Présentation éditeur
Ce jour-là, le soleil ne se leva pas. Il n'y eut plus de soir, il n'y eut plus de matin. Ce fut le premier jour. Déjà le ciel verse sur la terre qui disparaît sous les eaux. Les hommes qui ne sont pas emportés par les crues sont jetés sur les routes. Feu de bois quitte l'école avec sa camarade Dalila. De son côté, le père rejoint l'attelage d'un voisin. Et les voilà chacun s'échinant à rallier un refuge, alors que le monde, méticuleusement, se détricote. Une épopée brutale et poétique où la terre et les hommes ne sont jamais aussi beaux qu'au cœur de la défaite.
Ce que j'en pense
Evidemment, Yvan Robin ne livre pas ici une lecture réconfortante, mais si vous aimez les feel-good books, ce n'est de toute façon pas le roman que vous choisirez. Pour ma part, sensible aux choix graphiques des éditeurs, j'ai d'abord été attirée par la couverture, le titre, que je trouve superbes. Comme les avis, critiques et chroniques se multiplient, je savais un peu de quoi il était question, sans quoi j'aurais ouvert le roman sans savoir de quoi il parlait (je lis peu les 4ème de couv).
Entre apocalyptique et post-apocalyptique, le roman a de prestigieux aînés mais ne déchoit nullement. D'abord parce qu'il offre des personnages auxquels on s'attache immédiatement. La scène où le père s'empare de son fusil au début, avant d'être interrompu dans son funeste projet, m'a directement happée et m'a enchaînée à ce personnage jusqu'au bout. En toute subjectivité, je le préfère à son fils, mais c'est que je m'en sens plus proche, affaire de générations peut-être.
Ensuite parce que si on trouve dans Après nous le déluge des moments et des motifs attendus, on n'en est pas moins pressé de tourner les pages. Yvan Robin ne construit pas un monde éloigné du nôtre, et de cette proximité naît l'inquiétude. Sans que l'évènement soit comparable, j'ai songé parfois à la tempête de 1999, qui a dévasté ma région, et aux attitudes qui n'étaient pas toutes solidaires, n'en déplaise aux admirateurs de l'humanité... Le déchaînement pulsionnel est toujours à craindre dans ces moments, tout comme les réactions primaires (vous verrez, le paysan face aux cousins tziganes).
Enfin parce que le récit sombre, pessimiste, violent d'Yvan Robin est sublimé par la puissance de son écriture. Pas de préciosité, sa plume est poétique mais pas maniérée. Mais cette simplicité même, appuyée par des rythmes parfois incantatoires, comme ce récit que contient le volume relié de cuir qui accompagne le jeune personnage. C'est bien ce qui différencie Après nous le déluge du tout-venant des récits apo et post-apo (qu'on a le droit d'aimer), il élève les angoisses de l'époque au rang d'épopée.