dimanche 3 mai 2020

Du Rififi à Wall Street de Vlad Eisinger


Présentation éditeur
Du rififi à Wall Street démarre comme un hommage au roman noir américain et au roman-feuilleton rocambolesque, pour déboucher sur une interrogation plus vaste des pouvoirs de la littérature. C’est une poupée russe : un roman dans un roman. C'est enfin un livre sur les moyens de dire le réel. Eisinger pense, comme Truman Capote avant lui, qu'on peut prendre des libertés avec la réalité pour mieux la dire.

Ce que j'en pense
Figurez-vous que je n'avais jamais lu Antoine Bello, et pourtant à la maison, Monsieur le lit depuis Les Falsificateurs. Tout ça pour dire que s'il n'y avait pas eu cette parution en Série Noire, ça aurait pu durer longtemps. 
D'abord le plaisir de l'objet : retirez le bandeau, et vous verrez apparaître la maquette des origines, en quelque sorte, avec ce bonheur du faux roman amerloque à la John Amila ou Terry Stewart, en forme de mention traduit de l'américain par Antoine Bello... 
Ensuite la délectation de la lecture : Antoine Bello nous offre un récit palpitant, drôle, avec des mises en abyme, des références (explicitées), et réussit à n'être jamais pédant, à ne jamais cultiver un entre-soi élitiste ("tu l'as vue la référence? non? ben tant pis pour toi"), et à égratigner tout le monde au passage. Il manie les codes avec brio, nous offrant une Série noire tout ce qu'il y a de plus typique, en rendant un vibrant hommage à la littérature de genre, qui semble procurer autant de plaisir à l'écrivain (à sa grande surprise) qu'au lecteur. 
Et puis que voulez-vous? Quand on rend hommage à Manchette (dont j'ai une furieuse envie de relire Le petit bleu de la côte ouest), mon petit coeur fond... Et l'hommage à Ponson du Terrail est hilarant!
J'ai ri, j'ai souri, j'ai tourné les pages avec fébrilité, j'ai refermé le roman en ayant oublié la saloperie de virus (nous étions au jour 12 du confinement), admirative devant la maîtrise, de la première à la dernière page, de l'auteur, qui tire parti de toutes les ficelles, sans affectation, sans cul-de-sac. 
Et c'est ainsi que la littérature de genre est grande. 

Vlad Eisinger, Du rififi à Wall Street, Gallimard Série Noire, 2020. 



3 commentaires:

keisha a dit…

Je-le-veux. J'ai lu quasiment tous les Bello.

Tasha Gennaro a dit…

Je pense que tu ne seras pas déçue, c'est un exercice de style très réussi. Il est malin, le Bello!

Guillaume a dit…

Encore un livre qui me fait de l'oeil. Mais aurai-je le temps de lire tout ce que je veux ? En tous les cas, tu me donnes envie. Et je te recommande vivement la lecture du roman de Manchette (bon ok je suis un grand fan!).