sans doute pas partie des plus grandes plumes du noir, mais elle nous livre un roman impeccable, d’une noirceur absolue, que j’ai eu du mal à lâcher.
J’ai aimé le point de vue masculin choisi. Megan Abbott a le talent de nous faire entrevoir la domination masculine sans verser dans un propos simpliste ou manichéen, et cela me semble dû en large part à ce choix initial. Elle nous plonge avec aisance dans une époque glorieuse pour Hollywood, et en bon petit soldat du roman noir, elle lève le voile et montre les ordures savamment planquées par l’industrie du rêve : exploitation, asservissement, déviances, pouvoir de l’argent et des médias. Certes, rien de nouveau dans cette peinture au vitriol, mais j’en suis tout de même sortie avec des tas de questions sur l’industrie cinématographique et ses contradictions. Les atmosphères sont merveilleusement rendues, c’est du noir, et l’on croise des personnalités du star system mais aussi de la pègre. Les échos sont forts avec l’univers d’Ellroy (je pense bien sûr au quatuor de Los Angeles), et ce n’est pas le moindre intérêt d’Absente. C’est le caniveau de Hollywood qui est évoqué, dans certaines pages saisissantes, mais du rêve sur pellicule aux bas-fonds, il n’y a qu’un pas, et les visages tant aimés du public pour leur candeur et le rêve qu’ils offrent sont terrifiants dès lors qu’ils quittent les plateaux. Sur ce point Megan Abbott ne fait pas de concession : aussi ambivalentes que soient les jeunes femmes de son roman, elles n’atteignent pas la noirceur des âmes masculines. Les hommes sont tout à la fois dominés par des motivations financières et par des pulsions destructrices et criminelles, qu’ils assouvissent sur ces jeunes femmes qui ne mesurent pas toujours le danger ou sont trop attirées par les feux de la rampe, prêtes à toutes les concessions, à toutes les souillures pour briller au firmament d’Hollywood.
Les personnages sont assez fascinants : chacun est à sa manière un stéréotype (je le dis sans nuance négative) auquel Megan Abbott réussit à injecter une bonne dose d’humanité et donc de complexité. Gil Hopkins, notre personnage masculin, est dépeint dans toute son ambiguïté, et comme il est doté d’une part suffisante de réflexivité, il parvient à porter une jolie interrogation sur le destin de ces jeunes femmes jetées en pâture et pourtant pas totalement innocentes. Mais qu’on ne s’y trompe pas : si Jerry, son ami, est l’autre figure masculine du roman, ce sont les femmes qui sont au premier plan. Jean Spangler est un joli tour de force : starlette ayant réellement existé (Megan Abbott s’appuie sur un fait divers de l’époque), elle est l’absente obsédante du roman, mélange de beauté vénéneuse et de victime tragique. Chez ce personnage comme chez toutes les figures féminines qui peuplent Absente, Megan Abbott insuffle suffisamment de complexité pour interroger le lecteur. Frannie est également un très beau personnage, même si elle est très différente. On ne saura pas vraiment ce qui anime les bourreaux (patrons, amants, acteurs…), ce n’est pas ce qui intéresse la romancière. Mais pour chaque figure féminine, on en sait suffisamment pour cerner les trajectoires, les cassures, les rêves.
Enfin, j’ai tout simplement été captivée par ce roman, dont la fin m’a offert un joli rebondissement (une surprise totale) sans rien enlever de la noirceur de l’histoire.

Le mot de la fin
Entêtant.

Megan Abbott, Absente (The Song is You), Sonatine, 2009. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Benjamin Legrand. Réédition : Le Livre de Poche (2011). Publication originale en 2007 (Simon & Schuster).  

mercredi 19 décembre 2012

Café givré de Suzanne Selfors



Présentation
Katrina vit avec sa grand-mère dans une paisible bourgade américaine qui cultive une forte identité scandinave. Toutes deux s’occupent du café Chez Anna, ringardisé par le café voisin, moderne et branché, tenu par le détestable M. Darling, père d’une populaire jeune fille, Heidi. Katrina est une adolescente tranquille, qui a pour meilleurs amis Vincent, nageur très doué, et Elizabeth, jeune fille un peu fantasque. Un matin, Katrina trouve dans l’arrière-cour du café un jeune homme endormi dans le froid, probablement un vagabond : elle lui dépose un café et des gâteaux. Dès lors, sa vie va changer, l’énigmatique vagabond en kilt ne cessant de réapparaître…

Mon avis
Café givré est une excellente surprise, un de ces romans chauds et doux comme une assiette de pancakes arrosés de sirop d’érable, à savourer avec un bon café (évidemment, mais si vous préférez un chocolat chaud, c’est bien aussi !). C’est une sorte de jolie romance, qui ne verse pas pour autant dans le pur sentimental. J’ai aimé le personnage de Katrina, le cocon réconfortant (mais menacé) du café de la grand-mère, avec ses habitués hors du temps, et j’ai été comblée par l’intrigue, rythmée et au dénouement si satisfaisant… Il est fait référence à La Vie est belle (1946), chef-d’œuvre de Frank Capra, et en effet, l’ombre de ce splendide film plane en permanence sur ce roman qui a pour ambition d’offrir un moment de douceur aux lecteurs. Comme le film de Capra, le roman de Suzanne Selfors se teinte de fantastique sans en rajouter dans le surnaturel, ce que j’ai bien aimé. Tout en étant très adolescent dans l’esprit, le récit ne cherche pas à faire jeune, et de fait, Katrina a des responsabilités d’adulte. J’ai quitté à regret ce roman, non sans m’efforcer de trouver ces petits grains de café enrobés de chocolat, histoire de prolonger le plaisir.

Pour qui ?
Je pense que le roman plaira davantage à un public féminin. Il est accessible à de jeunes lectrices, car le récit est linéaire et structuré en brefs chapitres : il est d’ailleurs difficile de le lâcher ! Comme c’est un récit à la première personne, on s’identifie aisément à Katrina. Il plaira aussi à des lectrices adultes désireuses de trouver un roman chamallow (ce n’est pas une critique !) qui ne bêtifie pas et qui emmène doucement vers un dénouement apaisé.

Le mot de la fin
A consommer sans modération.

Suzanne Selfors, Café givré (Coffeehouse Angel), Flammarion/Tribal, 2012. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Hermet.