vendredi 28 février 2014

Un mois de février (2014)

Source : LCI / TF1


Février fut synonyme de lecture (10 romans + 1 BD) et j’ai passé quelques excellents moments plongée dans des romans.  Cela serait difficile de dégager LE livre du mois.

Il y eut donc :
-       - côté roman, une lecture plaisante, Te succomber de Jasmina Wilder (pas de billet) et un coup de cœur, Les Débutantes de J. Courtney Sullivan ; de ce match, cette dernière sort gagnante, sans difficulté. J’ai vibré avec ses personnages, vécu sur un campus américain, retrouvé mes jeunes années…


-      -  côté découvertes incongrues, L’effrayante aventure de Jules Lermina m’a bien amusée, distraite, enchantée.

-       - Côté bande dessinée, j’ai été séduite par le trait impeccable de Bézian dans Docteur Radar, scénarisé par Noël Simsolo ; un bel hommage aux génies du crime et à la littérature populaire du début du 20ème siècle, avec un Dr Radar qui rappelle furieusement Fantômas ou Mabuse…


-        - Côté OLNI ou presque, Artères souterraines de Warren Ellis m’a emballée et je lirai assurément Gun Machine.

-       - Côté relecture, un pur moment de plaisir avec Mécano Girl, le premier volume des Alex Barnaby de Janet Evanovich ; rien à faire, je suis toujours cliente, même à la relecture… Idéal pour les moments de morosité, d’autant que là, on n’est pas sous le ciel gris de Trenton mais sous le ciel bleu de Floride…



-       - Côté lectures déconcertantes, Hécate de Jaccaud me laisse toujours perplexe, des semaines après avoir refermé le volume…

-      -  Côté polar, deux jolies découvertes, Francisco Gonzales Ledesma et sa Chronique sentimentale en rouge, une série de plus dans mon stock ; La madone de Notre-Dame, premier essai réussi d’Alexis Ragougneau. Difficile de les départager mais je crois que ma préférence va à Ledesma… Côté polar toujours, un plaisant moment passé aussi en compagnie du Lanester de Françoise Guérin, dans A la vue, à la mort…. Et last but not least, le champion hors catégorie, peut-être LE livre du mois après tout (roulements de tambour)…

Ils vivent la nuit de Dennis Lehane, somptueux, superbe, magnifique…. Je voudrais être encore dans ma lecture, avoir le plaisir de la découverte, des surprises, des attentes. Et je ne vous dis pas à quel point il a été difficile de plonger dans un autre roman après celui-ci : tout me semblait tellement falot !



J’espère que mars sera aussi extraordinaire !!!! Bonnes lectures…

Ah au fait! L'image qui ouvre ce billet n'est pas le bourgeon de quelque fleur printanière, c'est le virus de la grippe, la saleté qui m'a assaillie dans les derniers jours de ce mois de février... 

