Présentation
(quatrième de couverture)
Manhattan, début 2001. Trois jeunes trentenaires se retrouvent déchirés
entre leurs rêves et les exigences du réel : Marina, apprentie journaliste,
écrasée par son père Murray, maître de l'intelligentsia new-yorkaise ;
Danielle, en quête de l'âme sœur et de reconnaissance professionnelle ; Julius,
pigiste gay, aspirant à se ranger sans pouvoir s'y résoudre. Leurs rapports se
compliquent dangereusement avec l'arrivée du séduisant Ludovic et celle du
provincial Bootie... De périlleux chassés-croisés sentimentaux en perspective,
avant que les masques ne tombent, dans une comédie de l'innocence perdue qui
culmine un certain 11 septembre. Par son jeu virtuose sur les points de vue,
son habileté à relier les trajectoires individuelles à l'Histoire, Claire
Messud nous offre le portrait réjouissant d'une métropole narcissique, et
recrée toute une époque, si proche et déjà si lointaine.
Mon
avis
Mitigé.
J’ai lu en quelques jours ce gros roman de
plus de 700 pages, on peut donc dire que c’est bon signe. De fait, j’avais de
plus en plus de mal à le lâcher et j’avais hâte de retourner à ma lecture. Les enfants de l’empereur a ce je ne
sais quoi de si américain, et plus précisément de si new-yorkais, qui me plaît
tant : roman choral, il s’attache à quelques membres de la bonne société, quelques
personnages liés par le sang, l’amour ou l’amitié. Claire Messud s’y entend
pour dessiner et faire évoluer ses personnages, pour entremêler leurs
histoires, nous faire entendre leurs voix. J’ai aimé le portrait sans
concession de cette classe privilégiée ; soit la férocité est portée par
certains personnages – car on a la dent dure envers autrui, envers ses pairs,
dans ce milieu – soit elle est liée à la façon dont Claire Messud construit ses
personnages. Murray et Marina, le père et la fille, sont d’emblée assez odieux,
même si l’on peut changer de « sentiment » à leur égard. Pour ma
part, j’ai peu à peu apprécié l’agaçante Marina, enfant gâtée et narcissique,
qui gagne en profondeur, même si elle n’est pas, à mes yeux, aussi sympathique
que son amie Danielle. De même, la construction du roman, qui s’achemine peu à
peu vers le 11 septembre 2001 qui va bouleverser ces existences, est assez
épatante car parfaitement maîtrisée.
Ce n’est pas un coup de cœur cependant.
J’ai ressenti un peu la même chose qu’à la lecture de La Belle vie de Jay McInerney : même si je peux m’attacher à
ces personnages, l’irritation l’emporte face à tant de narcissisme, et j’ai du
mal à m’émouvoir face à ces « gosses de riche ». Je reconnais
cependant à Claire Messud une qualité : certains de ses personnages ont
une position bien fragile dans ce milieu privilégié et elle ne se prive pas de
les faire vaciller – socialement, j’entends. Conséquence : pour moi, le
roman oscille entre profondeur et vacuité. Profondeur parce que, de fait, elle
dévoile les faux-semblants de ce milieu, met les enfants de l’empereur à nu, raille
les vanités. Vacuité parce que malgré tout, je ne peux m’empêcher de
m’interroger sur l’intérêt de cette démarche, sur la consistance du propos, ou
tout au moins sur sa nouveauté. Il y a quelques ridicules dans les
tergiversations des personnages, quelques introspections qui semblent bien
futiles et luxueuses, quelques dialogues qui sonnent un peu faux à mes yeux.
Je vais maintenant laisser faire le temps,
pour voir ce qu’il me reste de ce roman et de ses personnages. J’ai éprouvé un
réel plaisir à le lire, ce dont témoigne ma rapidité de lecture. Mais en dépit
de cela, je n’ai pas le sentiment d’avoir été réellement touchée.
Pour
qui ?
Pour les amateurs de romans
new-yorkais ; pour ceux qui aiment les romans choraux.
Le
mot de la fin
A découvrir.
Claire Messud, Les enfants de l’empereur (The
Emperor’s Children), Gallimard/Folio, 2009. Traduit de l’anglais
(Etats-Unis) par France Camus-Pichon. Première édition française :
Gallimard, 2008. Edition originale : 2006.
5 commentaires:
Ce roman ne m'a jamais tentée et ton billet confirme qui'l n'est pas pour moi.
J'ai un bon souvenir de ce roman (http://surmesbrizees.wordpress.com/2011/03/15/les-enfants-de-lempereur-claire-messud/), qui avait trouvé un écho en moi.
Ah! c'est rigolo, deux réactions différentes!
@ Gwenaëlle : je pense que le roman peut être touchant, mais j'ai tendance à attendre trop d'un "roman 11 septembre"...
@Brize : j'irai voir dès ce soir ton billet, je ne l'avais pas repéré sur ton blog!!! :-)
Moi je me laisserai bien tenter, à l'occasion...
En tout cas, ça embarque bien!
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