Présentation
Un groupe d’hommes part pour la guerre de 14. Blanche attend et espère
le retour de deux d’entre eux. Tout le monde pense que le conflit sera court.
Mon avis
Bon, ça ne peut pas marcher à tous les coups. Je n’ai pas beaucoup aimé
14, alors que j’aime énormément le
travail de Jean Echenoz habituellement. Certes, je n’ai pas détesté, j’ai eu
quelques beaux moments et ce (très court) roman ne m’est pas tombé des mains
(123 pages : pas eu le
temps).
Mais :
- je suis restée complètement en dehors ;
- je n’ai pas compris ;
- je suis passée à côté.
(rayez la mention inutile si vous voulez, je n’ai pas la réponse, je
crois que c’est tout ça à la fois)
Je vois çà et là, dans la presse, des critiques dithyrambiques de ce
nouvel opus d’Echenoz, et je m’étais d’ailleurs précipitée sur le roman dès le
jour de sa sortie, habituée à adhérer à tout ce qu’il fait, confiante. Je lis
les critiques et si j’entends bien certaines louanges, je reste interloquée par
mon manque d’adhésion.
Nous suivons donc un groupe de jeunes gens appelés à combattre dans les rangs
de l’armée française pendant la guerre de 14-18, ainsi que celui d’une jeune
femme, Blanche. Echenoz prend le parti de retranscrire la perception qu’ont ses
jeunes personnages, au ras de leur perception, sans prétendre délivrer de grand
message, ni une quelconque analyse distanciée. Du barda mi-indispensable
mi-saugrenu aux réalités terriblement concrètes de la survie dans les
tranchées, c’est une vision à hauteur d’homme – et de femme – qui nous est
livrée ici, sans fioritures, sans émotions.
J’ai en premier lieu été déconcertée par la briéveté du récit. Jean
Echenoz élimine légitimement certains de ses personnages rapidement (ou plutôt
est-ce la guerre), et j’ai apprécié par exemple la superbe scène où Charles,
propulsé aviateur, se fait tuer en plein vol. Cependant, j’aurais aimé que le
récit prenne un peu plus son temps, qu’il développe le personnage de Blanche
mais aussi celui d’Anthime, et la fin m’a semblé plus qu’abrupte. Cela avait
pourtant bien commencé : j’aime énormément l’ouverture du roman, le moment
où l’un des personnages, à la fois incrédule et résigné, entend sonner le
tocsin qui annonce la mobilisation : cette irruption d’une guerre encore
abstraite dans le quotidien des hommes est très réussie. Mais la suite ne m’a
pas convaincue. Pour moi, le roman a quelque chose d’inabouti, d’inachevé. Je
veux bien que l’on s’extasie sur cette espèce de miniature qu’est 14, que le romancier prenne le
contrepied des grandes envolées lyriques et épiques dont certains abusent pour
évoquer les grands conflits du 20ème siècle, je ne suis pour ma part
pas emballée par le résultat. Si le récit se concentrait sur une courte
période, je pense que je pourrais adhérer à ce choix narratif, mais le roman
embrasse une période qui ne souffre pas l’extrême concision, à mon avis.
Ensuite, je dois avouer que je trouve le roman inégal dans son
écriture. Je le répète, je suis de près le travail de Jean Echenoz depuis des
années, et j’apprécie entre autres choses son style, un mélange d’épure, de
précision et de singularité. Il y a pour moi un ton Echenoz, un rythme, bref,
une petite musique propre à l’auteur. Mais dans 14, si j’ai trouvé certains passages admirables, d’autres m’ont
presque irritée, parce que j’ai eu le sentiment que certaines phrases
confinaient à la pose. J’en suis la première stupéfaite. Peut-être est-ce moi,
peut-être n’était-ce pas le bon moment. Que s’est-il passé pour que je reste à
côté de ce roman ? Peut-être n’ai-je rien compris au projet d’Echenoz.
J’en suis bien triste…
Entendons-nous bien : je ne suis pas déçue de n’avoir pas lu un
grand roman sur la guerre de 14. D’abord, je pense que Jean Echenoz fait ici
œuvre originale en la matière, par cette écriture minimaliste en contraste avec
un événement historique démesuré ; ensuite, je ne cherchais pas un énième
roman sur 14-18, un document qui m’aurait apporté des connaissances. Non, je
suis déçue parce que je cherchais le Jean Echenoz qui m’est cher, qui me fait
entendre son point de vue si particulier sur le monde, qui joue parfois avec
les genres (des mauvais genres à la biographie dans ses dernières œuvres), qui
m’enchante par son écriture, et que je ne l’ai pas trouvé…
Pour qui ?
Pas pour moi, en tout cas.
Le mot de la fin
Je vais plutôt relire Les grandes
blondes.
Jean Echenoz, 14, Editions de
Minuit, 2012. Lu en e-book.
4 commentaires:
Great post however I was wondering if you could write a litte more on this topic? I'd be very grateful if you could elaborate a little bit further. Cheers!
Oserai-je le dire... je n'ai jamais lu Echenoz (voilà, c'est fait !).
Tu me conseillerais lequel ou lesquels, pour découvrir l'auteur ?
J'ai un excellent souvenir des Grandes blondes, de Cherokee et du Méridien de Greenwich! J'ai découvert Echenoz quand je m'intéressais à Manchette : je sais, ça peut sembler bizarre.
Ce livre m'est tombé des mains...l'écriture m'a irritée..heureusement j'ai pu échanger ce "livre" pour des textes de Pierre Michon. J'ai même pensé à une imposture.
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