jeudi 27 février 2014

Luther saison 3


Une bonne mauvaise grippe et me voilà sans force pour lire, il y a huit jours de cela… Entre deux bouffées de fièvre, j’ai regardé la saison 3 de Luther, achetée peu avant Noël et laissée dans un coin. J’avais chroniqué ici la première saison de cette série, dont j’avais, à quelques réserves près, apprécié la tonalité hardboiled. Je dois préciser que j’avais beaucoup moins aimé la saison 2, qui exacerbe ce qui m’avait déplu dans la première : on passe à une logique très feuilletonnante là où la première saison propose des épisodes clos sur eux-mêmes ; on se concentre sur les malheurs (doux euphémisme) de Luther, et le tout est hautement invraisemblable et carrément abracadabrant. 
Pourquoi ai-je acheté la saison 3, me direz-vous ? Eh bien parce que malgré ces défauts, j’adore les personnages (Luther, Alice) et parce que l’ensemble est admirablement filmé. Bref, j’ai cédé à l’appel de la saison 3…
Est-ce la fièvre ? J’ai passé un excellent moment avec ces quatre épisodes. Les deux premiers sont focalisés sur une enquête principale, mais le plus beau est dans une enquête secondaire, qui met en scène un père bouleversant et désespéré. Les deux suivants mettent Luther aux prises avec un redoutable vengeur : sans originalité mais avec beaucoup de force, l’histoire pose des questions terribles, et le scénario va jusqu’au bout de la noirceur. L’ensemble est lié par la croisade que mènent deux policiers (on retrouve Erin Gray) contre Luther, décidés à le faire tomber par tous les moyens. Et le dernier épisode voit le retour en fanfare de la délicieuse et effarante Alice. La saison 3 introduit aussi un nouveau personnage féminin et c’est tant mieux.
Evidemment, il n’y a pas grand-chose de réaliste dans cette série, et pourtant, elle garde cette tonalité hardboiled que j’aime tant. Si les intrigues sont invraisemblables quand on se rapporte à notre monde réel, elles « tiennent » bien en termes de cohérence interne, sont bien construites. Et puis comme d’habitude, pas de temps mort, beaucoup de tension. Les comédiens sont tous impeccables et sont servis par des dialogues qui ne sonnent jamais faux (comparez donc à la plupart des séries policières françaises). Enfin, la mise en scène et la photographie sont somptueuses : il y a dans ces séries BBC une manière de filmer Londres qui laisse pantois, vraiment.
En conclusion, que dire ? Je suis partante pour la saison 4 (signée, semble-t-il).


Luther, saison 3, diffusée en Grande-Bretagne en 2013. Série créée par Neil Cross, produite par la BBC. Disponible en DVD.

mardi 25 février 2014

Artères souterraines de Warren Ellis


Présentation (éditeur)
Un privé à la dérive, Michael McGill, est embauché pour retrouver une version de la Constitution des États-Unis comportant des amendements écrits à l'encre alien invisible. Depuis les années 50, le précieux document est passé de main en main en échange de services louches. Pour un demi-million de dollars, McGill entre dans ce que l'Amérique a de plus fou, grotesque, déviant et hilarant.

Mon avis
Cela faisait un moment que je voulais lire ce roman de Warren Ellis, disponible à la maison. Il se trouve que j’ai très envie de lire son dernier, Gun Machine, mais je trouvais un peu idiot de l’acheter aveuglément alors que je pouvais tester avec Artères souterraines. Warren Ellis n’est pas un inconnu : c’est un grand scénariste (anglais) de comics, à l’œuvre notamment dans l’immense Planetary, que je vous recommande vivement. J’étais donc curieuse de voir ce que donnait son passage au roman. On sent l’influence comics dans Artères souterraines, sans que ce soit un problème. C’est un roman déjanté, un peu trash, une sorte de road-trip en forme de plongée dans les sept cercles de l’enfer, avec un rythme soutenu. Jamais on ne s’ennuie et j’ai beaucoup aimé le détective privé désenchanté qu’il nous propose, désenchanté mais jamais cynique, toujours un peu étonné face à l’ampleur des turpitudes humaines. McGill, c’est son nom, est tout de suite attachant, drôle, et je me suis plue à suivre ses pérégrinations en Amérique, aux côtés de sa très déjantée partenaire de fortune. Les artères souterraines, ce sont celles de cette Amérique qui s’affiche comme puritaine et comme un modèle de pensée mainstream, mais qui peine à contenir ses déviances underground, internet leur offrant une audience inédite. Il faut les contrôler… C’est pour cela que les pires pervers, pour ne pas dire les grands fêlés qui peuplent le roman, ont quelque chose d’attachant, de touchant ou au pire de pathétique. Ils valent bien les politiciens cyniques (le client de McGill) ou complètement débiles (la famille de politique que rencontrent nos deux héros)… Sous la gaudriole, une vraie inquiétude, une vraie réflexion, donc.
Artères souterraines se dévore, et si on devait adresser un reproche à ce roman, ce serait celui d’une structure un peu lâche, car le récit fonctionne plutôt comme un agrégat d’aventures délirantes. Mais ce n’est qu’un reproche mineur à ce qui reste un roman passionnant et qui pose, mine de rien, quelques questions dérangeantes et intéressantes.
Vous l’aurez compris, je n’hésiterai pas à lire Gun Machine.


