lundi 25 décembre 2017

Vingt-cinq choses à propos de la lectrice que je suis


Readers - PascalCampion sur deviantart.com

Vingt-cinq comme le 25 décembre, jour de Noël… Vingt-cinq remarques égotistes, je le reconnais (vous êtes prévenus).

1. Je ne peux sortir sans avoir un livre avec moi, ou en tout cas cela m’arrive rarement. Désormais c’est souvent ma liseuse que j'embarque et j’avoue que c’est plus simple (elle loge toujours dans mon sac, d’ailleurs quand je choisis un sac, je le vérifie au préalable, on ne rigole pas avec ça). Dans 99% des cas je n’ai pas le temps de sortir mon livre, mais il suffit que je n’en emporte pas avec moi pour éprouver le besoin irrépressible de lire. Récemment, mini-festival avec quatre concerts dans la soirée : le deuxième était barbant, j’ai regretté de ne pas avoir de livre (oui, je peux lire en plein concert, et alors ?).

2. J’aime recevoir des livres en cadeau et tout autant en offrir : réfléchir à quel titre pourrait faire plaisir, choisir, c’est délectable. Espérer faire mouche…

3. Je déteste prêter mes livres, sauf à Babounette, qui pour sa part lit les livres, les respecte et avec qui j'ai toujours plaisir à en parler. La plupart du temps : on ne me rend pas le livre, je perds de vue les gens pile à ce moment-là, ou pire, on me le rend abîmé.

4. Inversement, je n’aime pas beaucoup qu’on me prête un livre alors que je n’ai rien demandé : je perçois ça comme une injonction à lire ce titre-là à ce moment-là, et j’ai horreur de ça. Et ça me pèse tant que je ne l’ai pas lu, parce que je me dis qu’il faut le rendre sans trop tarder. Je suis tellement versatile dans mes envies de lectures… Donc si on me conseille un titre, je note les références et puis c’est marre.

5. Pour les mêmes raisons et après quelques tentatives, je ne fais pas de lectures communes, et pas de challenges contraignants (le seul qui me plaît vraiment est le challenge Pavé de l’été de Brize, même si je ne l’ai pas fait cette année).

6. Je ne vais plus jamais en bibliothèque. Problème de temps, et toujours cette versatilité de mes choix de lectures. Pourtant, j’ai adoré flâner entre les rayons, arriver sans idée arrêtée et découvrir de belles choses… C’est aussi que j’aime moins emprunter des livres à la couverture souple, devenus la règle en rayonnage : pour moi, les livres de bibliothèque étaient spéciaux, ils étaient reliés. Maintenant ils ressemblent à tout et à rien, et sont par conséquent en moins bon état. Cela me reviendra peut-être, qui sait...

7. Après des années d’amour immodéré pour les poches, je suis devenue fan des grands formats. Certes ils sont chers, mais le confort de lecture est grand. Mes Série Noire sont drôlement plus chouettes que les Folio Policier. Mais Folio Policier m’a permis de découvrir des auteurs, hein, je ne dis pas le contraire. Et les poches, c’est plus… petit et moins cher (non, ne me remerciez pas, le caractère informatif de ces lignes est stupéfiant)…

8. J’ai du mal à m’endormir si je n’ai pas lu quelques pages… Ou c’est que vraiment il est trèèès tard, ou que je suis malade.

9. Je regrette la presse littéraire. Je suis lasse de Lire, peut-être à cause des changements éditoriaux (à peine perceptibles mais je vois bien que je n’y trouve plus d’envies nouvelles de lecture, ou trop peu). Le Magazine littéraire ne m’a jamais passionnée et il semble prendre une autre orientation si j’en crois la déclaration d’intention sur leur site… J’ai le souvenir d’un magazine qui me passionnait, Les nouvelles littéraires, je crois, dans les années 1980 : j’avais 13 ans et j’aimais ce format immense. Il y a eu un autre magazine au tournant des années 2000 mais je n’arrive pas à me rappeler son nom (Babounette, tu te souviens, toi?).

