vendredi 27 février 2015

Du polar YA : L'île de Nera d'E. George et Black Ice de B. Fitzpatrick




Un peu de polar YA, aujourd’hui. 

J’ai lu en me barbant un peu Black Ice de Becca Fitzpatrick. C’est du thriller pourtant efficace: deux jeunes filles vont passer quelques jours dans un chalet de montagne pour faire une randonnée. Elles doivent retrouver sur place le petit ami de l’une et un autre garçon, son frère, qui n’est autre que l’ex-petit ami de l’autre jeune fille, narratrice de l’histoire (vous me suivez?). En route, elles sont prises dans une violente tempête de neige qui les oblige à abandonner la voiture et à essayer de trouver refuge dans une habitation des environs: elles vont frapper à la porte d’une maison dans laquelle les accueillent deux jeunes hommes au comportement étrange. Le refuge tourne au cauchemar. Bon, on retrouve tous les ingrédients d’un bon thriller, je suppose, les êtres ne sont pas ce qu’on croit qu’ils sont, un gros vilain twist, et puis un autre, des frissons, de la tension, et un relatif happy end. En soi, c’est bien mené, mais je me suis heurtée à mes vieilles réticences face à ce genre de thriller, dont l’intrigue est à la fois tirée par les cheveux et très prévisible. Donc je me suis ennuyée assez vite. Et puis l’auteure mêle à l’intrigue du thriller une intrigue sentimentale, tout aussi échevelée et prévisible, donc double effet « je m’ennuie ». 
Cependant, c’est un assez bon thriller pour ados, jamais glauque (quoique, l’histoire d’amour…), angoissant sans être gore, c’est maîtrisé et sans doute très haletant et prenant pour de jeunes lecteurs (lectrices?) qui ne connaissent pas encore tr!s bien les règles du thriller. Les autres passeront leur chemin. 

J’ai par ailleurs retrouvé avec plaisir Becca King, la jeune héroïne du polar Young Adult signé Elizabeth George, dans L’île de Nera, qui fait suite à Saratoga Woods. Je n’avais plus les détails du tome 1 en tête mais j’étais contente de retrouver les personnages, car notre vieille routière du polar s’y entend pour faire exister ses personnages. Ces ados sont tous sympathiques et irritants à la fois, je les ai suivis avec enthousiasme et sans m’ennuyer. L’intrigue tourne toujours autour du mystère Becca, mais aussi autour du phoque noir Nera, qui ne ressemble à aucun autre et vient chaque année près de l’île à la même période. Cela excite la curiosité d’une jeune chercheuse fraîchement débarquée, cela réveille aussi les vieux cauchemars des habitants de l’île. Il y a des secrets dans l’air… L’intrigue est très polar, et pourtant le dénouement bascule clairement dans le surnaturel, mais sans que ce soit artificiel. Et comme le mystère Becca subsiste, on attend le tome 3: moi je l’attends en tout cas, non sans impatience, qui l’eût cru? 

Bref, Elizabeth George, victoire par KO!

Fitzpatrick Becca, Black Ice (Black Ice), MSK, 2015. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marie Cambolien. Publication originale: 2014. Disponible en ebook.

George Elizabeth, L’île de Nera (The Edge of Nowhere 2), Presses de la Cité, 2013. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Alice Delarbre. Publication originale: 2013. Disponible en ebook.

Petites coupures à Shioguni de Florent Chavouet


Présentation (éditeur)
Kenji avait emprunté de l'argent à des gens qui n'étaient pas une banque pour ouvrir un restaurant qui n'avait pas de clients. Forcément quand les prêteurs sont revenus, c'était pas pour goûter les plats.

Ce que j’en ai pensé
J’avais très envie de découvrir cette bande dessinée, ce roman graphique de Florent Chavouet, qui passait pour la première fois à une oeuvre de pure fiction narrative. L’objet est somptueux, il faut saluer le travail des éditions Picquier: le livre est un peu cher mais le prix se voit, si je puis dire. 
Je vais tout de suite évoquer ce qui n’a pas fonctionné pour moi, car cette lecture n’est malheureusement pas un coup de coeur. J’ai lu sans déplaisir cette oeuvre mais je n’ai ressenti aucune émotion. Pour moi, c’est un objet ludique et cérébral, expérimental par certains aspects, mais je reste sur le bord, dénuée de toute émotion de lectrice. Or les deux dimensions ne sont pas toujours séparées, je peux être émue par une oeuvre formelle exigeante. Ici, rien.
Malgré tout, je ne peux que saluer le talent de Chavouet: c’est graphiquement remarquable,  narrativement diabolique d’intelligence et de maîtrise. Il explose les codes de la narration graphique et livre une oeuvre mosaïque qui compose une histoire complexe et savamment structurée. Chaque choix est cohérent, intelligent. 
S’il y en a parmi vous qui ont lu Petites coupures à Shioguni, j’aimerais bien savoir ce que vous en avez pensé. 

Florent Chavouet, Petites coupures à Shioguni, Philippe Picquier, 2014. 

Prix Fauve du Polar à Angoulême 2015. 

mercredi 25 février 2015

Les initiés de Thomas Bronnec


Présentation
Quelques années après la chute de Lehman Brothers, alors que le monde politique voit enfin la sortie de crise à l’horizon, le Crédit parisien est sur le point de sombrer. La plus grande banque française a besoin d’un plan de sauvetage en urgence mais la ministre de l’Économie, au sommet des sondages, symbole de la gauche revenue aux affaires, entend tout faire pour que Bercy ne mette pas sur pied un plan similaire à celui de 2008 lors de la crise des Subprimes. 
Au milieu du champ de bataille, s’opposent pouvoirs publics et monde de la finance.