Warren Ellis, Artères souterraines (Crooked Little Vein), Le Diable Vauvert, 2010. Traduit de l’anglais (Grande Bretagne) par Laura Derajinski. Publication originale : 2007. Disponible en Livre de Poche.

dimanche 23 février 2014

Chronique sentimentale en rouge de Francisco Gonzales Ledesma


Présentation (éditeur)
Dans la Barcelone des années 80, une riche héritière de la bourgeoisie catalane, Blanca, et un ex-boxeur issu des quartiers populaires revivent l’éternelle histoire du ver de terre amoureux d’une étoile ; ce faisant, ils revivent aussi la passion qui, une vingtaine d’années plus tôt, a uni la tante de Blanca à un peintre sans le sou de la bohème barcelonaise. Or, surgi de ce passé soigneusement occulté, voici que l’amoureux d’autrefois semble revenir pour régler ses comptes... Le vieil inspecteur Mendez, sarcastique et désabusé, devra démêler les fils passablement embrouillés de cette chronique sentimentale d’hier et d’aujourd hui qui, très bientôt, se teinte du rouge du sang.

Mon avis
Il y a quelques années de cela j’avais acheté un peu par hasard La dame de Cachemire mais n’avais pas réussi à le lire, ce n’était pas son moment. Il y a quelques jours j’ai eu l’opportunité de lire un autre roman de Francisco Gonzales Ledesma, avec le même personnage, Mendez, mais qui prend place avant La dame de Cachemire : Chronique sentimentale en rouge. Nous sommes dans l’Espagne des années 1980, à Barcelone, dans un pays et dans une ville où tout change mais où le passé est encore très présent. N’attendez pas d’intrigue trépidante avec meurtres à tous les étages, Francisco Gonzales Ledesma prend son temps et c’est bien comme ça. J’ai eu un peu de mal au début de ma lecture, car je trouvais l’intrigue un peu décousue, mais je ne sais pas si c’est dû au roman lui-même ou à mon rythme de lecture, lui-même chaotique pendant deux jours. Quoi qu’il en soit, dès que j’ai pu accorder un peu plus d’attention à ce roman, je m’y suis laissée tomber avec bonheur. Je ne connais pas Barcelone (sinon par Montalban) mais j’ai eu un plaisir fou à humer les quartiers populaires, la faune qui les peuple, sans parler de ces bars à l’atmosphère incroyable (et pourtant si crédible). Ce témoignage d'une époque (que j'imagine révolue) est bouleversant, même s'il s'agit avant tout du regard de l'auteur. Il y a chez Francisco Gonzales Ledesma un amour fou de l’humanité, sans niaiserie, avec espièglerie, de la silhouette entrevue aux personnages principaux. Tous sont touchants, émouvants, attachants, quel que soit leur parcours. Il y a aussi quelque chose de contemplatif, certaines pages sont lyriques ; d’autres donnent lieu à des scènes cocasses, truculentes, notamment grâce au personnage de Mendez, inspecteur qui connaît son petit monde des rues sur le bout des doigts (la scène où il est sur le point d’arrêter un type planqué dans les toilettes d’un bar est savoureuse).
Est-ce du roman noir ? Oui, assurément. Tout se met en place peu à peu, pour aboutir à un final sombre, déchirant et très beau. Il n’y a rien de manichéen ici.
Je vais pour ma prochaine lecture changer d’univers mais j’ai hâte de retrouver Mendez et les rues de Barcelone.

Francisco Gonzales Ledesma, Chronique sentimentale en rouge (Crónica sentimental en rojo), L’Atalante, 1991. Traduit de l’espagnol par Jean-Jacques Fleury. Publication originale: 1984.

NB : il me semble que ce roman n’est plus disponible actuellement en librairie et c’est bien dommage. Dommage car l’édition de L’Atalante est superbe, dommage aussi car Folio ne semble pas avoir repris ce titre alors qu’ont été réédités en poche d’autres volumes de la série des Mendez.