lundi 30 septembre 2013

Ni d'Eve ni d'Adam d'Amélie Nothomb


Présentation
Alors qu’elle est au Japon et étudie le japonais dans le but de trouver un emploi, Amélie passe une petite annonce en proposant des cours de français : son premier élève est un jeune Japonais qui va peu à peu la séduire.

Mon avis
D’Amélie Nothomb je n’avais lu que Stupeurs et tremblements, lecture plaisante dont je n’ai pas gardé grand souvenir. Amélie Nothomb est devenue un phénomème médiatique à un moment où, pour des raisons professionnelles, je me détournais de la littérature contemporaine. L’actualité littéraire de l’auteure, conjuguée à mon désoeuvrement forcé en cette rentrée, m’a amenée à voir Amélie Nothomb dans les médias plus qu’à l’accoutumée. Un roman court, en version numérique, cela me semblait parfait pour mes yeux malmenés et comme je suis fascinée par le Japon, j’ai fait l’acquisition de Ni d’Eve ni d’Adam, me disant que je ferai l’emplette de son tout nouveau récit si celui-ci me plaisait.
J’ai de fait passé un excellent moment, comme avec Stupeurs et tremblements en son temps. L’écriture me semble par moments un peu maniérée, mais je dois le reconnaître : Amélie Nothomb a une sacrée plume, et on peut bien lui pardonner quelques coquetteries. J’aime surtout ce ton si particulier, mi cocasse mi sérieux, avec lequel elle évoque son histoire d’amour nippone, son rapport à ce pays tant aimé. C’est souvent drôle, toujours surprenant, parfois émouvant.
J’ignore ce qu’il me restera de Ni d’Eve ni d’Adam, mais il se pourrait bien que je succombe assez vite à La nostalgie heureuse.

Pour qui ?
Pour tous ceux qui ont envie d’une légèreté non dénuée de sérieux.

Le mot de la fin

Séduisant.

Amélie Nothomb, Ni d'Eve ni d'Adam, Albin Michel, 2007. Disponible en Livre de Poche. Lu en ebook. 

samedi 28 septembre 2013

Toulouse Polars du Sud


Pour ceux qui sont dans la région ou qui voudraient s'offrir une escapade sympathique à Toulouse, le Festival International des Littératures Policières se tiendra les 11, 12, 13 octobre. Parmi les auteurs invités, rien de moins que Luis Sepulveda, Carlo Lucarelli, Victor Del Arbol, Cristina Fallaras, Carlos Salem, James Grady, et côté français, Elsa Marpeau, Patrick Raynal, Pascal Dessaint, Olivier Truc, et bien d'autres encore, dont vous trouverez la liste sur le site. Au programme, des tables rondes alléchantes et même un rallye dans Toulouse où l'on peut se prendre pour un enquêteur. 
Je ne suis pas encore certaine de pouvoir y aller, mais si j'ai le feu vert, je me ferai une joie d'aller plonger, un week-end durant, dans l'univers du polar, rencontrer le temps d'une signature des auteurs que j'apprécie et en découvrir que je n'ai pas encore lus.
Tous les renseignements sont à cette adresse : http://www.toulouse-polars-du-sud.com/


PS : pardon pour les accents manquants sur les noms des auteurs espagnols ci-dessus. 

vendredi 27 septembre 2013

Les lisières d'Olivier Adam


Présentation
Paul Steiner, écrivain, vit difficilement la séparation d’avec sa femme et ses enfants lui manquent. Tout va de mal en pis quand il se voit contraint de passer quelques temps chez ses parents, alors que sa mère est hospitalisée. Il retrouve alors cette banlieue parisienne qu’il a fuie, les amis perdus de vue et qui sont restés dans ces lisières qu’il s’est efforcé d’oublier, durant toutes ces années.