10. Longtemps je me suis refusée à jeter des livres. C’était sacrilège. Maintenant je m’en fiche. Je donne à Emmaüs de préférence, mais si un livre est trop abîmé, zou ! poubelle. Même chose si je trouve le livre nul (non je ne citerai personne), avec même une certaine délectation vengeresse : « ah ! tu as cru pouvoir m’infliger ta nullité et t’en tirer ? Va tâter de la peau de banane et du pot de yaourt vide, tu vas moins rigoler ! »

11. Je n’arrive pas à classer mes livres. Il y a pour les romans de vagues principes de classement (par éditeurs/collections pour les polars, ou par ordre alphabétique auteurs), mais au-delà, ça peut être le plus complet désordre : soit parce que je me suis arrêtée au classement par collection et qu’à l’intérieur, c’est n’importe quoi (mes Folio Policier par exemple) soit parce que s’ajoutent de manière incohérente mes acquisitions. Résultat : un joyeux bordel, des temps fous à chercher un titre, que je rachète parfois faute de l’avoir trouvé… (et là bien sûr je retrouve le bouquin)

12. Je déteste qu’on me fasse la lecture à voix haute. J’aime de temps en temps les livres audio, mais quand un proche me fait la lecture, ça m’horripile. Je ne sais pas pourquoi.

13. Je lis de moins en moins les quatrièmes de couverture. J’entends parler, souvent par vous, de livres, je sais de quoi parle le livre dans les grandes lignes, mais il arrive que j’oublie, ou qu’en fait je ne sache rien, et je plonge sans rien savoir, sans rien anticiper, donc. Dernière expérience de ce type, avec un livre dont je ne savais rien de rien : Aquarium de David Vann. Le bonheur pur…

14. J’ai toujours du mal à assumer certaines lectures, quelles que soient mes grandes déclarations.  Oui c’est nul.

15. J’adore savoir ce que lisent les gens quand des lecteurs m’entourent. Et moi qui suis asociale, je pourrais entamer la conversation si je n’avais pas peur de déranger. La semaine dernière, dans une salle d’attente, une jeune femme commençait La Naissance de la tragédie de Nietzsche et une dame d’une cinquantaine d’années s’acheminait vers la fin de Quartier perdu de Modiano… Cela m’a réjoui le cœur.

16. Quand je lis, j’ai horreur qu’on me dérange par des bavardages. Je ne sais pas, qu’est-ce qui ne se voit pas ? Je lis. Je répète : je lis. Cela veut dire : je ne suis pas disponible, circulez… Mais non, certaines personnes (qui à mon avis ne lisent pas) parlent, posent des questions, et bla bla… C’est pour ça que je ne dérange pas les gens que je vois lire, surtout les inconnus, pensez donc.

17. Quand j’étais adolescente, on s’amusait entre copains à faire le questionnaire de Proust (amis snobs, bonsoir). A la question « quel serait votre plus grand malheur ? », je répondais invariablement « devenir aveugle », car je songeais : je ne pourrais plus lire… Insouciance de l’adolescence… Ceci dit, je crois que je pourrais me passer de films et de séries, à la limite de musique, mais de livres… Ouch, ce serait difficile.

18. La question qui m’agace : « toi qui aimes tant lire, pourquoi est-ce que tu n’écris pas ? » M’enfin, y a assez de gens qui publient comme ça, et je n’ai rien à dire, aucune imagination, et qui plus est aucun talent d’écriture.

19. L’un des trucs qui me chiffonnent, et pas qu’un peu, avec le monde de l’édition : que les auteurs soient si mal rémunérés. Sans eux pas de livres. Mais ils sont ceux qui gagnent le moins.

20. J’en ai marre qu’on adapte des romans (en films, en série, en BD). A de très rares exceptions près, le livre est meilleur. Et puis creusez-vous les méninges, messieurs les producteurs et les éditeurs. Y a des scénaristes (même si cette profession n’est guère valorisée en France) : ils ont des idées formidables. En plus je suis de mauvaise foi : si l’adaptation est fidèle, je dis « à quoi ça sert ? » ; si elle est très infidèle, je dis « mais qu’est-ce que tu vas m’adapter ce roman si c’est pour faire n’importe quoi ? ». Insupportable, je vous dis. Quelques adaptations trouvent grâce à mes yeux : Mystic River adapté par Eastwood : c’est du Lehane, et c’est aussi un vrai film d’Eastwood.

