vendredi 1 mars 2019

Pyromane de Wojciech Chmielarz



Présentation éditeur
À Varsovie, au cœur d’un hiver glacial, l’inspecteur Mortka est appelé un samedi matin aux aurores sur les lieux d’un incendie criminel. Dans les ruines fumantes d’une villa d’un quartier chic, on découvre le corps de Jan Kameron, un businessman qui a connu des revers de fortune. Sa femme Klaudia, une ex-star éphémère de la chanson, lutte pour sa vie à l’hôpital. Mortka espère d’abord qu’il s’agisse d’un règlement de comptes lié aux affaires pas toujours limpides de Kameron. Mais bien vite, il lui faut se rendre à l’évidence : un pyromane sévit dans les rues de la capitale, balançant des cocktails Molotovs par les cheminées et semant la mort sur son passage...

Il faudra toute la ténacité de Mortka, déjà fragilisé par son divorce récent et épuisé par les fiestas de ses colocs étudiants, pour mener à bien une enquête où les fausses pistes abondent. Sans compter le harcèlement de sa hiérarchie qui lui colle une profileuse dans les pattes, et le comportement suspect de son adjoint porté sur la boisson...

Ce que j'en pense
Cela faisait un moment que Pyromane patientait dans mon stock (depuis sa sortie), et j'avais lu des avis très positifs à son sujet. Dans ma grande entreprise "alternons nouveautés et livres accumulés", entreprise vaine au vu du nombre de livres qui attendent d'être lus et de nouveautés acquises semaine après semaine, j'ai enfin lu cette première enquête du Kub. J'ai beaucoup aimé le mélange de contexte polonais et de codes polareux. La facture est assez classique, mais n'allez pas croire que cela sonne comme un reproche: j'aime me glisser dans une investigation comme celle-ci, avec un personnage qui mêle originalité et reprise des codes. Le Kub est un de ces flics à la fois ordinaires et très talentueux comme le polar en offre tant, et je l'ai aimé tout de suite. Sa vie est un tantinet fracassée, puisque sa femme a souhaité une séparation en dépit des sentiments qu'ils éprouvent encore l'un pour l'autre; car oui, le Kub est un flic dévoré par son métier, et c'est insupportable pour son entourage (cf. la citation de Lehane en exergue). Contraint à la colocation par une solde peu élevée, il mesure ce qu'il a perdu chaque jour. Classique? Oui, mais tellement bien fait. C'est un vrai personnage de polar, comme j'aime, et que j'ai déjà hâte de retrouver (oui oui, le volume suivant est dans mon stock). 
Références à Lehane, à Mankell, à quelques noms du polar made in USA ou autre,  Pyromane montre que W. Chmielarz a "digéré" les influences du polar et du noir, sans oublier de parler de la Pologne d'aujourd'hui. Un thème est saillant dans Pyromane : les violences faites aux femmes et la domination masculine. Du machisme ordinaire aux coups, la gamme est large et tristement explorée par les hommes, exposée sans simplisme et sans manichéisme par l'auteur. 
Et Pyromane réserve son lot de surprises au lecteur. 
Pour moi en tout cas, l'expérience est concluante et je me réjouis de lire bientôt La ferme aux poupées
Enfin, une remarque encore sur l'objet livre : la couverture est superbe, beau travail (comme toujours) des éditions Agullo, dont le catalogue compte beaucoup à mes yeux. On est encore dans l'époque où seul le bandeau précise les références du livre, et c'est beau. Je ne résiste pas au plaisir de mettre ci-dessus la couverture sans le bandeau.

Wojciech Chmielarz, Pyromane (Podpalacz), Agullo Editions, Agullo noir, 2017. Traduit du polonais par Erik Veaux. Disponible en numérique.

2 commentaires:

Electra a dit…

très beau billet qui donne envie de découvrir cette série et en plus d'aller en Pologne !

Tasha Gennaro a dit…

Je ne suis jamais allée à Varsovie, mais à Cracovie, une fois, et j'ai A-DO-RE!