Mon avis
Cela faisait des mois que Les lisières, d’Olivier Adam, patientait sur ma PAL. De l’auteur j’avais adoré Le cœur régulier, lu d’une traite. Je n’ai pas le même coup de cœur pour Les lisières, mais je considère que c’est un très bon roman. Ce n’est certes pas une lecture réjouissante ou consolatoire : il n’y a rien d’aimable dans ce récit, pas plus son héros que les autres personnages, et si l’issue n’en est pas tragique, elle n’a rien d’exaltant. Tout au plus dessine-t-elle un avenir possiblement apaisé. Au moment de la sortie du roman, j’avais lu des avis et des critiques soulignant à quel point le narrateur est peu aimable, voire franchement désagréable. Je ne partage pas cet avis. Il n’est pas « héroïsé », O. Adam ne cherche pas à en donner une image flatteuse, voilà tout. De fait, le roman m’a souvent touchée, il tape juste, et sans avoir grandi dans ces lisières, je partage un certain nombre de constats faits ici : certains considèrent que c’est du Bourdieu pour les nuls, moi j’ai aimé cette façon de porter un regard à la fois distancié et empathique sur les trajectoires sociales des personnages. Alors, certes, le roman n’a pas la force, à mes yeux, des récits d’Annie Ernaux (une des références d’Olivier Adam), mais Les lisières ne manque pas de force et déjoue habilement les pièges du pathos ou du didactisme.
Enfin, si je n’ai pas toujours été emballée par l’écriture (les énumérations, les litanies égrénées au long du roman), je dois reconnaître qu’Olivier Adam ne se laisse pas aller à se regarder écrire, et ça, c’est déjà énorme. Ni glauque, ni lyrique, ni dégoulinant de pathos, le récit se déroule, fluide, efficace. Je ne sais si je peux dire « j’ai passé un excellent moment », car Les lisières ne cherche pas à être aimable. Je ne sais pas non plus si trouver des échos de son propre questionnement est une raison suffisante pour dire « j’ai aimé ce roman ». Mais assurément, Les lisières est un roman fort, bien mené et écrit sans complaisance.

Pour qui ?
Pour ceux qui aiment les romans qui plongent les mains dans le social.

Le mot de la fin
Sans complaisance.

Olivier Adam, Les lisières, Flammarion, 2012. Disponible en J'ai lu.




mercredi 25 septembre 2013

La mystère de la chaussette orpheline et autres tracas du quotidien de Colombe Linotte


Il y a quelques semaines, dans la deuxième quinzaine d’août, j’ai découvert le blog de Colombe et Linotte, dont les brefs billets, chroniques cocasses du quotidien, m’ont fait hurler de rire. J’en aime beaucoup le ton, l’écriture, et puis je me retrouve dans un certain nombre de mésaventures… Bref, le blog a rejoint mes favoris et j’ai fait savoir par un commentaire à Colombe Linotte combien son blog me distrayait. J’ai peu de temps après reçu la proposition de recevoir Le mystère de la chaussette orpheline et autres tracas du quotidien, recueil de billets du blog paru en 2013 chez First Editions. J’ai tardé à le lire, opération oblige, mais la brièveté des billets recueillis a rendu la lecture possible et, voyez-vous (choix de verbe malheureux), je me suis régalée! La chaussette orpheline qui attend sagement sa douce moitié dans un coin de mon bureau peut en témoigner, on rit beaucoup aux aventures de la chaussette, de Luluchatigré, sans compter que je partage le combat de Colombe Linotte contre ces innombrables moutons de poussière qui surgissent sournoisement quand on les attend le moins. C’est drôle, jamais bas du plafond, très bien écrit, et j’envie à Colombe Linotte son humour.
Exemples:
“ – Mais pourquoi tu n’imprimes pas recto verso? ai-je demandé à mon collègue tatoué.
- Avec tout le pollen qu’ils me balancent, je me venge des arbres.”
Croyez bien que l’allergique que je suis compte bien la resservir, celle-là.

