Présentation (éditeur)
1954, au nord du New Hampshire, à
Twisted River, pays sauvage des bûcherons et des flotteurs de bois, les
draveurs, Dominic Baciagalupo, 30 ans, veuf et père de Danny, 11 ans, travaille
comme cuisinier avec, pour garde du corps Ketchum, l’ogre anarchiste au grand
coeur, l’ami de toute une vie. Suite à la mort malencontreuse de Jane, sa
maîtresse, causée par Danny qui l’a prise pour un ours, père et fils fuient le
courroux revanchard du shérif Carl, l’« officiel » de la dame. Première étape,
Boston, où Dominic cuisine dans un restaurant italien, où Danny rêve de devenir
écrivain. De nouveau inquiétés par le shérif, les Baciagalupo se bâtissent une
nouvelle vie dans le Vermont : après avoir tâté de la gastronomie chinoise,
Dominic se lance à son compte avec succès, et Danny devient un écrivain
célèbre. Ultime étape : Toronto. Mais on n’échappe pas à la rage vengeresse du
shérif !
Mon avis
J’avais 17 ans quand j’ai lu mon premier
John Irving, Le Monde selon Garp, et
je n’avais jamais lu une chose pareille. J’ai également adoré L’Hôtel New Hampshire et Une prière pour Owen, et pendant quelques
années, j’ai suivi son parcours de romancier avec délices. Puis, je ne sais plus vraiment
pourquoi, j’ai cessé de le lire.
Lorsque Dernière
nuit à Twisted River est sorti, les critiques étaient excellentes et j’ai
failli l’acheter. C’est finalement la sortie en poche du roman qui m’a décidée,
et depuis, l’ouvrage patientait dans ma PAL. Le challenge « Pavé de
l’été » lancé par Brize m’a donné le courage de me lancer, et il est vrai
que j’ai lu le roman rapidement. Pourtant, c’est une déception : j’ai
l’impression que je n’aime plus John Irving, et cela me désole, parce que j’ai
vraiment adoré cet auteur…
Il y a pourtant tous les ingrédients d’un
bon Irving (je commence par ce que j’ai bien aimé) : un univers original,
posé avec brio, des personnages déjantés juste ce qu’il faut, à leur manière
des marginaux, à qui j’avais vraiment envie de m’attacher. Mention spéciale à
Ketchum, colosse anar au franc-parler réjouissant (hilarant dialogue vers la
fin du roman sur Bush !), ainsi qu’à certains personnages féminins (Jane
l’Indienne, Pack de Six) hauts en couleurs. Les dialogues sont brillants,
parfois très drôles, les situations « barrées », insolites, sont souvent
de belles trouvailles. J’ai adoré aussi l’argument, qui pousse Dominic et son
fils Danny sur les routes tout au long de leur vie, et il faut reconnaître
qu’Irving sait y faire pour que chaque nouveau départ soit idéalement amené,
parfaitement plausible. Cette vengeance (presque) toujours différée, c’est
assez prodigieux, d’autant que le romancier, habitué à étirer les intrigues sur
de longues durées, nous embarque en 1954 pour nous lâcher en 2005 sans que cela
semble artificiel. Bref, en termes de personnages, de situations, de dialogues,
de construction narrative, John Irving reste grand.
Mais alors, me direz-vous, tout va bien, pourquoi
être déçue ?
La magie n’a pas opéré pour moi. Certes, il
y a eu des passages où j’étais embarquée au point de ne plus pouvoir arrêter de
lire (d’où la rapidité à engloutir les 680 pages). Mais en fait, j’aurais
souvent pu stopper net (et définitivement) ma lecture sans éprouver le moindre
regret. J’ai davantage aimé les personnages secondaires (en particulier ceux
que j’ai nommés plus haut) que les deux héros : si le père, Dominic, a pu
m’émouvoir un peu, il n’en a pas été de même avec le fils, Danny, en
particulier à partir du moment où il devient adulte. Sa vie de jeune homme et
d’homme m’a laissé un peu froide, je ne sais pas bien pourquoi, mais, oserai-je
le dire, j’en avais un peu assez, et j’avais du mal à le comprendre ou à
ressentir de l’empathie à son égard. Du coup, je ressentais le récit de ses
mésaventures (notamment) sentimentales comme des digressions… Enfin, je n’ai
pas beaucoup aimé le côté « mise en abyme » du récit : Danny
devient écrivain, il y a dans ses romans et son parcours des échos avec
l’itinéraire d’Irving ; surtout, la fin nous ramène au début du roman,
puisque Danny commence un roman, dont il trouve la première phrase qui est, je
vous le donne en mille, la première phrase du roman… Même si c’est brillamment
fait, je n’ai pu m’empêcher de penser que j’avais lu ça bien des fois…
Je suis presque triste de ne pas avoir
aimé, même si je ne peux pas dire que j’ai détesté. C’est une déception à la
hauteur de mes attentes : j’avais envie d’aimer, de me laisser emporter
par ce merveilleux conteur qu’est John Irving, et ce n’est pas tout à fait le
cas. Vos avis sur ce roman seront les bienvenus, je suis un peu désemparée au
terme de cette lecture… Suis-je la seule amatrice d’Irving à être restée en
dehors de Dernière nuit à Twisted
River ? Et puis c’est bête, non, d’avoir répondu au challenge
« Pavé de l’été » avec un roman finalement décevant…
Le mot de la fin
Snif…
John Irving, Dernière nuit à Twisted River (Last Night in Twisted River), Points/Seuil, 2012. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Josée Kamoun. Première édition française: Seuil, 2011. Edition originale: Bloomsbury Publishing, 2009.
2 commentaires:
J'ai moi aussi adoré John Irving... puis cessé de le lire.
Pour celui-ci, je me souviens d'avoir lu à sa parution des critiques de blogueuses comme toi un peu déçues, donc ce n'est pas avec cet opus que je renouerai avec l'auteur (mais si ton avis avait été positif, j'aurais pu envisager de le faire).
Belle participation au challenge malgré tout : bravo !
Ce que tu me dis me rassure un peu... Et bravo à toi d'organiser tout ça!
Enregistrer un commentaire