Ce que j’en pense
Voilà de la belle ouvrage. J’ai souvent pensé à Margin Call en lisant Les Initiés: non qu’il soit vraiment question des mêmes choses et bien sûr, le contexte est tout à fait différent (du moins géographiquement), mais tout de même, il y a des points communs. Le monde de la finance, ici au niveau de l’état, dans toutes ses collusions, compromissions, complicités avec le monde de la banque ; le côté huis-clos, certes beaucoup moins que dans Margin Call, mais c’est tout de même l’impression que j’en retiens, avec le paquebot Bercy ; des personnages qui naviguent entre inconscience totale des conséquences de leurs actes et cynisme absolu, pris dans les rets d'une corruption qui ne se voit même pas comme telle. 
Il n’y a rien - pour autant que je puisse en juger - de manichéen ou de simpliste dans la peinture de Thomas Bronnec: de la nuance, de la finesse, plutôt. C’est d’autant plus glaçant. C’est que les personnages, y compris le banquier, croient vraiment qu’ils mettent leurs compétences au service de l’état et des citoyens. Les élites -politiques ou technocrates, qui se confondent souvent - tournent en orbite dans leur univers d'argent et de chiffres, et ils érigent leurs choix idéologiques en dogme intangible, broyant ceux qui se refusent à y adhérer (la ministre, les deux jeunes mortes) et ralliant au dogme les autres. C’est que c’est un milieu hautement incestueux, qui se reproduit incessamment. Au-delà d’une idéologie dominante, la charge est selon moi dirigée contre l’ENA, machine à fabriquer des élites prêtes-à-penser, ou plutôt à ne pas penser: un beau gaspillage d’intelligences et de compétences. Tous ces gens cultivent l’entre-soi, et gare à qui ne vient pas du sérail: ce sont les initiés. Ils se sentent aussi initiés parce qu'ils croient savoir et comprendre ce que les "autres" ignorent, ne perçoivent pas, pris qu'ils sont à leurs yeux dans des positions idéologiques stupides et hors d'âge. Cela leur confère une morgue inouïe, car ces initiés sont inconscients de leur adhésion à une idéologie et convaincus de leur supérieure clairvoyance.
Littérairement, c’est impeccable: une écriture sobre, efficace, une construction remarquablement maîtrisée, une dimension didactique toujours habile et accessible. Thomas Bronnec maîtrise parfaitement son sujet et il sait le rendre clair et diablement romanesque. C’est de l’excellent roman noir, tragique, politique, glaçant. A lire absolument!


Thomas Bronnec, Les initiés, Série Noire, 2015. Disponible en ebook. 

lundi 23 février 2015

La bit-lit du mois (Patricia Briggs, Cécilia Correia, MaryJanice Davidson, Alice Scarling)





L'image vient du blog de Emm, par ici


Et me revoici avec de la bit-lit… 
Un coup de coeur, une lecture pas tout à fait pour moi, une relecture et un abandon : voici pour les quatre lectures bit-lit du mois. 
Je commence par l’abandon, deuxième du mois, donc, après le Stephen King. Je ne sais plus comment je suis tombée sur ce titre français, paru chez un éditeur que je connais peu (euphémisme): Les aventures d’Aliette Renoir, tome 1: La secte d’Abaddon, de Cecilia Correia. L’argument me semblait sympathique: une chasseuse de vampires transformée elle-même en vampire, le tout sous l’Occupation à Paris, voilà qui promettait de l’originalité. 
Malheureusement, pour moi, ça ne fonctionne pas. L’auteure ne fait pas grand-chose de ce contexte pourtant prometteur. On croise bien quelques nazis - à qui il arrive quelques bricoles - mais sur la première moitié du roman, ça reste du saupoudrage, et ça pourrait somme toute se passer à n’importe quelle époque. Par ailleurs, les relations entre les personnages sont trop stéréotypées à mon goût et l’héroïne, qui avait tout pour être sympathique, est une tête à claques que je n’ai pu supporter tout au long du roman. Je trouve que le mélange qu’elle offre entre audace gouailleuse (la Parisienne à la langue bien pendue) et innocence de novice n’est pas très cohérent, ou du moins l’auteure ne parvient pas à en faire un personnage cohérent. Ses relations avec les séduisants vampires sont inconsistantes car vues dix mille fois. 
J’ai arrêté ma lecture à mi-parcours, et contrairement à ce que j’ai fait pour le King, je n’ai même pas eu envie d’aller voir la fin. Dommage car Cecilia Correia a une qualité: son écriture. Elle écrit fort bien. 

Autre Française: Alice Scarling, avec Requiem pour Sascha, premier volume de Lacrimosa, chez Milady. Ce n’est pas un coup de coeur et je ne suis pas certaine de lire les autres volumes, mais je le regrette. Qu’est-ce qui cloche? Pas le livre, mais moi en tant que cible. 
Curieusement, je me sens trop vieille pour cette lecture et même si je ne saurais expliquer pourquoi, c’est mon ressenti. L’histoire est solide, l’héroïne bien campée et attachante, et j’ai aimé aussi les références à une culture métal et gothique. Je ne suis pas totalement convaincue par le héros, trop angélique à mon goût (j’me comprends). Alice Scarling écrit bien. Bref, c’est une lecture très recommandable, mais pas tout à fait pour moi. 

Cela faisait un moment que je me promettais de remettre le nez dans la série de MaryJanice Davidson, Queen Betsy, dont j’avais lu le premier volume, Vampire et célibataire. J’avais gardé le souvenir d’une lecture plaisante, à la drôlerie certaine mais parfois un peu forcée, et le fait est que je n’avais pas poursuivi. Mais j’étais alors novice en bit-lit, j’ai par conséquent eu envie de relire ce premier tome pour voir si j’accrochais davantage. Oui et non. 
Oui, parce que j’ai davantage ri que la première fois, les dialogues et les situations sont souvent irrésistibles. Non parce que j’ai trouvé une fois de plus l’humour omniprésent au point d’en être forcé, sans contrepoint émotionnel comme chez Darynda Jones, par exemple. Je pense toutefois que je me laisserai tenter par un deuxième tome, histoire de voir. 

Enfin, mon coup de coeur : L’appel de la lune, premier volume de la série consacrée à Mercy Thompson par Patricia Briggs. 
Je ne suis pas aussi enthousiaste que pour la série de Darynda Jones, car l’humour y est moins « barré », mais tout de même, c’est un grand plaisir de lecture. J’ai tout de suite aimé l’héroïne, qui possède son propre garage et est une fondue de mécanique. Elle se transforme en coyote, et c’est bête, hein, mais ça change… J’adore les vampires et les loups-garous qui l’entourent, et l’intrigue m’a tout de suite accrochée. Je suis ravie de cette découverte, et j’ai même commandé le premier volume du comics qui en a été adapté (je l’attends). 

Briggs Patricia, L’appel de la lune (Blood Bound), Milady, 2009. Traduit de l’anglais (Etast-Unis) par Lorène Lenoir. Publication originale: 2007.
Correia Cécilia, Les aventures d’Aliette Renoir Tome 1: La secte d’Abaddon, Rebelle, 2012.
Davidson MaryJanice, Vampire et célibataire (Undead and Unwed), Milady, 2011. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Cécile Tasson. Publication originale: 2004. 
Scarling Alice, Lacrimosa Tome 1: Requiem pour Sascha, Milady, 2014.

