Présentation (extrait de la quatrième de
couverture)
Une journée d'octobre apparemment comme les autres, l'humanité découvre
avec stupeur que la vitesse de rotation de la Terre a ralenti. Les jours
atteignent progressivement 26, 28 puis 30 heures. (...) Tandis que certains cèdent à la panique, d'autres, au contraire,
s'accrochent à leur routine, comme pour nier l'évidence que la fin du monde est
imminente. En Californie, Julia est le témoin de ce bouleversement, de ses
conséquences sur sa communauté et sa famille. Adolescente à fleur de peau, elle
est à l'âge où son corps, son rapport aux autres et sa vision du monde changent
: l'âge des miracles.
Mon avis
Alors que l’argument est classique, il m’avait immédiatement séduite et
cela faisait des mois que je me promettais de lire ce roman, que j’avais classé
dans la littérature pour ados. Je reviendrai sur ce point car je suis un peu
troublée.
C’est le genre de lecture dont je ressors songeuse, pas tant à cause du
propos (lui aussi assez classique) qu’à cause de l’atmosphère savamment créée
par la romancière.
Nous voilà face à un roman apocalyptique qui fait penser à une science-fiction de la plus belle eau : il est fait référence à Bradbury, et de fait, sans
égaler le maître, Karen Thompson Walker déjoue tous les pièges d’une
littérature d’anticipation telle qu’elle pourrait aisément s’écrire
aujourd’hui. La rotation de la terre ralentit et cela engendre peu à peu toutes
sortes de désordre : tout est dans le « peu à peu ». Là où
nombre de romanciers auraient enchaîné les catastrophes spectaculaires et cédé
à une sorte d’hystérie supposée romanesque et captivante (façon film/récit
catastrophe), Karen Thompson Walker montre une société dont les certitudes
vacillent lentement, dont les lois physiques se dérèglent d’abord
imperceptiblement, avant une montée en puissance destructrice. Le tout se
déroule sur fond d’intolérance galopante (la peur génère l’exclusion).
C’est du même coup un roman étrangement contemplatif que la romancière nous
offre, où les personnages incrédules puis angoissés regardent les cieux et
l’évolution de la nature, à la fois émerveillés par ce qu’ils savent devoir
perdre un jour et anxieux de découvrir des signes de changement.
L’âge des miracles est aussi un roman
d’apprentissage, où Julia, la jeune fille dont le regard oriente tout, fait
toutes sortes de découvertes émotionnelles et surtout l’expérience répétée de
la perte (à des titres divers) : sa meilleure amie, son professeur de
piano, son grand-père, son petit ami, et tout simplement l’innocence de
l’enfance. Les deux conjugués – catastrophe astro-physique et entrée dans
l’adolescence – donnent un ton très particulier à ce roman dont la lenteur m’a
séduite. Attention ! Lenteur ne signifie en rien ennui, bien au contraire,
j’avais du mal à abandonner mon livre, j’étais très «immergée» dans
ce roman.
En France, le roman est sorti avec deux couvertures différentes, en ciblant
à la fois le public adulte et le public adolescent, et je n’arrive pas à savoir
ce qu’il en est aux Etats-Unis. L’âge des
miracles a bien des caractéristiques du «young adult» :
héroïne adolescente, récit d’apprentissage, découverte du sentiment amoureux,
ruptures familiales. Mais il déroge aux « normes » de cette
production par d’autres aspects : son rythme atypique, son refus de
développer outre mesure les tensions relationnelles entre les personnages, une
forme de distance, et une fin qui n’a rien de consolatoire. Bref, je ne sais ce
qu’il en est du public originellement ciblé par Karen Thompson Walker, et cela
n’a peut-être pas grande importance…
Je ne m’attendais pas à être séduite à ce point, je m’attendais justement à
quelque chose de plus prévisible dans le développement, et c’est au final un
vrai coup de cœur.
Pour qui ?
Je pense que ce roman peut s’adresser, en effet, à des lecteurs adultes
comme à des adolescents.
Le mot de la fin
Surprenant.
Karen Thompson Walker, L’âge des
miracles (The Age of Miracles),
Presses de la Cité, 2012. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alice Delarbre.
Publication originale : Random House, 2012.
2 commentaires:
Je ne savais pas trop quoi en penser mais du coup ça donne envie de le lire.
Si tu le lis, je serai curieuse de savoir ce que tu en penses (j'ai puisé pas mal d'idées sur ton blog!), moi ça a été un vrai coup de coeur.
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