Ayant lu avec plaisir le premier volume de la trilogie de Suzanne
Collins, j’ai eu envie de voir le film. Il me semblait que les critiques
avaient été un peu tièdes en France (mais je me souviens surtout de la critique
des Inrocks) et j’avais été « prévenue » par de jeunes adultes autour
de moi, grands amateurs des romans, déçus par le premier volet
cinématographique (l’éternel problème…).
Pourtant, j’ai été très convaincue par l’adaptation de ce premier opus,
réalisée par Gary Ross (à qui on devait entre autres Pleasantville). Ce n’est pas un grand film, il ne révolutionnera
pas le 7ème art, je peux comprendre la déception des fans du roman, car
le film ne peut rendre compte de certains éléments, pris en charge par la
narration à la première personne, par la construction même du roman. Je me
souviens également que les Inrocks avaient trouvé l’héroïne du film bien lisse,
un peu fade, et ce n’est pas complètement faux, Jennifer Lawrence peinant un
peu à donner de la profondeur à son personnage, tout en action, tout en positif
(comme dans le roman mais sans les possibilités narratives qu’offre le point de
vue interne). Ce n’est d’ailleurs pas la jeune comédienne qui est en
cause : elle ne joue pas mal du tout, elle ne peut donner à son personnage
beaucoup d’intériorité, c’est tout.
Cependant, le scénario rend justice, à mon sens, au roman, il aménage
quelques aspects, en élimine d’autres et l’on peut bien sûr le regretter, mais
cela permet de proposer un film d’une durée correcte. Personnellement je
préfère cela à un film de trois heures, fâcheuse tendance des productions
hollywoodiennes ces dernières années… L’essentiel y est.
La violence n’est pas édulcorée, soulignant que ce premier volet est
somme toute un roman de guerre, plus encore qu’un roman dystopique – l’aspect
dystopique est probablement pour plus tard. Le commencement des jeux est
ultra-violent, le massacre est montré, sans complaisance toutefois. La
sélection primordiale souligne le côté dystopique de cet univers, et j’ai
trouvé que l’acheminement des « candidats » suggérait certaines
images hélas trop réelles, celles de l’arrivée dans des camps de concentration,
mais peut-être est-ce une surinterprétation de ma part.
J’ai enfin trouvé remarquable le traitement de la bande-son. Gary Ross
ne cherche jamais le pathos, même s’il n’esquive pas l’émotion – par exemple avec
l’épisode de la mort de Rue. Il évite un piège, celui de l’emphase, notamment
avec l’utilisation parcimonieuse et subtile de la musique. Il n’oublie pas que Hunger Games joue avec les outrances de
la télé-réalité, ici poussée à son paroxysme, faisant appel sans vergogne à une
musique lourde et invasive, qui dicte aux spectateurs leurs émotions. Cet
aspect est très bien montré par les cérémonies qui ponctuent l’intrigue. Par
conséquent, le film utilise peu et intelligemment la musique : il m’a
frappée par son utilisation du silence. Il faut dire que je suis sensible à
l’omniprésence d’une musique pompeuse dans le cinéma américain, souvent
redondante avec les émotions suggérées par les images et les dialogues, j’ai
trop souvent envie d’étrangler le compositeur... Quand la musique est utilisée
dans Hunger Games, elle ne s’impose
pas au spectateur en lui dictant ses émotions, elle reste discrète.
Le second volet ne sera pas réalisé par Gary Ross mais par Francis
Lawrence, réalisateur du (consternant) Je
suis une légende* et de nombreux clips vidéos. Je ne doute pas de son
talent mais son pedigree me fait craindre une adaptation plus conventionnelle
et « branchée ». Wait and see…
*ce n’est d’ailleurs pas la mise en scène qui est en cause à mon sens
mais le scénario, adaptation ridicule du fabuleux roman de Richard Matheson.
Hunger Games, film réalisé par Gary Ross, 2012, produit par Lions Gate Film (USA).
Musique de T-Bone Burnett et James Newton Howard.
4 commentaires:
Pas vu à sa sortie en salles, mais j'ai été agréablement surprise (et la Miss aussi) en le découvrant tout récemment à la télé. Comme en plus ma lecture de ce tome 1 remontait à 3 ans (je viens de regarder la date sur mon blog, c'est un excellent pense-bête ;)), la comparaison entre la version papier et la version ciné n'était pas pointue du tout. J'ai donc trouvé que le film rendait bien compte de ce que j'avais retenu du livre !
Parfaitement d'accord! Je sais que le film a plu à des gens qui n'avaient pas lu le roman. Pas comme ces films auxquels on ne comprend rien si on n'a pas lu le roman (= adaptation ratée).
J'ai été déçue par le film, mais j'avais tellement aimé la trilogie...l'actrice me plaît bcp, ce n'est pas le cas des deux garçons que je trouve mal choisis. Cela étant j'ai passé un bon moment...sans être transportée.
Je crois que découvrir en même temps le roman et son adaptation est pour beaucoup dans mon absence de déception. Et j'avais tellement été prévenue contre le film que j'ai été agréablement surprise. Ceci dit, je trouve que le film a de réelles qualités, en particulier son absence d'emphase...
Enregistrer un commentaire