vendredi 31 janvier 2014

Driven de James Sallis


En décembre, j'ai vu le film Drive, adapté d'un roman de James Sallis. Curieusement, je n'avais jamais lu cet auteur, pourtant remarqué parmi les amateurs de polar. Séduite par ce film dont je n'attendais rien, j'ai eu envie de prolonger l'expérience, non pas en lisant Drive mais en allant voir ce que devenait le Chauffeur. Dans Drive, ce curieux jeune homme, conducteur surdoué et doté d'un sang-froid à toute épreuve, cascadeur de cinéma et garagiste le jour, se fait chauffeur de braqueurs et autres mauvais garçons la nuit venue, à Los Angeles. Dans Driven, nous le retrouvons à Phœnix, où il a fui et refait sa vie. Mais alors que s'ouvre le roman, la violence fait à nouveau irruption dans sa vie, et il va se retrouver avec des tueurs à ses trousses. "Driven", assurément, car s'il suppose que son passé l'a rattrapé, il ne comprend guère ce qui se passe, il est conduit, agi par les événements.  L'intrigue importe peu et elle est pourtant captivante et bien construite. La fin est d'ailleurs assez ironique, mais je ne peux en dire plus... 
J'avoue avoir été séduite par ce roman dont le ton ne ressemble à nul autre. Car il réussit à être à la fois court, rapide, trépidant, et totalement contemplatif et poétique. Le Chauffeur n'est pas un grand bavard mais il cogite beaucoup, ce qui donne des pages étranges et superbes. Il cause peu mais il y a pourtant quelques singuliers dialogues, avec des personnages qui apportent leur aide au Chauffeur. J'ai beaucoup aimé le seul personnage féminin du roman, cette doctorante en droit garagiste, qui travaille au même endroit que notre héros.
Sans être tout à fait un coup de cœur, ce roman m'a donné envie de lire d'autres romans de James Sallis, même si je ne sais trop vers quel roman porter mon choix (suggestions bienvenues!).

James Sallis, Driven (Driven), Rivages Noir, 2013. Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hubert Tézénas. Publication originale: 2012. Lu en ebook.


jeudi 30 janvier 2014

Ma Cybook Odyssey par Bookeen

Le Batman de Moebius comme écran de veille...

Vous connaissez mon goût pour les liseuses numériques. La première m’a été offerte par mon cher et tendre voici deux ans, et j’ai commencé tout doucement à goûter au plaisir de la liseuse à ce moment-là, tout en continuant à lire des livres « papier ».
J’ai ensuite fait l’acquisition, à l’occasion d’une promo, d’un Kobo Mini, très pratique pour lire dans le bus, facile à ranger, mais mini mini, c’est vrai : disons qu’on tourne beaucoup les pages.
Et puis il y a quelques mois (je ne sais plus quand, à vrai dire), j’ai profité d’une offre promotionnelle sur le Cybook Odyssey, conçu par les Français de chez Bookeen. 

Il faut dire que depuix deux ans, la lecture numérique a pris de plus en plus d’importance dans ma vie:
- je n’emprunte pas en bibliothèque, et hormis quelques prêts d’amis ou de connaissances, j’achète mes livres. Mais à raison de plusieurs livres par mois, et sachant que je ne suis pas seule à lire et à acheter des livres à la maison, ça commence à devenir envahissant.
- je me déplace beaucoup, pour le plaisir et aussi pour le travail. Or, même pour quelques jours, j’aime avoir le choix de mes livres, donc je n’envisage pas de partir avec un seul bouquin. Et comme je pars chargée, le poids des livres dans mon sac à dos est un vrai problème.
- l’opération subie et les nombreux problèmes de vision qui ont suivi ont porté le coup décisif. Sans ma liseuse, je n’aurais pu lire un mois et demi après l’opération (et déjà, cela m’a semblé bien long). La possibilité d’agrandir les caractères a été une bénédiction. Ce n’est que depuis peu que je peux lire à nouveau des livres papier, et encore, à condition que les caractères ne soient pas trop petits.
Ma dernière acquisition, la Cybook Odyssey, me comble. Il ne lui manque que l’éclairage intégré (je me tâte pour une Cybook Frontlight HD) pour être parfaite, et une ou deux petites choses : la fonction de recherche dans la bibliothèque (pour moi qui classe peu) et le nombre de pages restant à lire avant la fin d’un chapitre, sans doute ce qui me manque le plus (mais c’était vrai sur les autres liseuses). Pour le reste, elle me convient à merveille : légèreté et confort de lecture de l’écran 6 pouces, rapidité d’éxécution des taches, alliance du tactile et des boutons pour changer les pages, possibilité d’agrandir le texte en touchant l’écran (ou d’en diminuer la taille). Et l’objet est agréable à tenir, doux au toucher (ma Sony était en alu donc froide).

Pour donner une idée de la taille et de la finesse...

OK, ce n'est pas aussi blanc qu'une page de livre.