“Le Mâle a rempli le vieux fond de flacon de gel douche avec de l’eau pour donner naissance à un NOUVEAU gel douche surdilué non moussant. Il avait déjà frappé avec le Pouss’mousse, le spray pour les vitres et le liquide vaisselle. Mais je ne peux lui en vouloir, c’est comme ça qu’il a inventé le jus de pomme perpétuel.”
Bref, du concentré de bonne humeur et je suis cliente ! Merci à Colombe Linotte!

Colombe Linotte, Le mystère de la chaussette orpheline et autres tracas du quotidien, First Editions, 2013.

Et l’adresse du blog: http://colombelinotte.wordpress.com

lundi 23 septembre 2013

La vérité sur l'affaire Harry Quebert de Joël Dicker


Présentation
À New York, au printemps 2008, alors que l’Amérique bruisse des prémices de l’élection présidentielle, Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, est dans la tourmente : il est incapable d’écrire le nouveau roman qu’il doit remettre à son éditeur d’ici quelques mois. Le délai est près d’expirer quand soudain tout bascule pour lui : son ami et ancien professeur d’université, Harry Quebert, l’un des écrivains les plus respectés du pays, est rattrapé par son passé et se retrouve accusé d’avoir assassiné, en 1975, Nola Kellergan, une jeune fille de 15 ans, avec qui il aurait eu une liaison. Convaincu de l’innocence de Harry, Marcus abandonne tout pour se rendre dans le New Hampshire et mener son enquête. Il est rapidement dépassé par les événements : l’enquête s’enfonce et il fait l’objet de menaces. Pour innocenter Harry et sauver sa carrière d’écrivain, il doit absolument répondre à trois questions : Qui a tué Nola Kellergan ? Que s’est-il passé dans le New Hampshire à l’été 1975 ? Et comment écrit-on un roman à succès ? Sous ses airs de thriller à l’américaine, La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert est une réflexion sur l’Amérique, sur les travers de la société moderne, sur la littérature, sur la justice et sur les médias.

Mon avis
Ce best-seller attendait depuis des mois sur ma PAL. A l’annonce de mon opération, j’ai pris la précaution d’acquérir un livre audio, et je voulais un roman captivant mais pas lourd, pas glauque : un bon page turner, susceptible de retenir mon attention sans me déprimer.
Sur le roman lui-même, je suis assez partagée, et finalement pas si emballée que ça. Je commence par mes réserves. Disons-le tout net, je ne comprends pas l’engouement pour ce roman de facture assez classique (dans sa construction et surtout dans son écriture), qui n’est pas exempt de défauts à mes yeux, et qui n’a pas grand-chose à dire sur le monde. Je comprends (sans le partager) l’engouement pour Millenium, par exemple, mais là, je reste dubitative. Pourquoi ?
1) Rythme et construction
En terme de rythme, d’abord, je trouve que le roman se traîne un peu, en particulier dans la première moitié du roman, assez lente ; pour tout dire, en écoutant certains dialogues, j’avais l’impression que l’auteur étirait les choses, tirait un peu à la ligne, comme on disait jadis. Lenteurs, redites, tout cela me donnait l’impression que l’auteur voulait mettre les points sur les i jusqu’à la lourdeur. C’est une impression qui perdure jusqu’à la fin, quoique plus ponctuellement : mais j’avais parfois envie de crier à un personnage : « mais alors quoi ? tu n’as pas encore compris ? Il va falloir qu’on te le dise ?! » ; et oui, il fallait qu’on le lui dise… Damned !
Mais je dois reconnaître que la seconde moitié est bien plus rythmée et ménage enfin des rebondissements. Cependant, l’avalanche de retournements de situation m’a un peu fatiguée. Chaque personnage va être suspecté, cette valse des suspects, des hypothèses, avec finalement la possibilité la plus « inattendue » rappelle certains romans d’énigme ; mais ces retournements incessants rappellent aussi le thriller, et aussi malin que soit le roman, c’est un aspect « thriller » qui m’exaspère. Je n’y crois pas, ça m’agace (même Ne le dis à personne d’Harlan Coben m’a horripilée avec son retournement final), je ne suis pas cliente. Cela ne m’empêche pas de reconnaître que c’est bien fichu, mais ce n’est pas pour moi.

