Présentation éditeur
(vous avez le droit de ne pas la lire. Je dirais même plus : je vous conseille de vous lancer dans la lecture sans rien savoir)
Jim Carlos aime bien son nouveau job de jardinier. Toujours accompagné de Lebowski, un chien pataud et affectueux, il travaille à la création d’un potager dans la propriété d’Arnaud et Laure Loubet, aux Prés Poleux. Dans la famille Loubet, tout est parfait et harmonieux. Un peu trop parfait et harmonieux. Entre le couple de bourgeois et Jim, une singulière relation se tisse au bord de la piscine où on le convie parfois. Ces moments étranges, Jim les consigne dans des cahiers.
Ce que j'en pense
Voici un roman dont je n'aurais pas eu connaissance, je crois bien, sans sa réédition en poche. Et c'eût été bien dommage, croyez-moi, car c'est un bonheur de lecture. Vous allez trouver ça bizarre, mais j'ai commencé à le lire sans rien en savoir, sans avoir lu la quatrième de couverture, rien de rien. Je suis donc tombée des nues, quand arrive dans la danse Carole Tomasi (et donc la raison pour laquelle elle intervient). Ce que je dis n'a aucun sens pour vous? C'est normal.
Le narrateur est Jim, jardinier paysagiste de son état, et il consigne ses observations et expériences quotidiennes dans un cahier bleu. Nous faisons ainsi la connaissance des horripilants clients de Jim, les Loubet, une prof d'économie à l'université et un rédacteur en chef de télévision, flanqués de leur non moins horripilante fille Amandine. Ils ont l'air parfait, ils ont une superbe propriété, de beaux cheveux, ils ont bon goût et comble du chic, ils entament une conversion écolo, si je puis dire. Parfaits, je vous dis.
Nous faisons surtout la connaissance du flegmatique Lebowski, le chien de Jim, celui par qui tout arrive, paradoxalement. Il est presque aussi taiseux que son maître, c'es vous dire. Il observe, il dort, c'est tout et ça suffit à tout déclencher.
Ce roman est une pépite de roman noir, qui lève les jupons sales d'une famille apparemment respectable et pénétrée de sa perfection, plein de morgue. C'est aussi les jupons bien cradingues de notre époque d'apparences et de faux-semblants que soulève le romancier. Ce n'est pas un roman déjanté ou hilarant, mais c'est drôle, drôle dans le genre grinçant. Vincent Maillard excelle à faire le portrait de nos contemporains, de nos travers, du mépris de classe (et de culture). Parce que dans le monde des Loubet, un jardinier est un rustre inculte sur qui ruisselle leur magnificence, évidemment. Alors quand Lebowski jette un os dans leur comédie de perfection, ben... y a un os. (suis-je drôle)
Et c'est vrai, certaines scènes vont vous faire rire par leur irrévérence, leur charge satirique. D'autres vous feront ressentir la beauté d'un espace resté un peu sauvage, livré à lui-même. Lebowski vous enchantera. La fin est douce-amère, pas de feu d'artifice, pas de justice formidable, non non.
C'est fin, très bien mené, sans temps mort, sans superflu.
Donc qu'attendez-vous?
Vincent Maillard, L'os de Lebowski, Philippe Rey, 2021. Réédition Points Policier.
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