mercredi 27 mai 2020

Or, encens et poussière de Valerio Varesi


Présentation éditeur
Parme, la nuit, le brouillard. Un carambolage monstrueux se produit sur l’autoroute : des voitures ratatinées, des camions en feu, une bétaillère renversée. Vaches et taureaux errent sur la route, désorientés. Et des gitans auraient été aperçus, profitant de la confusion pour piller les véhicules accidentés. Le commissaire Soneri est le seul flic de Parme qui connaît assez bien la plaine du Pô pour ne pas se perdre dans le brouillard : c’est lui qu’on envoie sur place. Au lieu de petits voleurs, il découvre au bord de la route le corps carbonisé d’une femme. Nina Iliescu est une immigrante roumaine qui laisse derrière elle une longue liste d’amants de la haute société parmesane. Agneau sacrificiel ou tentatrice diabolique, même dans la mort, la jeune femme à la beauté fascinante exerce son pouvoir sur Soneri. Et lui réserve quelques surprises…

Ce que j'en pense
Un nouveau Valerio Varesi, ça se savoure. Il y a d'abord le titre, aux allures de mythe antique et biblique, Or, encens et poussière : n'est-ce pas une somptueuse promesse? Le roman commence, comme souvent chez Varesi, dans un brouillard terrible, alors que Soneri se rend sur une scène de crime : le cadavre de la femme qui a été retrouvé n'a rien à voir avec le carambolage que le brouillard a provoqué. Tout semble irréel, pour le plus grand bonheur du lecteur : il y a des vaches et des taureaux qui errent, des gitans qui font naître tous les fantasmes, et le corps carbonisé de cette femme venue de Roumanie. La machine est lancée, et Soneri mène une enquête sur une femme qui semble insaisissable, entre séductrice rouée et ange sacrifié sur l'autel de la haute société de Parme, elle l'étrangère sans pedigree... Et cette enquête résonne en Soneri qui connaît au même moment les affres de la jalousie, peut-être sur le point de perdre celle qu'il aime. Nous souffrons avec lui, nous nous interrogeons avec lui sur les limites de la passion.
Varesi n'oublie jamais les questions sociales : privilèges de classe, difficultés de la condition d'immigré, préjugés ethniques, crimes passionnels et domination masculine, normes de la société bourgeoise et catholique, tout cela et plus encore est évoqué avec la finesse que l'on connaît à l'auteur.
Et puis il y a ces déambulations de Soneri, ses observations de ses frères humains, c'est beau et bouleversant à la fois. C'est ainsi qu'il fait la connaissance d'un aristocrate désargenté, dont nul ne soupçonne la déchéance, qui se glisse en douce dans les restaurants pour finir les assiettes de clientes féminines, l'air de rien, avec son élégance (et la complicité silencieuse des restaurateurs). Il offre quelques uns des plus beaux passages du roman.
Et c'est ainsi que l'on referme le roman, le sourire aux lèvres, triste de devoir attendre pour retrouver Soneri mais apaisé aussi, sur la promesse, à la fin du livre, qu'en 2021, il sera de retour chez Agullo.


Valerio Varesi, Or, encens et poussière, Agullo, 2021.

4 commentaires:

Electra a dit…

tu sais tellement bien vendre les livres ! mon beau-père vient d'en lire (enfin je crois un flic italien LOL) il a trouvé ça bien mais pas de coup de coeur. Je vais quand même regarder si on parle du même auteur et personnage de flic

Miss Cornelia a dit…

Mes récents déboires, livres multipliant les fautes d'orthographe, les approximations syntaxiques, les erreurs du type infraction pour effraction ( punaise, cette faute je ne l'ai toujours pas digérée ), ton billet me redonne le moral et l'envie de découvrir des auteurs!!!!

keisha a dit…

Coïncidence, on en parlait ce matin sur France Inter (et en bien!). Une bonne série semble-t-il

Tasha Gennaro a dit…

@Electra : oui tu me diras! Mais ce n'est pas parce que je suis fan que tout le monde doit adorer... ;-)
@Miss Cornélia : pas de ça chez Agullo, c'est un excellent éditeur.
@Keisha : oh! je vais aller voir sur leur site, et oui, c'est une bonne série!!!!