Tous ces livres sont disponibles en ebook. Celui des éditions Rebelle est émaillé de nombreuses fautes de langue…

jeudi 19 février 2015

L'abandon n°1 du mois:Mr Mercedes de Stephen King


Présentation (éditeur)
Midwest 2009. Un salon de l'emploi. Dans l’aube glacée, des centaines de chômeurs en quête d’un job font la queue. Soudain, une Mercedes rugissante fonce sur la foule, laissant dans son sillage huit morts et quinze blessés. Le chauffard, lui, s’est évanoui dans la brume avec sa voiture, sans laisser de traces. 
Un an plus tard. Bill Hodges, un flic à la retraite, reste obsédé par le massacre. Une lettre du tueur à la Mercedes va le sortir de la dépression et de l’ennui qui le guettent, le précipitant dans un redoutable jeu du chat et de la souris.

Ce que j’en pense
J’ai eu l’occasion de lire le tout dernier Stephen King, Mr Mercedes. C’est un auteur que je ne connais pas vraiment, sinon à travers des nouvelles, lues il y a vingt ans, et que j’avais trouvées très intéressantes. D’autres romans m’ont tentée ces dernières années, mais il semble que j’aie fait le mauvais choix. Il faut dire que j’étais alléchée par la perspective d’une intrigue qui démarrait fort, par le parrainage choisi (James M. Cain), par le genre auquel King se frottait, le polar. 
De fait, ça démarre très bien, j’ai adoré le premier chapitre, saisissant, bouleversant, stupéfiant. 
J’ai apprécié aussi le personnage de Hodges: à défaut d’être original, il a très rapidement une vraie épaisseur, c’est un personnage dont je me dis « j’aimerais connaître un gars comme lui ». D’autres personnages valent le détour, notamment Jerome. 
Oui mais voilà. Dès le deuxième chapitre, cette histoire de tueur qui écrit au flic à la retraite en le mettant en quelque sorte au défi, ça me fatigue. Combien d’histoires reposent ainsi sur le duel entre le criminel malin et le flic obstiné? Alors bien sûr, chez King, le crescendo ne manque pas d’efficacité, le criminel est tout bonnement terrifiant. Mais ça ne m’intéresse pas. Alors que le roman passionne certainement la plupart des lecteurs, alors qu’il devrait me sembler haletant, il m’assomme, m’ennuie, me barbe. 

Et j’ai jeté l’éponge, non sans être allée lire les vingt dernières pages. Ne vous inquiétez pas, je ne vais pas spoiler: mais tout ce que j’attendais en matière de dénouement est bien là, jusqu’à la dernière ligne. Quelle fatigue! J’ai eu raison de prendre le raccourci. 

Alors, si vous êtes fan de Stephen King, allez-y, il y a du savoir-faire. Si vous aimez le thriller sans être très habitué à en lire, allez-y aussi, Monsieur Mercedes vous comblera certainement. 
Les autres, faites comme moi, passez votre chemin. 

Remarque: Mr Mercedes est le premier volume d’une trilogie qui sera consacrée à Bill Hodges. Le deuxième volume est attendu aux Etats-Unis en juin 2015.


Stephen King, Mr Mercedes (Mr Mercedes), Albin Michel, 2015. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Océane Bies et Nadine Gassie. Publication originale: 2014. Disponible en ebook.

mardi 17 février 2015

Les livres et moi : ma manie des questionnaires

Image prise ici

Allez zou, un petit questionnaire, que vous pouvez reprendre à l'envi. Que voulez-vous, ça m'amuse et parfois même, ça me fait réfléchir (non? si!).

1.Votre héros dans la fiction
Batman! Oui je sais qu’il est un grand traumatisé de la vie, limite psychopathe, mais nom de Zeus, j’aimerais bien qu’il soit à mes côtés de temps en temps, juste histoire de botter le train à quelques importuns. Et puis je ferais bien un tour en batmobile…

2.Le livre que vous ne vous lassez pas de relire
Je ne vais étonner personne: Quartier perdu de Patrick Modiano. La magie opère toujours, chaque relecture me bouleverse, m’enchante, m’apaise. Il faut que je trouve le bon moment pour le relire, un peu comme si le moment appelait pour moi une nouvelle immersion dans Quartier perdu. C’est en tout cas le roman qui m’accompagne depuis mon adolescence.

3.Le livre que vous n’avez jamais rendu
Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq. Disons-le carrément, je l’ai emprunté en ayant la claire intention de le garder: bref, considérez que je l’ai volé. J’avais 15 ans, et ce fieffé Julien Gracq, avec son refus élitiste d’être publié en poche, n’avait pas songé un seul instant qu’à 15 ans, je n’avais pas l’argent d’un grand format, sachant que je lisais déjà énormément. Aux grands maux les grands moyens! J’ai toujours cet exemplaire, super moche d’ailleurs. J’ai à l’époque beaucoup aimé ce livre (encore que je me demande ce que je n’aimais pas lire…) mais ensuite, Julien Gracq est devenu, dans mes études de lettres, de la chair à dissertations et à commentaires, ce qui a un peu gâché le plaisir.

4.Le livre que vous aimeriez avoir écrit
Hum, voilà qui est difficile. Il faut que je réfléchisse un peu, je reviens…

5.Le livre qui vous a fait pleurer
J’ai le souvenir très précis des larmes versées lors de ma première lecture de Jane Eyre; j’avais 13 ans, c’était un dimanche gris à la campagne, j’avais traîné mon livre partout (je n’ai nul souvenir du volume, qui n’était pas à moi, je crois*), dehors lors d’une promenade dominicale comme je les détestais, chez des amis de mes parents, à qui nous avions rendu visite**… Quand Jane perd son amie, au début, j’ai commencé à pleurer, c’était irrépressible. J’ai relu Jane Eyre depuis, et j’aime beaucoup, mais je n’ai jamais retrouvé cette émotion. 

* je l’ai rendu, celui-là, ne vous inquiétez pas.
** oui, déjà, je ne faisais aucun effort pour être sociable. 

