samedi 11 septembre 2021

Le sniper, son wok et son fusil de CHANG Kuo-Li



Présentation éditeur

À Taïwan, le superintendant Wu doute du suicide d’un officier du Bureau des commandes et acquisitions de l’armée. Un deuxième cadavre d’officier, rejeté par la mer sur la plage des Perles de sable, renforce son intuition.
À Rome, le tireur d’élite Ai Li, dit Alex, s’apprête à dégommer un conseiller en stratégie du président taïwanais sur ordre des services secrets. Mais au dernier moment, tout capote et, menacé, il s’enfuit à travers l’Europe.
De retour à Taipei, Alex croise le chemin de Wu, qui, aidé par son fils hacker en herbe, persiste à enquêter malgré les ordres venus d’en haut. Apparemment, tous deux ont la même personne pour cible…


Ce que j'en pense

Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, du polar taïwanais, c'est du jamais lu, et bon sang, je suis contente de l'aborder par ce roman foisonnant et addictif, qui m'a laissée le sourire aux lèvres. 

Avant toute chose, je voudrais saluer le travail du traducteur Alexis Brossollet : je ne parle évidemment pas un mot de mandarin, mais je peux imaginer à quel point cette langue est différente à tous points de vue de la nôtre, et le texte est d'une fluidité incroyable. La note qu'il signe à la fin du roman nous rappelle à quel point cela a dû être compliqué, avec des choix, des arbitrages en quelque sorte, bien costauds. Et si le texte contient quelques notes d'ordre culturel, il n'en met pas à chaque page, la lecture reste donc très fluide.

Lisez Le sniper, son wok et son fusil, vous allez embarquer dans une incroyable histoire de barbouzes, pleine de fureur et d'action, dans une enquête pleine d'humour, et faire la connaissance de personnages hauts en couleur. Mention spéciale à Wu et Crâne d'oeuf, qui m'ont régalée de leurs échanges qui claquent : de plus, la vie familiale de Wu vaut le détour, avec son père qui débarque tous les jours pour faire à manger, son fils collé à son ordinateur et sa femme, qui râle beaucoup. Je n'avais plus envie de les quitter. 

De plus, l'auteur est critique gastronomique (entre autres), et ça se sent : le riz sauté est la spécialité du sniper Ai-Li alias Alex, et mille autres mets parsèment le roman de leurs saveurs, ce qui m'a mis l'eau à la bouche. C'est peut-être un détail pour vous mais moi j'adore ça, et l'on ne sombre jamais dans le folklore culinaire façon guide touristique, je le précise.

Plus j'avançais dans le roman, plus je jubilais : voilà un polar qui à partir de codes bien sentis, fait évoluer les personnages et leur situation comme j'aime, avec pour point culminant un affrontement épique et une résolution douce-amère (les Etats et leurs mensonges). 

Je suis donc sortie de ma lecture comblée, emballée par Ai-Li, Wu et Crâne d'oeuf, déjà de bons copains pour moi. Et comme c'est le "premier titre d'une série à paraître à la Série Noire", je salive déjà à l'idée de retrouver les personnages (au moins Wu et Crâne d'oeuf, je suppose) dans un prochain volume. 


CHANG Kuo-Li, Le sniper, son wok et son fusil (The stir-fry sniper*), Gallimard Série Noire, 2021. Traduit du mandarin (Taïwan) par Alexis Brossollet. 

* désolée, je renonce à mettre ici les caractères originaux, que vous trouverez dans le roman lui-même. 


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