Présentation
L’orpheline Jane Eyre n’est pas heureuse auprès de la tante qui l’a
recueillie et elle est soulagée de quitter sa demeure pour une pension rude
mais qui lui permettra d’accéder à l’instruction et à l’indépendance. Ainsi, à
18 ans, elle devient la gouvernante de la jeune Adèle, dans le château de
l’ombrageux Lord Rochester.
Mon avis
Voilà un an, comme je regardais avec plaisir la mini-série de la BBC,
adaptée du roman de Charlotte Brontë, je me promettais dans la foulée de relire
le roman (lu adolescente) et d’aller voir au cinéma la toute nouvelle
adaptation.
Nous y voilà, j’ai enfin relu le roman et le DVD du film m’attend
sagement, j’espère le regarder rapidement pour le chroniquer.
Je vais commencer par le « négatif » : avant toute chose
– et cela conditionne la réserve suivante – je dois reconnaître que j’ai
tellement l’histoire en tête que la tension narrative en a pris un coup. Je ne
suis plus surprise, je ne vibre plus. Il faut dire aussi que je n’ai plus 13
ans : à l’époque, j’ai pleuré à chaudes larmes sur le roman, fait
suffisamment rare pour qu’il m’ait marquée. Bref, ce n’est plus le grand
frisson et cela me désole. Ensuite, cela a une conséquence fâcheuse : les
798 pages de mon édition électronique m’ont parfois semblé longues, notamment
certaines discussions entre Rochester et Jane (dieu que ce type est bavard !)
ou pire encore, certaines discussions entre St. John et Jane. St. John m’étant
profondément antipathique, ses longs développements m’ont pesé… Enfin, le grand
nombre de références à la religion m’a surprise, comme Brize je n’en avais pas
le moindre souvenir, et j’ai béni (ha ha suis-je drôle) l’édition Folio,
excellemment dirigée par Dominique Jean, pour ses notes nombreuses, précises et
claires.
Ceci étant dit, qu’ai-je aimé retrouver ou redécouvrir ?
Evidemment, le personnage de Jane. Pour être honnête, j’ai parfois
tiqué devant sa soumission à Rochester, les relations maître-servante débordant
parfois un peu trop sur leur relation amoureuse. En même temps, le livre est de
son époque (si je puis dire : j’y reviendrai). Mais en général, elle fait
preuve d’une belle indépendance intellectuelle, spirituelle et financière.
Obstinée, parfois entêtée, éventuellement révoltée, elle ne correspond pas au
stéréotype de l’héroïne romantique (cf. les héroïnes admirées de Madame
Bovary). Evidemment, comment ne pas succomber au charme rude de lord
Rochester ? Je ne vais pas m’attarder là-dessus, mais même loin de mes 13
ans, le charme opère, bien plus qu’avec certain héros de saga romantique
contemporaine…
En dépit de la tension narrative érodée par ma familiarité avec l’histoire,
le souffle romanesque est bel et bien là. La construction est impeccable, je
mesure aussi combien l’intrigue est surprenante, pleine de rebondissements pour
le lecteur qui découvre le roman. Le souffle est lié aussi à la facture
romantique (romantisme tardif ?) de l’ouvrage : je ne pense pas
seulement aux personnages, à leurs relations, à leur vision du monde ; il
y a l’évocation de la nature, des lieux, ça vibre, ça soulève l’âme.
Pour finir, deux remarques en passant : je suis frappée par
l’absence d’ancrage social, historique du roman (c’est l’avis de Brize qui m’y
a rendu sensible) ; je ne saurais dire si cela confère un côté atemporel à
cette histoire, mais cela me fait penser à l’atemporalité des contes de fées.
St. John m’est aussi antipathique qu’Angel Clare dans Tess d’Urberville, les deux personnages ont à mes yeux des points
communs, mais ma lecture du roman de Thomas Hardy date, elle aussi, c’est donc
peut-être ma mémoire qui me joue des tours. Et Jane est mieux armée que Tess…
Je suis heureuse d’avoir relu ce grand roman. Je ne suis pas certaine
qu’il y aura une autre relecture plus tard, mais qui sait ?
En tout cas, en voilà un de plus pour le challenge Pavé de l'été!
Pour qui ?
Pour tous ceux qui ont envie de se laisser emporter par un grand roman.
Le mot de la fin
D’un romantisme ébouriffant.
Charlotte Brontë, Jane Eyre (Jane Eyre), Gallimard/Folio Classique,
2012. Edition dirigée et traduction par Dominique Jean. Publication
originelle : 1847.
2 commentaires:
J'ai lu ton billet avec intérêt (et j'aime quand tu "bénis" ton édition Folio !) : on se retrouve pas mal dans nos ressentis. Comme toi, j'étais ravie de cette relecture, même s'il n'y a plus le charme (je devrais dire la passion) de la découverte.
Oui, ce n'est plus tout à fait ça... Il faudra que je relise Les Hauts de Hurlevent, pour voir si l'intérêt s'est émoussé là aussi.
Enregistrer un commentaire