21. Plus globalement, j’aimerais que le monde de l’édition soit plus respectueux des auteurs et des lecteurs : en payant mieux les auteurs, les traducteurs, et en payant de vrais correcteurs, parce que les livres et les BD qui ont des coquilles (ou des fautes), c’est de moins en moins rare…

22. Je suis une catastrophe ambulante côté mémoire. J’oublie presque tout : les intrigues, les noms des personnages. Parfois j’oublie même que j’ai lu un livre, et quand je le (re)commence, je finis par me dire : Damned, je l’ai déjà lu. En même temps, ça a un avantage : quand je relis sciemment, je suis ravie et je peux être surprise.

23. Mon envie de lire toujours plus et mes achats parfois frénétiques sont une source de bonheur. Je n’ai aucune honte à voir grandir mon stock déjà monstrueux. J’aime acheter des livres, vos blogs font naître de nouvelles envies, et je cherche les ennuis, par exemple en suivant le Calendrier de l’avent des libraires relayé par Benoît Minville sur Facebook. C’est mon péché mignon, je n’en ai jamais assez, et je ne regrette jamais un achat livresque, même impulsif et irraisonné.

24. Quand je vais dans une ville que je ne connais pas, en France ou à l’étranger, je vais dans les librairies. Alors bien sûr, en Pologne ou en Allemagne, je ne peux acheter de livres, ne parlant pas les langues, mais je regarde, je m’amuse (« oh ! regarde, ils ont traduit machin chose »), et même quand je suis environnée de livres en polonais, je me sens rassurée : les librairies me réconfortent. Y en a qui se sentent bien dans les gares, ou dans les cafés, moi c’est les librairies.

25. Lire ne me réconforte pas en toutes circonstances. Trop souvent, quand je suis soucieuse, angoissée, ou que les ennuis pleuvent, je ne peux pas lire. Mais une chose est certaine : c’est l’un de mes plus grands bonheurs et depuis fort longtemps, que de me laisser absorber par une histoire, séduire par des personnages, emporter par des émotions « pour de faux ». Tourner les pages avec impatience, redouter de finir le livre, trépigner en attendant une suite, guetter la sortie d’un livre tant attendu… Disons que rien n’a été aussi constant dans ma vie depuis que je sais lire, et aussi marquant. C’est une bulle, mais une bulle qui ouvre sur le monde et sur les autres. J’espère que ça va continuer longtemps…

Et vous ?



5 commentaires:

keisha a dit…

Long texte, mais j'ai tout lu, et je m'y retrouve parfaitement.
Sauf pour les bibliothèques, à une époque j'achetais des sacs entiers en librairie, maintenant je suis plus stricte (même si craquages parfois), et j'adore me balader dans les rayons de la bibli, désespérée de toute les découvertes potentielles!

Tasha Gennaro a dit…

Je pense que cela reviendra, pour la bibliothèque. Pour le moment, c'est surtout un problème de temps (et d'horaires!), mais je vois très bien de quoi tu parles: se laisser surprendre...

Electra a dit…

j'attendais d'être chez moi pour lire ce long billet ! et me reconnaître (en partie) et sourire à certains passages ! on a tous nos manies et ton billet me donne envie de le voler ! je lis des magazines dédiés aux livres mais sur Internet - des articles étrangers - je reste abonnée à Lire mais au final, cette année, j'ai peu de livres en commun avec eux. Pour les adaptations, elles ont toujours existé (Simenon et Maigret...) il n'existait pas de scénariste télé ou ciné, les livres étaient leurs sources ... après, elles sont bien ou très mal faites (on a tous es exemples) mais oui Mystic River, le livre m'a tellement marqué et j'ai beaucoup aimé l'adaptation.

on a le droit de te le piquer ? Bonnes vacances si tu en as (moi la semaine prochaine)

Tasha Gennaro a dit…

Tu as raison pour les adaptations, je suis d'une mauvaise foi affligeante... Et oui, mille fois oui, pique!!!!

Electra a dit…

MDR - je me souviens de la première adaptation d'un roman que j'avais lu et j'étais en colère et j'avais douze ans ! Okay, je te le pique !