6.Le livre qui vous a fait hurler de rire
Aïe, deux ex-aequo. 
L’arbre à bouteilles de Joe Lansdale. Je n’en attendais rien, une collègue m’avait prêté le roman et je n’avais jamais entendu parler de l’auteur. La surprise fut totale et je suis depuis une inconditionnelle des aventures de Hap et Leonard. C’était un rire jubilatoire, méchant juste ce qu’il faut. J’ai aussi le souvenir d’avoir énormément ri (sans crainte du ridicule en public) en lisant Triggerfish Twist de Tim Dorsey. Les épiceries de nuit qui ressemblent à des bals de zombies, l’allusion hilarante au film Ishtar (il faut avoir été jeune dans les années 1980 pour comprendre)… 

7.La série (de romans) qui vous a rendu accro
J’adore lire des séries, donc c’est difficile de répondre… Mais je crois tout de même que les Stephanie Plum de Janet Evanovich m’ont procuré tous les signes de l’addiction. Je me réjouis d’ailleurs que Pocket en reprenne et en poursuive la publication en français, même s’ils ont la politique lamentable de prix numérique que j’ai déjà évoquée. Le sevrage avait été rude.

8.La ville ou le pays qu’un livre vous a donné envie de découvrir
Il y a fort longtemps, Les amants du Tage de Joseph Kessel m’a fait rêver de Lisbonne. J’ai presque tout oublié du roman et j’ai depuis découvert la ville, magnifique, conforme à mes rêves.

9.Le livre que vous avez découvert à l’occasion d’un voyage (en relation avec le lieu découvert)
Le Livre de San Michele d’Axel Munthe. Lors d’un voyage en Italie il y a bien des années, j’ai découvert Capri, dont j’attendais le pire, et qui m’a enchantée. J’y ai visité la villa d’Axel Munthe, lieu magique et havre de paix au milieu de Capri (sauf quand une horde de touristes malpolis fraîchement débarqués d’un bateau Costa envahit la villa sans lui accorder la moindre attention). Axel Munthe, médecin viennois, a contribué à la découverte de l’île par les riches Allemands et Autrichiens, et il y a fait construire une villa déconcertante d’austérité, qui donne pourtant envie de s’y installer pour le reste de sa vie. J’ai voulu retrouver un peu de cette magie dans Le Livre de San Michele

10.Le titre de livre que vous aimeriez avoir trouvé
Les Quatre coins de la nuit (de Craig Holden): ma saisie du titre est sans doute liée à la lecture de ce roman magnifique, mais de fait, je le trouve somptueux, déchirant, énigmatique, beau, tout simplement.

11.Le livre que vous aimeriez voir adapté au cinéma
A 15 ans, j’ai adoré L’aventureuse, de Jack London, formidable roman d’amour et d’aventures. J’ai toujours trouvé que ça ferait un film formidable, romanesque à souhait. Il se peut qu’il ait déjà été adapté et que je n’en sache rien. Il faudrait d’ailleurs que je relise ce roman, un de mes premiers coups de foudre romanesque: je veux dire que je suis tombée amoureuse du héros!

12.La couverture de livre la plus moche du monde selon vous
J’ai l’embarras du choix, non? Te succomber de J. Wilder m’afflige par son mélange de niaiserie et de pseudo-érotisme. C’est d’ailleurs le grand retour de ce genre de couvertures dans la littérature pour femmes ou même pour adolescentes. C’est moche et limite embarrassant pour la gente féminine. 

13.Le titre en traduction le plus consternant
Alice et les faux-monnayeurs me vient tout de suite en tête, je l’ai parcouru l’an dernier par curiosité (les aventures d’Alice m’ont passionnée quand j’étais enfant). Le titre original est The Mystery of Red Gate Farm, quelque chose comme ça. Le titre français est un énorme spoiler, puisque l’énigme tourne autour de la découverte de faux-monnayeurs!!! On se demande comment il est possible de faire une idiotie pareille… Sinon, Docteur Sleep (Doctor Sleep) n'est pas mal non plus, dans un autre genre... Les gars, soit vous traduisez tout, soit vous ne traduisez rien. Mais moi du coup, j'entends "Docteur Slip". 

14.Le livre qui vous endort systématiquement (que ce soit une bonne chose ou non)
L’homme sans qualités de R. Musil. Jamais pu le lire, ça m’ennuie au point que je peux m’endormir au bout de quelques pages. J’ai essayé plusieurs fois car on m’avait dit, étudiante, que si j’aimais Proust, j’aimerais Musil. Ben euh… non. Enfin, puis-je dire que je n’aime pas? Je n’en sais rien, je m’endors avant d’avoir pu me faire un avis. 

15.Le livre dont le dénouement vous a rendu perplexe
Shutter Island de Dennis Lehane. Je le connaissais et l’adorais pour sa série des Kenzie et Gennaro, j’avais été bouleversée aussi par Mystic River et j’entrais donc dans Shutter Island en m’attendant à du noir de chez noir. En refermant le livre, j’étais stupéfaite: avais-je compris? Qu’avais-je compris, d’ailleurs? Je me souviens de mails échangés avec N. à ce sujet, et de longs coups de fil à Stéphanie : « tu as compris quoi, toi? »



4.Le livre que vous aimeriez avoir écrit (le retour)

Je pourrais me dérober en disant : tous ceux que j’ai aimés. Mais puisqu’il faut jouer le jeu, je dirais Dans la brume électrique avec les morts confédérés de James Lee Burke. Je l’ai lu plusieurs fois et je sors de chaque lecture bouleversée. 

dimanche 15 février 2015

L'oeil de la nuit T01 Ami du mystère par Lehman et Gess


Présentation (éditeur)
Le destin ultime du héros, c'est de mourir et puis de revenir, transfiguré. En ce printemps 1911, c'est ce qui attend Théo Sinclair. Dernier héritier d'une grande famille française, passionné de science mais de santé fragile, Théo va être entraîné sur les routes de l'aventure par une femme fatale anarchiste, un télépathe hindou, un savant fou suisse... Il va devenir l'OEil de la Nuit.

