Présentation
Fantômas terrifie le Paris de la Belle Epoque, il est l’insaisissable
aux mille visages… Pourtant, un policier, Juve, va mettre la main sur ce
terrible criminel et, tandis que l’on porte ses méfaits sur la scène d’un
théâtre parisien, le génie du crime est mené à l’échafaud… Mais est-il vraiment
mort ? La vengeance de Fantômas sera terrible…
Voir la présentation de La colère de Fantômas sur le site de l’éditeur,
ici.
Mon avis
Je ne connais que très peu l’univers de Fantômas - je parle ici des
récits écrits par Souvestre et Allain. J’en ai surtout entendu parler et par
conséquent, il m’est difficile de juger de l’adéquation de La colère de Fantômas à l’univers originel. Cela ne m’a pas
empêchée d’être emballée par ce premier volume d’une trilogie consacrée au
terrifiant Fantômas…
Nous sommes dans le Paris de la Belle-Epoque à l’ouverture de
l’album: Fantômas poursuit une femme qui confie en toute hâte son enfant
à un policier. Le policier se nomme Juve et l’enfant deviendra Fandor…
évidemment! Quelques années plus tard, Juve se félicite de l’arrestation
du terrible criminel, qui va bientôt passer sous les bois de justice, id.
l’échafaud. Paris retient son souffle… J’ai été captivée immédiatement par
l’histoire, le scénario parvient à la fois à poser l’univers de Fantômas et à
jeter personnages et lecteurs dans l’action, dès la première planche. Pas
évident d’être aussi clair et efficace avec un tel univers romanesque, et
pourtant, je trouve qu’Olivier Bocquet y parvient avec une aisance remarquable
(c’est son premier scénario de BD!). J’ai hâte de connaître la suite, Les Bois de justice étant le premier
volume d’une trilogie.
Par ailleurs, j’ai été très séduite par le dessin de Julie Rocheleau,
dont le pinceau délicat rend justice à cet univers. J’ai beaucoup aimé la
stylisation des personnages, qu’il s’agisse du « plastique » Fantômas
dont nul ne connaît le vrai visage ou des autres protagonistes, de Juve à
Fandor en passant par les personnages féminins, tout en dentelle (et je ne
parle pas spécialement de leurs vêtements!). Son travail sur les couleurs
et les volumes donne toute sa place à un Paris inquiétant et poétique tout à la
fois, avec des masses sombres et noires qui contrastent avec des masses de
couleurs chaudes. J’ai apprécié cette stylisation poétique du dessin (proche de
l’illustration, sans sacrifier au dynamisme de la narration graphique), parce
que trop souvent, dans les adaptations de classiques de la littérature
populaire, on trouve un dessin réaliste qui entend restituer avec précision une
époque et qui écrase l’originalité de l’univers romanesque.
Bref, je pense que La colère de Fantômas peut séduire à la fois les
amateurs de Fantômas et les autres : c’est tout simplement un très bel
album.
J’ajoute que La colère de Fantômas m’a donné envie de lire les romans
de Souvestre et Allain et en surfant sur la toile, j’ai vu que, centenaire
oblige, l’actualité du terrible criminel est riche : je suis tombée
sur cette jolie exposition virtuelle, la collection Bouquins de Robert Laffont
va sortir un volume contenant les premiers Fantômas (cela s’ajoutera aux trois
volumes disponibles), Les Prairies Ordinaires va publier un essai signé Loïc Artiaga et Matthieu Letourneux en avril 2013, et un film serait en préparation (ceci dit, il
est annoncé depuis 2003…).
Pour qui ?
Pour les amateurs de Fantômas et pour tous ceux qui aiment les beaux
albums relatant des histoires sombres…
Le mot de la fin
Noir et poétique.
Olivier Bocquet (scénario) et Julie Rocheleau (dessins et couleurs), La colère de Fantômas 1: Les bois de justice, Dargaud, 2013.