lundi 13 août 2012

Sur un lit de fleurs blanches de Patricia Parry



Présentation (quatrième de couverture)
Paris, 1885. La belle Clara Saint-James est une "horizontale" bien connue du Tout-Paris. Son protecteur, le richissime comte de La Paillerie, vient de mourir, lui laissant un curieux testament. Pourquoi est-elle chargée de remettre une somme considérable à Victor Dupuy, un jeune médecin ?
Mais la jeune femme n'a pas le temps de se pencher sur cette énigme.
Depuis quelque temps, on retrouve dans les tombes fraîchement creusées des cimetières parisiens, les dépouilles exsangues de jeunes innocents, délicatement allongés sur des lits de fleurs blanches. Quand Norbert, le petit groom de la courtisane, disparaît, c'est au médecin qu'elle fait appel.
De cafés à la mode en maisons closes clandestines, Clara et Victor Dupuy vont mener l'enquête dans un Paris en proie aux fantasmes scientifiques : médecins apprentis-sorciers, journalistes avides de sensationnel, feuilletonistes en mal de copie... Tout un monde s'ouvre à eux, terrain de jeux de gamins des rues livrés à eux-mêmes et à toutes les tentations.

Mon avis
J’avais vu le roman sur les étals des librairies en juillet, mais c’est le billet de Jean-Marc Laherrère qui m’a convaincue de l’acheter. Je n’ai pas été déçue !
L’intrigue pourra sembler conventionnelle aux amateurs de polars historiques, et met un peu de temps à s’emballer. Les amateurs de Dumas, Sue et Féval aussi la trouveront classique, dans ses motifs et dans son déroulement : pour ma part, je me doutais bien d’où venait le problème (où se nichait le « saigneur »), et certaines péripéties sont attendues. Cependant, j’étais loin d’avoir tout compris… J’ai donc eu le bonheur de révélations jusqu’au bout, sans être totalement ahurie par des retournements inattendus.
Bref, c’est un pur bonheur de roman-feuilleton que ce mélange d’attendu et de surprenant, et en cela, même le caractère (un peu) prévisible de certaines péripéties ne fait que respecter les conventions du genre. J’ai retrouvé là le souffle des récits populaires du 19ème siècle, un sens du rythme certain – un lent crescendo et une accélération très forte dans la deuxième partie –, des personnages hauts en couleur, des rebondissements savamment orchestrés.
Mais Patricia Parry ne se livre pas à un pastiche du roman-feuilleton, elle rend plutôt hommage au genre en lui insufflant une bonne dose de modernité. J’ai adoré le duo atypique formé par Victor Dupuy, médecin à l’ascendance noire qui heurte tant la société de l’époque, et Clara Saint James, prostituée qui fascine les hommes autant qu’elle attire le mépris des bien-pensants. Avec une mention spéciale à cette dernière, personnage qui ne sombre jamais dans la caricature, et qui tranche avec les « héroïnes idiotes » dont parlent les feuilletonistes…
De même, j’ai beaucoup aimé l’écriture : Patricia Parry joue avec le style du roman-feuilleton en insérant quelques extraits d’un vrai-faux roman-feuilleton publié par l’un des protagonistes (enfin, surtout par ses nègres). De même, elle multiplie les références à la littérature populaire de l’époque. Ensuite, l’alternance des points de vue (signalés par les typographies différentes) est un vrai plaisir : on suit Victor Dupuy, qui évoque mieux que personne les préjugés de son époque mais qui se défie aussi des siens (envers les femmes comme Clara), on épouse le point de vue de Clara (dans le récit à la troisième personne) ou d’autres protagonistes.
Enfin, le polar historique se mâtine de noir, avec un propos social fort : du sort des enfants des rues, gosses abandonnés, défavorisés, on apprend beaucoup, tout comme le roman fourmille de précisions sur certains aspects de l’histoire de la médecine, sur les strates de la société parisienne, sur le rapport de l’état et de l’armée à ses officiers et soldats noirs. J’en oublie… c’est que le roman n’est jamais pesamment didactique, mais tout simplement passionnant. Il n’y a pas du tout cette pesanteur dans la reconstitution et la description que peuvent avoir certains polars historiques (je ne citerai pas de noms…), c’est vivant et palpitant !
J’ai dévoré le roman, et cela fait du bien : vous savez, cette hâte d’en savoir plus, d’avancer, et cette tristesse en arrivant à la fin du livre… Pas envie de quitter les personnages, pas envie d’abandonner cet univers foisonnant.

Pour qui ?
Pour les amateurs de polar historique, de roman-feuilleton, pour tous ceux qui veulent en savoir plus sur la société du 19ème siècle, pour tous ceux qui ont envie de rendre les armes face à un récit d’un romanesque échevelé et maîtrisé.

Le mot de la fin
Captivant !

Patricia Parry, Sur un lit de fleurs blanches, Editions du Masque, 2012 (6,90 €). 

2 commentaires:

Loo a dit…

C'est un livre qui devrait me convenir. Je ne sais pas comment sera l'approche avec le style mais j'ai bien envie d'essayer.

Tasha Gennaro a dit…

J'espère que tu aimeras!