Ce que j’en pense
Ah! cela faisait des mois que j’attendais la sortie de cet album, prévue initialement pour l’automne 2014 puis repoussée. Je garde un souvenir très fort de La Brigade chimérique, que je vous recommande vivement si vous ne l’avez pas lu. Je me réjouissais donc que Gess et Lehman redonnent vie à ce héros un peu oublié, le Nyctalope, alias Léo Saint Clair, considéré comme certains comme le premier super-héros. Il est né sous la plume de Jean de La Hire et a connu un grand succès à partir des années 1910. Il devient ici Théo Saint Clair, car Lehman ne propose pas une adaptation mais une relecture et une réappropriation .
On avait déjà aperçu le personnage du Nyctalope dans La Brigade chimérique, mais il est le héros de cette nouvelle série. Je ne sais pour le moment si cette bande dessinée aura autant de force que La Brigade chimérique, dont le dernier tome m’avait laissée bouche bée, ou si Gess et Lehman souhaitent avant tout rendre un hommage à Jean de La Hire et à la littérature populaire du début du 20è siècle. Il y a du potentiel, en tout cas, et ce premier tome m’a enchantée. 
Le scénario est clair, fluide, plein de rebondissements et le dessin somptueux. Les références à la littérature populaire, au roman-feuilleton, sont nombreuses sans étouffer le récit. Arsène Lupin n’est pas loin, et les auteurs reprennent ce truc qui consiste à mêler réel et fiction, en convoquant les grandes figures de la littérature populaire et leurs créateurs, tous existant, évidemment. 
On songe aussi à l’univers des comics, évidemment, par la manière de mener le récit mais aussi par le dessin. Le héros est riche de nuances, et promet beaucoup au lecteur du 21è siècle, habitué aux super-héros sombres, torturés parfois. Il a déjà, je trouve, une force mélancolique qui est de bon augure… 
Bref, ça foisonne, c’est riche, c’est beau, c’est palpitant de rebondissements: j’en redemande!

Pour voir quelques planches, allez sur le site de Delcourt, par ici!

Lehman (scénario), Gess (dessin), Delf (couleurs), L’oeil de la nuit, T01: Ami du mystère, Delcourt, 2015.


samedi 14 février 2015

And gently drops the rain...

Image prise ici

Il fait un temps épouvantable, pluie battante, rafales de vent (par moments) et ciel gris... Un temps à rester pelotonné au chaud avec un bon café/thé, de la bonne musique et de bons livres... 

Bon week-end!

Ci-dessous, Carlos Cipa, And Gently Drops the Rain (Album: All Your Life You Walk, Denovali Recors, 2014)

vendredi 13 février 2015

Guilty Pleasures: un coming-out littéraire!



Image empruntée ici




Un extrait de la couverture du tome 1 du Livre perdu des sortilèges par Deborah Harkness
Ah, la bit-lit et moi… Je l’ai dit ici, si l’on m’avait dit, il y a cinq ans de ça, que je me régalerais à lire de la bit-lit, je me serais esclaffée et je me serais dit : « moi, jamais! » Outre que j’avais en horreur l’idée d’une littérature trop ouvertement axée sur une stratégie marketing sexuée, j’avais en tête, comme exemple du genre, la saga vampirique de Stephenie Meyer. Je l’ai dit et redit, ses romans me consternent pour ce qu’ils offrent de stéréotypes sexués, et j’exècre particulièrement Bella. Je n’ai rien contre le fait qu’on aime cette oeuvre, mais ce n’est pas pour moi. 
Un extrait de la couverture de Sans Ame de Gail Carriger

Et puis il y a eu Gail Carriger et son Protectorat de l’ombrelle; et puis il y a eu Charley Davidson, la série de Darynda Jones; et puis il y a eu la trilogie de Deborah Harkness. Je me suis rendu compte que j’avais plaisir à lire ce type de fantasy urbaine, que d’aucuns qualifient, à l’anglo-saxonne, de « paranormal romance », soit parce que l’auteur(e) y faisait preuve de distance et d’humour, soit parce que l’ensemble faisait preuve d’une certaine ambition romanesque. Moi qui aime tant le roman noir, je me suis délectée de ces oeuvres qui avaient la simple (et énorme) ambition de me divertir, de me dépayser, de m’embarquer dans un monde imaginaire peuplé de créatures étranges et souvent dangereuses, de me parler de séduction sans prendre de détours, de m’amuser, de me détourner du monde… Certains ont des « plaisirs coupables » (guilty pleasures) dans leur lecteur MP3 (j’en ai aussi), moi j’ai des « guilty pleasures » de lecture, que j’ai parfois du mal à avouer car ils sont mal acceptés dans les professions intellectuelles supérieures qui m’entourent, promptes à l’élitisme et au dogmatisme intellectuel. J’estime ne pas avoir grand-chose à prouver à ces bonnes âmes, et la honte n’est pas un sentiment qui m’anime, en l’occurrence, mais je n’ai pas envie non plus de me fatiguer à argumenter, sommée que je serais de répondre d’un tel manque de goût et de jugement. 
Bref. Encouragée dans mes « mauvais penchants » par ma chère Miss Cornélia (qui se moque elle aussi des pisse-froids qui voudraient nous gâcher le plaisir), encouragée aussi par la politique numérique de Milady (pas de DRM et des prix significativement plus bas que les éditions papier), je ne me contente plus de me laisser suggérer des titres, j’en cherche, j’essaie des séries, je furète. 
Mes critères commencent à s’affiner ou à se confirmer. 
J’ai besoin d’un minimum d’humour, du moins à ce jour. M’est avis que c’est ce qui manque cruellement à Stephenie Meyer à mes yeux. 
J’ai besoin que l’univers ne soit pas trop juvénile, ce qui est curieux étant donné que je prends plaisir à lire des romans pour adolescents. Mais par exemple, l’héroïne d’Alice Scarling, Sascha, me semble un poil trop jeune pour que j’adhère émotionnellement à ce qui lui arrive. 
Le caractère répétitif ne me gêne pas; je sais que l’héroïne a toutes les chances d’être troublée par un mauvais garçon (qui n’est pas complètement mauvais), ou se sentir chamboulée par deux hommes (quelle décadence!), je sais qu’elle va se mettre dans le pétrin, je sais tout cela et que le jour viendra peut-être où cela me lassera, mais pour le moment, c’est précisément ce que je recherche. On le sait bien, la culture populaire nous offre un mélange jubilatoire de répétition et de nouveauté, de variations sur un schéma et des codes établis. La répétition se trouve pour moi dans les comportements des personnages, dans les schémas émotionnels mis en jeu (côté personnages et côté lecteurs), le reste est plutôt affaire de variation. L’atmosphère mise en place par Deborah Harkness n’est pas celle de l’univers de Gail Carriger, qui elle-même n’a pas grand-chose à voir avec Darynda Jones. La galerie des personnages secondaires, qu’ils soient récurrents ou non, est capitale: la famille de Charley Davidson m’enchante, tout comme la garçonne frenchie qui fascine Alexia Tarabotti, et j’ai besoin de ces mille et un détails qui spécifient les univers de ces romancières. 
Il m’arrive de faire chou blanc, de prendre un volume qui m’ennuie très vite, qui n’est pas pour moi, qui me déconcerte par son sérieux, par sa niaiserie, qui me sidère par ses stéréotypes sexués, ou tout simplement qui ne m’embarque pas. Mais je passe aussi des moments fabuleux, d’évasion pure, et que m’importe que la littérature (avec un grand L) n’y gagne rien. Moi j’y ai gagné un moment de plaisir, parfois d’émotion, ce qui est précisément ce que j’en attends en ouvrant le livre ou en allumant ma liseuse. Ce n’est pas toujours ce que je cherche à travers la lecture, mais quand j’ai envie de m’oublier, d’oublier ce qui m’entoure, la bit-lit remplit parfaitement son office. 
Et comme j’ai passé l’âge de me laisser abêtir par mes lectures (à supposer que cela puisse se produire), je ne crains pas de devenir une femelle aliénée par se mauvaises lectures. La société (monde politique, monde du travail, médias, etc.) s’en charge probablement plus efficacement, ne blâmez pas les littératures de genre. Elles sont tout au plus une caisse de résonance, et la bit-lit en surprendrait plus d’un(e) en la matière. 
Voilà, moi, lectrice novice de bit-lit, je m’amuse follement à lire des histoires de vampires, de loups-garous, de démons et de faes, des histoires d’amour et de désirs fous fous fous, et tant pis pour ceux qui considèrent ça comme une régression intellectuelle, car je compte bien continuer. Après tout, on peut aimer le chocolat le plus fin ET les pâtes à tartiner cacaotées. Et à tout prendre, je suis certaine que la bit-lit est bien moins mauvaise pour la santé. 

