Présentation éditeur
Londres, East-End, 1888, ère industrielle.
C'est dans ce quartier malfamé que vivent Nathaniel et sa sœur de rue, Luna. Lui, sillonne les rues à la tombée de La nuit. Elle, est une voleuse hors pair. Mais un soir, lors d'une énième tournée, le jeune homme fait une macabre découverte.
Des rues sombres de la capitale en passant par un manoir victorien luxueux ... De soirées mondaines où le diamant est roi aux tavernes miteuses où l'opium circule dans les veines ...
Ce que j'en pense
J'avais acheté il y a quelques temps déjà Cendres, parce que comme vous le savez, j'aime bien le steampunk. Je suis cependant méfiante envers les éditions SNAG, donc je ne m'étais pas lancée. Il aurait été bien dommage que je passe à côté de ce roman pour cette raison, car j'ai passé un excellent moment. D'abord, étant donné que j'étais un peu en mal de lecture (petite panne), ce roman m'a offert une lecture rapide : c'est rythmé en diable, avec des chapitres courts, le récit est très fluide et c'est très agréable. J'ai été très vite accrochée, et j'ai dévoré le bouquin. Le récit ménage de jolis rebondissements, j'ai été surprise, captivée, j'en redemande! Ensuite, le roman brasse des thématiques et des motifs de la littérature populaire de manière convaincante,
et je ne peux en dire plus sans vous gâcher le plaisir : sachez seulement qu'il y a des orphelins, grand motif de la littérature anglaise de la fin du XIXè siècle, et que Johanna Marines manie bien les codes.
Côté steampunk, il y a des créations mécaniques, et l'autrice fait un pas de côté intéressant : la vapeur est remplacée par les cendres (dont ce n'est pas le seul rôle dans l'histoire, mais chut!). Dans cette Londres industrielle, c'est bien vu. J'ai aimé la façon d'évoquer Londres : d'un côté, Johanna Marines l'évoque sans l'idéaliser la cité victorienne, insistant sur la misère, sur les conditions de vie déplorables des hommes et des femmes du peuple ; de l'autre, bien entendu, elle reprend dans Cendres une vision désormais fréquente de cette ville industrielle dans la littérature, une ville en proie au crime, labyrinthique et dangereuse, idéale donc d'un point de vue romanesque. C'est la ville de Jack l'éventreur (dont les crimes impriment leur marque à l'histoire), propice à toutes les visions romanesques, irriguée par un brin de réalisme social, et c'est très réussi.
Et puis j'ai aimé la noirceur de ce récit. Là où certains auraient cédé à la facilité et sauvé tout le monde (ah que c'est frustrant, je ne peux être précise sans dévoiler l'intrigue), Johanna Marines fait le choix de l'ombre, du tragique, autant que possible, et j'ai adoré ça.
Pas de bémol? Si, mais il tient autant au travail éditorial qu'à la romancière elle-même. L'écriture est un peu jeune (normal) et il y a des petits détails qui déraillent dans la façon de s'exprimer des personnages, avec des expressions anachroniques, très XXIè siècle : untel est "craquant" par exemple. J'entends bien que Johanna Marines ne veuille pas que les personnages s'expriment comme à l'époque victorienne (on ne comprendrait rien d'ailleurs), mais il y a quelques tournures qui sont inutiles et qui choquent vraiment dans la tonalité du roman.
Enfin, je salue le travail graphique d'Aurélien Police sur la couverture : dans les littérature SFFF, sa patte s'est imposée et je trouve son boulot remarquable.
Johanna Marines, Cendres, SNAG, 2019.
2 commentaires:
comme toi j'aurais tiqué avec ce vocabulaire inadapté pour l'époque (et l'argot existait déjà)
en tout cas ravie de retrouver tes chroniques
Tu vois, je trouve que c'est aussi un problème éditorial... En particulier dans les littératures de l'imaginaire, je trouve qu'il y a un manque de rigueur.
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