Présentation (éditeur)
La Seconde Guerre mondiale touche à sa fin. À bord d’un porte-avions au large du Japon, Philip Bowman rentre aux États-Unis. Il a deux obsessions, qui l’accompagneront tout au long de sa vie : la littérature et la quête de l’amour. Embauché par un éditeur, il découvre ce milieu très fermé, fait de maisons indépendantes, et encore dirigées par ceux qui les ont fondées. Bowman s’y sent comme un poisson dans l’eau, et sa réussite s’avère aussi rapide qu’indiscutable. Reste l’amour, ou plutôt cette sorte d’idéal qu’il poursuit, et qui ne cesse de se dérober à lui. L’échec d’un premier mariage, l’éblouissement de la passion physique et le goût amer de la trahison sont quelques-uns des moments de cette chasse au bonheur dont l’issue demeure incertaine.
Ce que j'en pense
Que dire sur ce roman qui a été l’un des plus remarqués de la rentrée? Je vais vous livrer mon ressenti de lectrice, plus que jamais. Je vais en tout cas faire de mon mieux, car des semaines se sont écoulées depuis ma lecture, survenue en plein creux du blog.
J’ai beaucoup aimé ce roman. Je n’avais jamais rien lu de Salter, auteur très réputé mais peu prolifique. Ai-je envie de me jeter sur ses autres livres? Non, curieusement.
Et rien d’autre a cette étrange caractéristique: son rythme est indolent, paresseux, alors que nous embrassons une vie riche et pleine, dans laquelle il se passe beaucoup de choses. Pour autant, je ne me suis pas ennuyée, ne vous méprenez pas sur ma remarque, mais James Salter peint une vie faite de soubresauts presque ordinaires, et ne cultive pas l’hystérie de certains romans… Car l’existence est faite de cela, d’évènements heureux et tragiques tour à tour, de rencontres et de ruptures, « et rien d’autre », c’est-à-dire que c’est à la fois énorme et anodin, son personnage est tissé de tout cela.
Je ne saurais dire si j’ai aimé son personnage ou non. Salter ne travaille pas sur des effets spectaculaires d’identification, tout en restant au plus près de son protagoniste. Mais jamais il ne m’a irritée, jamais je ne me suis sentie à distance, plutôt « si loin, si proche ».
On a beaucoup écrit dans la presse sur la capacité que Salter a, sans y toucher, de saisir une époque, ou les évolutions d’un pays et d’un milieu. Comme le milieu est l’édition, je comprends que les critiques y aient été sensibles, cependant je n’irais pas jusqu’à considérer que Salter en fait un sujet de premier plan. Je me trompe peut-être.
La grande affaire dans cette existence, c’est l’amour, saisi là encore sans violons, sans larmes (de joie comme de tristesse), et c’est d’une beauté saisissante. Salter fait de cela quelque chose d’éminemment romanesque tout en évitant les habituels ressorts du roman en la matière. L’amour dans Et rien d’autre est fort mais il n’y a pas de vision romantique, c’est en cela que c’est bouleversant.
Au final, James Salter saisit ce qui fait une existence, ses aléas, ses choix subis ou non, ses rencontres et ses tournants, le tout sans tambours ni trompettes. Je suis ressortie du roman songeuse, bouleversée, mais aussi apaisée. Une vie, c’est tout cela, ce n’est que cela.
Quelques semaines après ma lecture, cependant, je repense peu à ce roman, que je ne pense pas relire. C’est déconcertant, au vu du plaisir que j’ai eu à accompagner Salter pendant quelques centaines de pages : Et rien d’autre ne sera sans doute pas un roman marquant pour moi…
James Salter, Et rien d'autre (All that is), Editions de l'Olivier, 2014. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marc Amfreville. Publication originale: 2013. Disponible en ebook.