Un extrait de la couverture de L'appel de la lune de Patricia Briggs

Les séries qui m’ont fait aimer la « romance paranormale »:
Le Protectorat de l’ombrelle de Gail Carriger (Orbit, 5 volumes, disponibles aussi en Livre de poche). Du steampunk en plus, j’adore!

Les aventures de Charley Davidson par Darynda Jones (Milady, 6 volumes traduits à ce jour). Dans le registre et dans le genre, la série qui a remplacé pour moi Stephanie Plum par Janet Evanovich, ma série préférée à ce jour.

Les aventures de Mercy Thompson par Patricia Briggs (Milady, 8 volumes traduits à ce jour): moins drôle que la série précédente, mais j’aime énormément les personnages, l’univers et l’intrigue. Bon, je n’ai lu que deux volumes, à voir pour la suite….

Le Livre perdu des Sortilèges par Deborah Harkness (Orbit, et les deux premiers volumes en format poche): une trilogie érudite qui commence comme de la bit-lit mais évolue vers une forme de fantasy urbaine moins spécifique. Long, parfois ardu, parfaitement maîtrisé, j’ai pris un énorme plaisir à lire ces (gros) romans. 

mercredi 11 février 2015

Encore des nouilles de Pierre Desproges


Allez, je continue mes redécouvertes, cette fois avec (pour moi) des textes inédits de Pierre Desproges. J'ignorais qu'il avait eu une chronique dans le magazine Cuisine et Vins de France, et c'est un régal (suis-je drôle)... Ce volume propose en outre des illustrations des compères de Charlie Hebdo: ça fiche un coup au coeur de voir les signatures de Charb, Cabu, Tignous et Wolinski, mais il y a aussi Luz et  Riss (pardon à ceux que j'oublie)... 
Les dessins sont d'ailleurs hilarants, mais certains nous rappellent aussi qu'en 2014 l'humour de Desproges n'aurait plus été possible, même si ces chroniques culinaires (qui n'en sont pas) sont bien inoffensives. Par conséquent, même dans cet ouvrage qui n'a rien de polémique, Charb et les autres nous rappellent que non, en 2014, on ne peut rire avec tout le monde. Et ça fait mal. 
Mais revenons à Desproges. Très rapidement, il ne fait même plus semblant de faire une chronique culinaire, même si les plaisirs de la chère restent au premier plan. Il livre des petits bijoux de textes ciselés, écrits comme lui seul savait le faire, et c'est drôle, parfois méchant (c'est un compliment), toujours percutant. 
Alors oui, c'est un fait, je suis fan de Desproges. Mais c'est un fait aussi, Desproges est le meilleur. 
Vous ne regretterez pas d'acheter Encore des nouilles, et ce n'est pas le fait d'y trouver des dessins drôles et talentueux qui y changera quoi que ce soit. 

Pierre Desproges, Encore des nouilles. Chroniques culinaires, Les Echappés, 2014. 
Illustré par Cabu, Catherine, Charb, Luz, Riss, Tignous, Wolinski.

lundi 9 février 2015

Netflix épisode 1


Ah les séries et moi… J’en empile et je ne les regarde pas toujours, ou pas en entier. Certes, les prix des DVD sont parfois intéressants, mais j’en ai un peu assez de payer entre 20 et 40 euros pour découvrir une série, en risquant de ne pas aimer. Je me sers aussi d’iTunes, évidemment, mais somme toute, le problème est le même, si ce n’est que je peux acheter épisode par épisode… 
Netflix ne me tentait pas vraiment, car il s’agit de regarder en streaming : ma connexion internet n’est pas toujours optimale, et puis il y a les déplacements, pendant lesquels je n’ai pas toujours de connexion. Néanmoins, un ami amateur de séries ayant récemment testé Netflix et s’en disant plutôt satisfait, je me suis dit que ça valait la peine d’essayer, quitte à résilier très rapidement l’abonnement. 
Voici mes premières impressions. 

Le catalogue. Netflix est surtout intéressant pour les séries télévisées, le catalogue de films n’est pas très alléchant (mais il est moins pire que celui de Canalplay). Je ne dis pas que je n’en regarderai pas, mais ce n’est pas le point fort de l’offre (la législation française explique en partie la médiocrité du catalogue). En revanche, je dois admettre que pour quelqu’un comme moi, qui se contente sur sa télé de l’offre TNT gratuite et qui a un retard considérable en séries, le catalogue est sympathique. J’ai pris l’abonnement médian (8,99€), il y a donc de quoi se faire plaisir pour un prix très raisonnable. Je vais pouvoir tester des séries sans hésiter sur l’achat d’un coffret de DVD, et j’ai déjà repéré nombre de titres qui m’intéressent. Certes, il en manque aussi un certain nombre... C'est le perpétuel obstacle à mon sens de ces entreprises face au piratage: le piratage ne se souciant pas de rémunérer les ayant droits, il peut offrir l'ensemble des séries, d'où qu'elles viennent. Les entreprises légales, non, et elles se heurtent en France à une législation qui leur complique un peu plus la vie que dans d'autres pays. Le résultat est qu'il y a des absents de taille sur Netflix : Arrow, Gotham, Borgen, The Knick, 2 Broke Girls, pour ne citer que les titres qui me passent par la tête. Reste que je rêve que iTunes propose un jour le même système d'abonnement (au moins sur les séries), car le catalogue, sans y être complet, est bien plus vaste. Je serais même prête à payer cet abonnement un peu plus cher.

