Présentation éditeur
Ils sont dix, viennent des quatre coins des États-Unis, et partagent le même but : gagner trois millions de dollars. Le bêtatest « Objectif Zéro », imaginé par initiative Fusion, tient en une ligne. Les participants ont deux heures pour disparaître des radars. Si, au bout de trente jours, ils ne sont toujours pas repérés, ils remportent la coquette somme.Relativement facile ? C’est sans compter les agents de Fusion, une des entreprises les plus innovantes et puissantes au monde, qui sont lancés à leurs trousses. Drones, algorithmes prédictifs, capteurs de reconnaissance faciale et de mouvement… Fusion est sûre de débusquer tous les participants et de recevoir ainsi l’aval de la CIA pour lancer une application révolutionnaire de surveillance des citoyens. Mais une jeune femme sous-estimée par les algorithmes va leur donner du fil à retordre.
Ce que j'en pense
A priori, Objectif Zéro n'a rien pour me plaire : il relève du techno-thriller et ce n'est pas ce que je préfère. Mais je l'ai reçu en service presse, et même si je ne l'avais nullement demandé, j'ai fini par l'ouvrir, parce que j'avais envie d'un page-turner. Et franchement, Anthony McCarten ne manque pas de talent, de savoir-faire. Il sait piquer la curiosité du lecteur, et dans des chapitres courts, alternent les points de vue des chasseurs et des proies avec habileté et un brin d'humour.
Je suis donc arrivée à un peu plus de la moitié du roman sans m'en rendre compte, bien accrochée, et assez épatée par la capacité de l'auteur à faire exister les personnages, y compris ceux des fugitifs qui tombent plus ou moins rapidement. McCarten a un joli talent pour donner de la chair à ses protagonistes.
Mais il faut bien le reconnaître, jusque là, tout en trouvant ma lecture fort plaisante, j'aurais pu l'interrompre sans me sentir frustrée. Et puis il y a un plot-twist. Oh! pas un de ces retournements comme je les exècre, dans ce que je considère comme de mauvais thrillers. Non, un truc que je n'avais pas vu venir, mais alors pas du tout, et qui m'a empêchée de lâcher le roman ensuite. Jusque là c'était du beau travail, mais à partir de ce coup de théâtre, le roman prend une autre dimension.
L'interrogation du roman (quel prix est-on prêts à payer pour préserver notre sécurité?) se fait plus subtile mais aussi plus aigüe, et insuffle assez de noirceur au récit et à son dénouement pour contrebalancer l'effet thriller, avec ses aspects idéologiques parfois un peu rances.
Je me demandais comment l'auteur allait se dépêtrer de la mécanique qu'il avait enclenchée, comment il allait éviter le simplisme que d'autres auraient adopté sans hésiter pour livrer une fin propre et rassurante. Et il s'en tire très bien, sans manichéisme, sans angélisme, sans naïveté, avec une porte entrouverte sur juste ce qu'il faut d'espoir.
McCarten est presque un vieux routier au vu de son pedigree : même s'il vit à Londres et Los Angeles, d'après sa fiche Wikipédia en tout cas, le fait qu'il soit néo-zélandais n'est pas anodin. Comprenez qu'il n'est pas américain, et je crois que ça fait une différence.
Anthony McCarten, Objectif Zéro (Going Zero), Denoël, Sueurs froides, 2023. Traduit de l'anglais (Nouvelle Zélande) par Frédéric Brument.