Présentation
Le récit s’ouvre à notre époque, sur les funérailles de Dominic Hank
Raines, romancier à succès. Nicolas Lash, héritier de cet ami de son père
(interné, nous l’apprenons plus tard), y rencontre la superbe Jo, qui
intervient miraculeusement la nuit suivante, alors que Nicolas est la victime
d’un cambriolage ultra-violent au domicile du défunt. A partir de ce moment, la
narration bascule en 1956 : Josephine, qui ressemble étrangement à Jo,
rencontre Hank Raines, journaliste, qui s’intéresse à des meurtres très violents
et rituels ; elle est sous l’emprise d’un flic, Walter Booker, qui enquête
sur cette série de crimes atroces.
Mon avis
Du duo Sean Phillips/Ed Brubaker, je connaissais la série Criminal (du moins les deux premiers
tomes), dont j’ai apprécié le trait et le ton noirs, sans concession. C’est
pourquoi, en voyant un nouvel opus nommé Fatale,
je n’ai pas résisté. Mon impression est assez mitigée, mais penche tout de même
du côté du positif. Je ne suis pas une spécialiste des arts graphiques, donc
mon analyse sera peu technique.
Côté dessin, il n’y a pas grand-chose à redire : hormis quelques
cases un peu moins réussies que les autres, l’ensemble est du grand art. On
retrouve ici le trait de Sean Phillips, tout en ombres, au trait (de contour)
un peu épais, qui pour moi travaille plus sur l’atmosphère que sur un rendu
vraiment réaliste. L’ambiance est digne des films noirs, à la fois dans la
peinture des lieux, bas-fonds, bars et rues sombres, et dans les portraits de
personnages, au point que je vois – peut-être à tort – des références dans
certaines cases. Je n’ai pu m’empêcher de penser à La Comtesse aux pieds nus dans la toute première case, et la
vénéneuse Joséphine me fait penser, dans certaines cases, par le cadrage, les
couleurs, à Ava Gardner.
Côté scénario, j’ai été plus déconcertée, sans doute influencée par ma
lecture de Criminal. Fatale, conformément aux attentes
suscitées par son titre, convoque les codes du roman/film noir : femme
fatale, flics corrompus et perdus, hommes déboussolés et affolés par la
créature somptueuse qu’est Jo, ambiance glauque, secrets, tout y est, dans un
scénario assez complexe, qui superpose les époques. Mais Ed Brubaker injecte
une bonne dose de fantastique, pour ne pas dire d’horreur : l’enquête
tourne autour de meurtres qui semblent être le fait de membres d’une secte
satanique, et de fait, le Malin rôde, le mystère s’épaissit autour de Jo (je ne
veux pas en dire plus). Rien de surprenant ici, me direz-vous, on a déjà vu
cela, ne serait-ce que dans certains romans/films noirs (je pense par exemple à
l’excellent roman de William Hjörtsberg, Le
sabbat dans Central Park, adapté au cinéma par Alan Parker sous le titre de
Angel Heart) et dans nombre de
fictions populaires. Pourtant, je suis un peu décontenancée au terme de la
lecture de ce volume, parce que je ne saisis pas le propos : que nous dit
ce récit si compliqué ? où nous emmène Ed Brubaker ? Pour le moment,
je suis dubitative. Cependant, il ne s’agit que du premier volume, qui
rassemble les cinq premiers « chapitres » (les premiers numéros ou « issues »),
et l’on peut parier que Brubaker va développer cet univers, lui donner sens
dans les épisodes à venir. Il est donc peut-être normal que je reste un peu sur
ma faim.
Je reste confiante, d’autant que je ne peux que reconnaître l’immense
talent du duo.
Pour qui ?
Pour les amateurs de bons comics. Pour ceux qui aiment les BD noires.
Le mot de la fin
A suivre de près !
Ed Brubaker, Sean Phillips, Fatale,
vol. 1 Death Chases Me, Image Comics,
2012. Contribution de Dave Stewart (color.)
A noter : le volume 2 est annoncé pour février 2013 (en anglais).
Disponible en V.F. chez Delcourt (2012) sous le titre Fatale, vol. 1 La mort aux trousses. Je préfère d’ailleurs la couverture française
(qui était la couverture de l’un des numéros originaux).
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