La facilité d’utilisation. L’abonnement et l’inscription se font rapidement, clairement, et l’interface est intuitive. Je n’ai pas encore exploré toutes les possibilités de découverte du catalogue mais je pense que je vais vite me familiariser avec le site, et Netflix semble mettre en oeuvre des techniques pour repérer nos goûts : je ne suis pas contre, cela m’a permis sur des sites de vente en ligne de découvrir des choses. Le site et l’application pour tablettes sont simples, ergonomiques. Un autre point fort est que le spectateur a le choix entre VO, avec ou sans sous-titres, et VF. J’aimerais avoir les sous-titres en anglais (pour améliorer mes compétences), mais bon, on ne peut pas tout avoir. Reste que c’est un plus par rapport aux séries sur iTunes, pour lesquelles il faut choisir à l’achat entre VO et VF (contrairement aux films). J’ai réglé cela très rapidement en début de lecture. Bien entendu, on peut interrompre le visionnage en plein épisode, et reprendre au même endroit le lendemain: indispensable pour moi qui ai la fâcheuse habitude d'arrêter de regarder un épisode en plein milieu, de reprendre pour dix minutes, etc.

Le streaming. J’ai pour le moment regardé Netflix sur ma tablette. Je n’ai pas eu de problème de flux, tout était fluide, mais il faudra voir sur la longueur, le débit étant parfois fantaisiste chez moi. Netflix ne sera certes pas en cause, mais il faudra voir si c’est adapté à mes possibilités techniques.

Bilan provisoire. Ce premier contact est assez positif. Le catalogue me convient, l’utilisation est simple. A voir sur la durée : le débit (mais Netflix ne sera pas en cause), l’usage que j’en ferai (rentable ou non), le renouvellement des titres disponibles. Je pense que Netflix peut me permettre de voir des séries sur lesquelles je n’investirai pas, et cela ne m’empêchera pas d’acquérir en support matériel (DVD) les séries que je préfère, même si je les découvre sur Netflix avant! En effet, si j’en ai un usage suffisant, ce sera malgré tout rentable, et puis cela me permettra d’attendre que les DVD soient à un prix décent. Quant aux autres séries, peu m’importe de ne pas les avoir, de ne pas les posséder; il y a des tas de choses que je vois à la télé et que je n’ai pas envie de posséder. 

Ai-je besoin de le préciser? Ce billet n'est pas sponsorisé... 
Sur ce, j'y retourne...

EDIT 10 février: le sous-titrage en anglais est disponible sur certains titres; comme j'ai regardé en premier The Fall, j'ai cru que ça ne l'était pas. Et les sous-titres en anglais sont effectivement indisponibles sur cette série, en revanche je les ai activés sur Elementary et sur Better Call Saul. Un bon point pour Netflix!



www.netflix.com
Premier mois gratuit.




samedi 7 février 2015

Top of the Lake par Jane Campion


Présentation
Robin est enquêtrice en Australie, spécialisée dans le traitement des affaires impliquant des enfants. Elle est de retour dans sa petite ville de Nouvelle-Zélande car sa mère se meurt d’un cancer. Ce retour sur les lieux de son enfance est douloureux: son père s’est noyé dans le lac jadis et elle-même a été victime d’un viol collectif, adolescente. Une fillette de douze ans manque de se suicider dans ce même lac, et il s’avère qu’elle est enceinte et refuse de parler. La police locale fait appel à Robin pour ses compétences. Peu de temps après, la fillette disparaît. 

Ce que j’en pense
J’ai pris mon temps pour regarder Top of the Lake, série lente et contemplative, série chargée aussi en émotions. Bien sûr, si vous attendez d’une série qu’elle vous étourdisse par son rythme, passez votre chemin, mais ce serait dommage, car c’est l’une des oeuvres télévisuelles les plus fortes qu’il m’ait été donné de voir. 
Jane Campion livre une série réalisée avec un soin remarquable, une véritable oeuvre, chaque plan est somptueux et rien n’est laissé au hasard. Certes, les paysages de ce coin de Nouvelle-Zélande sont magnifiques, mais c’est avant tout son regard qui magnifie tout. C’est d’une beauté sidérante, tout simplement. La bande-son est également très travaillée, l’habillage musical et les quelques morceaux qui accompagnent les épisodes sont en rupture totale avec ce que nous infligent trop de séries actuellement, notamment aux Etats-Unis, où l’on oscille entre musique de blockbuster soûlante à souhait et néo-folk niaise et bêlante. Ici tout est subtil, sobre et pourtant bouleversant. 
Les interprètes sont tous impeccables, de l’héroïne aux pires salauds. Elizabeth Moss est renversante, dans ce mélange de détermination et de doute, de puissance et de fragilité, dans sa complexité tout simplement. Thomas M. Wright, dans le très beau rôle de Johnno, est également très convaincant, il intervient d’abord comme un personnage un peu ambivalent, fils du caïd local, mais donne rapidement à son personnage une belle complexité; Johnno réussit par la force du jeu du comédien et du scénario à être à la fois très sombre et lumineux, et c’est à mon sens le seul personnage masculin positif. Très abimé, il est en rupture avec le milieu familial, mais n’est pas non plus un de ces chevaliers blancs à la noix comme on nous en sert trop souvent. 

Je ne vais pas égrener tous les noms d’acteurs, tous sont magnifiques, mais il faut quand même dire quelques mots de la très jeune Jacqueline Joe qui joue Tui. Elle partage beaucoup avec Robin, l’héroïne, et la très jeune fille qui l’interprète réussit elle aussi à donner à son personnage une force extraordinaire, presque effrayante, tout en lui laissant cette part d’enfance irréductible. 

