Présentation
François Guérif a fondé la collection Rivages/Noir (et
Rivages/Thriller) : on lui doit certains des plus grands auteurs de romans
noirs. Dans une série d’entretiens avec Philippe Blanchet, il revient sur l’ensemble
de la littérature policière et du roman noir en particulier, sur sa trajectoire
d’éditeur, sur les grands auteurs du genre.
Mon avis
Bon, il faut déjà que je vous dise : pour moi, François Guérif,
c’est le maître absolu, un peu le dieu du roman noir en France, côté éditeur
(faudrait que je fasse mon Olympe du noir, ce serait amusant). Certes, il y eut
Marcel Duhamel, qui a fait exister le genre en France en créant la Série Noire,
mais François Guérif nous a donné quelques unes des plus grandes merveilles de
la littérature du 20ème siècle. Et j’ai bien dit
« littérature », pas polar. Pour lui emboîter le pas, je le dis bien
clairement : le roman noir, c’est de la littérature.
Bref. François Guérif publie un livre d’entretiens sur le polar :
sur sa trajectoire de libraire et d’éditeur, sur les grands hommes du noir (de
Léo Malet à James Ellroy en passant par Pierre Siniac, Robin Cook ou Donald
Westlake, pour ne citer qu’eux), sur la littérature policière et le roman noir
en particulier, son évolution, ses auteurs majeurs. C’est passionnant et l’on
apprend des tas de choses, bien au-delà de l’anecdote, sur ce qu’est le roman
noir, sur sa difficile acceptation littéraire (toujours pas acquise
complètement). C’est un fait et si on le savait déjà, ce livre apporte des
précisions : après l’avènement permis par la Série Noire, il y a eu une
sorte de révolution Rivages/Noir : Guérif est un éditeur passionné qui
s’attache à suivre un auteur et son œuvre, qui a donc une politique de
publication cohérente, parfois exhaustive ; surtout, il a révolutionné les
usages en matière de traduction. La Série Noire a créé un format mais aussi une
langue propre au genre, à grand renfort d’argot pittoresque : le prix à
payer (pour l’auteur et le lecteur) était le caviardage des textes (on coupe,
on coupe !) et une traduction parfois très approximative*. Je me suis déjà
agacée contre les traductions, chez Rivages, de Van de Wetering, mais
globalement, Rivages/noir s’attache à des traductions soignées de textes intégraux.
Guérif revient assez longuement là-dessus, et c’est très intéressant.
François Guérif le martèle et il a bien raison : le roman noir,
c’est avant tout une écriture (et pas un sujet). C’est ce qui fait la
singularité de James Ellroy, de Jim Thompson, de Pierre Siniac et de tous les
autres : « c’est une musique qui s’installe, dès les premières
lignes, et qui t’emporte. Qui te bouleverse. Qui t’émeut, et qui ne te lâche
plus. » (p. 153)
Par conséquent, Du polar est
un livre qui donne envie de lire, de lire, de lire : à côté des romans que
j’avais bien sûr lus, il y avait tous ceux qui sont encore à découvrir
(chouette !). Rien de tel qu’un
amoureux du noir pour vous donner envie d’en dévorer encore et encore, sa
passion est communicative… A compléter ensuite par les (fabuleuses et
indépassables) Chroniques de
Jean-Patrick Manchette, publiées précisément par Rivages, une des plus
formidables analyses du genre que je connaisse.
Pour qui ?
Pour tous les amoureux du roman noir et aussi pour ceux qui le
connaissent peu et qui voudraient s’y plonger. La forme de l’entretien rend le
livre aisé à lire, très plaisant.
Le mot de la fin
Indispensable.
François Guérif, Du polar.
Entretiens avec Philippe Blanchet, Manuels Payot, 2013.
2 commentaires:
(Honte à moi) je ne connaissais même pas François Guérif... Mais, tel que tu le présentes, le livre m'intéresserait.
Ben non, c'est aussi parce que je m'étais intéressée pour le boulot à ce qui se passait dans le milieu polar que je le connais!
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