Je précise que ceci n’est pas le moins du monde un billet sponsorisé, j’avais juste envie de partager mon enthousiasme vis-à-vis de cette liseuse qui est, j’oubliais de le préciser, française. J’aime les livres, depuis mon enfance, j’ai des milliers de volumes, mais plus que l’objet, j’aime ce qu’il y a dedans : et de ce point de vue, il n’y a pour moi aucune différence, j’oublie l’objet quand je lis, pour me laisser emporter par les histoires.
Désormais, je lis essentiellement sur liseuse, je rachète parfois des livres que j’ai lus, jadis, en volume papier, histoire de faire de la place, et mes achats se tournent avant tout vers le numérique. Mon libraire dans tout ça ? Il vend des ebooks en partenariat avec Numilog. Et je continue à acheter des BD en boutique, évidemment, ainsi que les livres que j’offre. Par ailleurs, je dois le dire, ces deux-trois dernières années, je flâne moins en librairie, par manque de temps. Les conseils de lecture me viennent encore des libraires du rayon BD (puisque j’y vais), et je prends très au sérieux les conseils de F. du rayon jeunesse et de D. du rayon polar (deux EXCELLENTS libraires) mais mes premiers conseillers, c’est VOUS, sur vos blogs… Bref, mes usages, mes pratiques de consommation livresque changent, voilà tout. Je crois que je lis plus depuis que j’utilise régulièrement ma liseuse, à vrai dire. Et c’est tout ce qui compte, à mes yeux…


mardi 28 janvier 2014

Ava préfère se battre de Maïté Bernard


J'ai retrouvé l'irrésistible Ava avec un grand bonheur. Elle est de retour sur Jersey, promise à son destin de consolatrice. Oui mais voilà, certains fantômes ne sont pas d'accord et vont lui mener la vie dure... Ce deuxième opus se fait moins policier que fantastique, mais c'est aussi l'initiation d'Ava qui se poursuit. Il lui faut comprendre les enjeux de sa mission, se convaincre de son intérêt pour en convaincre les autres, tandis qu'elle découvre le sentiment amoureux avec Marco... Pour moi, c'est moins l'intrigue qui est ici passionnante que la galerie de fantômes. Non seulement on retrouve certaines figures hautes en couleur du premier volume, mais on en rencontre d'autres, nombreux, drôles, touchants, perturbants. Et mine de rien, Ava grandit à leur contact, car leurs histoires mettent en jeu leur rapport à leurs proches, à l'amour, à eux-mêmes.
Sans parler d'Harald, ce cher Viking, qui veille ici sur Ava, lui qui terrifie les plus agressifs des fantômes: comment ne pas avoir un faible pour ce solide (si je puis dire) gaillard, aux réflexions étonnantes, figure somme toute assez paternelle pour Ava? Moi je l'adore, en tout cas.
Quant à l'écriture de Maïté Bernard, elle sert admirablement, sans effet inutile, les péripéties et cogitations de notre héroïne, en toute subtilité.
Bientôt, un billet suivra sur Ava préfère la mort, alors qu'un tome 4 est annoncé. Chouette!

Maïté Bernard, Ava préfère se battre, Syros, 2013.


Merci aux éditions Syros!

lundi 27 janvier 2014

La colère de Fantômas 2, Tout l'or de Paris de Olivier Bocquet et Julie Rocheleau


Présentation
Fantômas l’avait bien dit : sa vengeance sera terrible, et pour commencer, il le promet, il va dérober tout l’or de Paris… Qu’à cela ne tienne !

Mon avis
C’est amusant parce que je pourrais quasiment reprendre mon billet sur le premier volume de cette trilogie ! J’avais hâte de lire Tout l’or de Paris, deuxième tome de La colère de Fantômas et je n’ai pas été déçue ! J’ai retrouvé tout ce qui m’a plu dans le premier et plus encore. Le dessin de Julie Rocheleau est toujours aussi somptueux et convaincant : plus encore que dans Les bois de justice, il souligne le caractère horrifique des méfaits de Fantômas et se fait effrayant. Le scénario d’Olivier Bocquet rend justice (si je puis dire) à l’univers de Souvestre et Allain, Fantômas retrouve sa force d’évocation, et j’ai (vraiment !) frémi au récit de ses terribles actes. Ici, il prend toute sa mesure ou plutôt sa démesure : sans limite, il est véritablement un génie du mal, capable de mettre une nation tout entière à genoux, menacée de faillite. Il tue sans l’ombre d’un scrupule, torture, et manipule (superbe Lady Beltham !)… Face à lui, Juve et surtout Fandor se sentent impuissants, terriblement impuissants.
Et puis Olivier Bocquet s’amuse, et nous avec : on croise ici Louis Feuillade, qui adapta Souvestre et Allain au cinéma, et aussi Georges Méliés, et c’est magique !
Vous l’aurez compris, je suis complètement emballée, c’est de loin la meilleure BD que j’aie lue ces derniers temps.
Bref, vivement la suite !

Pour qui ?
Pour tous ceux qui aiment les génies du crime, Fantômas ou d’autres. Et pour ceux qui aiment les BD qui allient un scénario impeccable à un graphisme somptueux.

Le mot de la fin
Fantômas……………… Je dis, Fantômas !!!!!

Olivier Bocquet (scénario) et Julie Rocheleau (dessin), La colère de Fantômas, volume 2, Tout l'or de Paris, Dargaud, 2014.

PS : Olivier Bocquet sera à Angoulême, pour ceux qui peuvent y aller. J'ai vu qu'il a scénarisé une adaptation de La princesse des glaces chez Casterman, à voir...


PS bis : j’ai lu l’essai de Loïc Artiaga et Matthieu Letourneux (qui préfacent Tout l’or de Paris), Fantômas ! Biographie d’un criminel imaginaire (Les Prairies ordinaires, 2013). C’est un essai très intéressant, qui bouleverse par son travail d’archives la vision que l’on a de cette œuvre. Et ce n’est pas ennuyeux, écoutez donc les auteurs dans cette émission de France Culture ou bien Matthieu Letourneux dans l’émission Mauvais Genres, vous verrez !