2) Keskidi ?
Ensuite, je trouve que le roman est dénué de tout propos. Vous me direz, un bon page turner n’a pas à bouleverser notre vision du monde. Peut-être. Mais ce n’est pas incompatible et j’attends d’un roman, même abordé comme un simple divertissement, qu’il ait un peu de profondeur, ce que je n’ai pas trouvé dans La vérité sur l’affaire Harry Quebert. Je dirais même que les discussions et réflexions sur l’écriture, ce qu’est un écrivain, m’ont semblé d’une platitude affligeante. Impossible de considérer Harry Québert comme un grand écrivain au vu des lignes qu’on nous inflige. La vie littéraire aussi me semble peinte avec une naïveté stupéfiante. Mais tout ça n’est pas bien grave. Au fond, ce qui m’a gênée le plus, c’est que les personnages n’ont pas d’épaisseur. L’auteur prend pourtant le temps de les développer, de les introduire : mais à mes yeux (si j’ose dire en ces temps de disette oculaire), ni Harry ni Marcus n’ont d’intérêt, et je trouve que leurs dialogues sonnent souvent faux ou creux. Mais ce n’est rien à côté des personnages féminins, que je trouve consternants. Il y a les jeunes filles, jeunes femmes, espèces de ravies de la crèche rêvant du grand amour. Jenny n’est guère sympathique, et Nola, avant les ultimes rebondissements, n’est qu’une jeune fille qui ne cherche qu’à vivre dans l’ombre de son grand homme. Ce que nous apprenons d’elle dans la seconde moitié du roman n’a pas suffi à en faire un personnage intéressant à mes yeux. Par conséquent, entre jeune écrivain sans épaisseur et jeune fille en fleurs évanescente et border line, l’histoire d’amour m’a semblé inconsistante, pour ne pas dire ridicule. La première rencontre sur la plage, avec Nola en train de danser sous la pluie, au secours ! Et que tout cela est chaste, dépourvu de tension sexuelle… Très franchement, cela m’a gênée. Et je ne parle pas des personnages de mères, absolument détestables, qu’il s’agisse de la mère de Jenny ou de celle de notre écrivain. Bref, je trouve la vision des femmes affligeante.
Une fois les réserves énoncées, que puis-je dire de positif ? Joël Dicker a un beau talent d’architecte. Malgré les longueurs, le roman se déploie dans une construction très maîtrisée, complexe, qui n’égare jamais le lecteur. Les rebondissements qui émaillent le récit ne surgissent pas de nulle part, ils sont bien amenés et motivés. Cela fait de La vérité sur l’affaire Harry Quebert un polar très plaisant à lire. Il a parfaitement tenu ses promesses quand j’avais bien besoin d’être distraite, divertie : rien de plus, mais rien de moins.
Pour ce qui est du livre audio, outre le fait qu’il m’a sauvée de l’ennui à plusieurs moments, j’ai trouvé l’expérience plaisante. Thibault de Montalembert fait une lecture vivante mais sans théâtralité excessive, il met son talent de comédien au service du récit, rend les dialogues avec clarté. Moi qui n’aime pas qu’on me fasse la lecture à haute voix, j’ai passé un bon moment.


Pour qui ?
Pour ceux qui voudraient voir à quoi ressemble le succès de 2012-2013.

Le mot de la fin
Divertissant.


Joël Dicker, La vérité sur l’affaire Harry Quebert, Editions de Fallois, 2012. Ecouté en livre audio (Audible).