vendredi 27 septembre 2013

Les lisières d'Olivier Adam


Présentation
Paul Steiner, écrivain, vit difficilement la séparation d’avec sa femme et ses enfants lui manquent. Tout va de mal en pis quand il se voit contraint de passer quelques temps chez ses parents, alors que sa mère est hospitalisée. Il retrouve alors cette banlieue parisienne qu’il a fuie, les amis perdus de vue et qui sont restés dans ces lisières qu’il s’est efforcé d’oublier, durant toutes ces années.

Mon avis
Cela faisait des mois que Les lisières, d’Olivier Adam, patientait sur ma PAL. De l’auteur j’avais adoré Le cœur régulier, lu d’une traite. Je n’ai pas le même coup de cœur pour Les lisières, mais je considère que c’est un très bon roman. Ce n’est certes pas une lecture réjouissante ou consolatoire : il n’y a rien d’aimable dans ce récit, pas plus son héros que les autres personnages, et si l’issue n’en est pas tragique, elle n’a rien d’exaltant. Tout au plus dessine-t-elle un avenir possiblement apaisé. Au moment de la sortie du roman, j’avais lu des avis et des critiques soulignant à quel point le narrateur est peu aimable, voire franchement désagréable. Je ne partage pas cet avis. Il n’est pas « héroïsé », O. Adam ne cherche pas à en donner une image flatteuse, voilà tout. De fait, le roman m’a souvent touchée, il tape juste, et sans avoir grandi dans ces lisières, je partage un certain nombre de constats faits ici : certains considèrent que c’est du Bourdieu pour les nuls, moi j’ai aimé cette façon de porter un regard à la fois distancié et empathique sur les trajectoires sociales des personnages. Alors, certes, le roman n’a pas la force, à mes yeux, des récits d’Annie Ernaux (une des références d’Olivier Adam), mais Les lisières ne manque pas de force et déjoue habilement les pièges du pathos ou du didactisme.
Enfin, si je n’ai pas toujours été emballée par l’écriture (les énumérations, les litanies égrénées au long du roman), je dois reconnaître qu’Olivier Adam ne se laisse pas aller à se regarder écrire, et ça, c’est déjà énorme. Ni glauque, ni lyrique, ni dégoulinant de pathos, le récit se déroule, fluide, efficace. Je ne sais si je peux dire « j’ai passé un excellent moment », car Les lisières ne cherche pas à être aimable. Je ne sais pas non plus si trouver des échos de son propre questionnement est une raison suffisante pour dire « j’ai aimé ce roman ». Mais assurément, Les lisières est un roman fort, bien mené et écrit sans complaisance.

Pour qui ?
Pour ceux qui aiment les romans qui plongent les mains dans le social.

Le mot de la fin
Sans complaisance.

Olivier Adam, Les lisières, Flammarion, 2012. Disponible en J'ai lu.




3 commentaires:

Tasha Gennaro a dit…

Le commentaire suivant est de L'Or mais pour une raison que j'ignore, il s'affiche comme inexistant sur gmail : j'imagine que j'ai fait une mauvaise manip. Je fais donc un copier coller :
L'Or : Dans ma PAL aussi. J'aime beaucoup l'auteur même s'il n'est pas joyeux, joyeux... Mais comme tu le dis, ce n'est pas un écrivain qui "se regarde écrire" et ça j'apprécie !! Il a le mérite d'être sincère et de ne pas avoir la grosse tête... Tout ce que j'aime !! Bon dimanche Tasha

Brize a dit…

Ton analyse est intéressante, aucune doute là-dessus.
Mais je ne sais pas si je reviendrai vers l'auteur, lu une seule fois ("A l'abri de rien"), mais c'était tellement plombant ...

Tasha Gennaro a dit…

C'est sûr qu'il faut être un peu en forme! ;-) Je n'ai pas lu A l'abri de rien. Ce n'est pas un auteur dont j'ai envie de lire tous les livres, c'est certain. Et surtout pas à la suite les uns des autres!