Le scénario est complexe à souhait et pourtant d’une clarté impitoyable. C’est du noir, assurément, par les motifs traités et surtout par le ton de l’ensemble, sombre, tragique, mélancolique, rageur aussi. Seule une péripétie m’a peu surprise, mais il y a ensuite un retournement, sans tambour ni trompette, un des seuls qui soient réconfortants. Vous ne comprenez rien à ce que je raconte? C’est normal! (regardez la série, nom de zeus!)
C’est une des plus belles séries sur la domination masculine. La violence faite aux femmes est partout, et gare aux hommes faibles… L’homme est un prédateur pour l’homme et surtout pour la femme. Du viol collectif de Robin adolescente à l’abus sexuel subi par Tui (mais par qui? chut…), du machisme tristement ordinaire de la police à la bestialité de la famille Mitcham, de la solitude des femmes réfugiées à Paradise à la misogynie conjugale quotidienne, tout est traité avec beaucoup de force et de simplicité, avec beaucoup de subtilité aussi. It’s a men’s world, sauf à Paradise, communauté de femmes étrange et fascinante, refuge de femmes blessées et qui enfin peuvent être elles-mêmes… N’allez pas penser que ce soit une série pour nanas, pas du tout, et l’élément masculin du foyer apprécie tout autant que moi cette série (faut dire que mon homme est un féministe comme peu le sont). 

La série se clôt de manière satisfaisante. J’ai beaucoup lu de remarques sur les questions laissées en suspens et je redoutais une fin très ouverte, mais ce n’est pas le cas. J’en ressors bouleversée, comblée et je sais que je reverrai cette très belle série… 

Jane Campion & Gerard Lee, Top of the Lake, BBC Two, Sundance Channel, UKTV, Australie, Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, 2013. 6 épisodes (60 minutes). 

Disponible en DVD (Arte Editions). 

jeudi 5 février 2015

Questionnaire : encore un autre!

Image prise ici 

1. Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu enfant?
Martine au cirque, offert par une amie de ma mère. Je me revois découvrant le livre… Ensuite, toutes les semaines, ma mère m’offrait un Martine.

2. Ecoutez-vous des listes de morceaux de musique lorsque vous lisez?
Non. Il peut m’arriver de lire en écoutant de la musique, mais généralement, ce n’est pas le cas. Donc pas de liste de morceaux dédiée à la lecture…

3. Quel est votre endroit préféré pour lire?
Je peux lire à peu près n’importe où mais mon endroit préféré est le lit ou un canapé qui me permet de m’allonger. 

4. Avez-vous déjà recommandé un livre qui a ruiné la vie de quelqu’un d’autre? 
Non! Pas que je sache…

5. Quel livre a eu le plus grand impact sur votre vie?
Je ne saurai pas répondre à cette question… Beaucoup de livres m’ont bouleversée et tous m’ont façonnée. Mais je ne saurais pas en citer un. Parmi les livres les plus marquants se trouve sans doute Quartier perdu de Patrick Modiano : il n’a pas déterminé un évènement de ma vie, mais sa force émotionnelle m’a marquée.

6. Avec quel auteur prendriez-vous un café avec excitation?
C’est contextuel et je ne répondrai sans doute pas la même chose dans un mois: pour le moment je dirais Virginie Despentes pour qui j’ai beaucoup d’admiration.

7. Quelles questions poseriez-vous à votre auteur favori si vous en aviez la possibilité?
Comment travaillez-vous? Puis-je voir vos brouillons? 

8. A quel personnage ressemblez-vous le plus? 
Je ne saurais dire à quel personnage je ressemble mais il y en a à qui j’aimerais ressembler: Stephanie Plum, Angela Gennaro et Charley Davidson!

9. Avez-vous un compte Goodreads?
Non mais il m’arrive d’aller sur le site.

10. Lisez-vous des fanfictions? 
Non. Je suis déjà allée en parcourir, mais plus par intérêt professionnel que par intérêt personnel.

11. Regardez-vous des « booktubers »?
Non. En revanche, je regarde parfois des vidéos sur des blogs de lecteurs.

12. Quelle est la plus belle couverture de livre que vous ayez vu? 
Certaines couvertures de Rivages Noirs sont de vraies splendeurs. Et récemment, je suis tombée en arrêt devant la couverture de The Fade Out.

13. Avez-vous déjà rencontré des auteurs? 
Oui… François Muratet, Pascal Dessaint, Dominique Manotti, Olivier Bocquet. Je parle de ceux avec qui j’ai passé plus de cinq minutes. 

14. Si vous pouviez échanger votre vie avec celle d’un personnage de livre, qui choisiriez-vous?
Stephanie Plum!

15. Si vous deviez vivre dans l’univers d’un livre que vous avez lu, lequel serait-ce?
Celui d’Alexia Tarabotti (les romans de Gail Carriger)

16. Quel est le pire livre que vous ayez lu? 
Un polar breton dont j’ai oublié le titre, et quant à l’auteur, je ne veux pas le blesser inutilement. Je peux simplement dire que c’était édité par Alain Bargain et que c’était une tannée d’aller jusqu’au bout…

17. Les formats que vous préférez lire: ebooks, livres papier ou les deux? 
Désormais les ebooks, sans hésiter.

18. Quel est le meilleur moment pour lire, selon vous? 
A tout moment! Mais le moment le plus délectable, c’est de lire quand on n’est pas censé le faire! 

19. Quels livres sont en haut de votre liste pour 2015?
Ce top bougera sans arrêt, mais pour le moment, y figurent:
A un fil de Rainbow Rowell
Et ils oublieront la colère d’Elsa Marpeau
Vernon Subutex 2 et 3 de Virginie Despentes
Tous les démons sont ici de Craig Johnson
Le prochain Ava de Maïté Bernard!
Mais les livres que j’ai hâte de lire et qui sont sortis avant 2015 sont innombrables… 

20. Quelle adaptation cinématographique de livre avez-vous trouvée fantastique et laquelle vous a consternée?
L’adaptation de Mystic River, de Dennis Lehane, par Clint Eastwood, est somptueuse, tout comme celle de Dans la brume électrique avec les morts confédérés, de James Lee Burke, par Bertrand Tavernier. Beaucoup m’ont consternée, mais celle qui me vient en tête est Le Choc, de Robin Davies, une adaptation particulièrement grotesque de La position du tireur couché de Manchette. Mais à dire vrai, c’est tellement grotesque que c’en est drôle. 

21. Vos trois livres préférés pour 2014? 
Ce ne sont pas forcément des parutions de 2014, simplement des livres lus en 2014:
les Charley Davidson, lus en 2014 grâce à ma chère Miss Cornélia
Ils vivent la nuit de Dennis Lehane (cadeau de Miss Cornélia)

ex-aequo pour Pur d’Antoine Chainas et Après la guerre de Hervé Le Corre.