Présentation éditeur
Marcelo Silva, ex-journaliste désabusé, a quitté l’Allemagne où il était correspondant, pour lutter contre la corruption au Portugal. Il a choisi « le glaive à la lame affûtée plutôt que le stylo rouillé » et se retrouve à la tête d’une brigade financière à Lisbonne. Dès sa nomination, le voilà confronté à la disparition d’un millionnaire lié à un scandale financier sur le point d’éclater. Pendant dix jours, il va parcourir la ville inondée de touristes à la poursuite du banquier disparu, et tenter d’en finir avec les agissements d’une élite financière et politique qui a laissé le pays au bord de la ruine.
Naviguant entre filles de bonne famille et politiciens corrompus, puissants millionnaires et réseaux de prostitution, Marcelo Silva, fidèle à ses principes, nous emmène dans un voyage au-delà des apparences et révèle ce qui se cache derrière la vitrine de la « ville aux mœurs douces ».
Ce que j'en pense
Ce que j'en pense
Le roman noir portugais fait son entrée au catalogue Agullo et c'est une excellente nouvelle. Cela faisait des années que j'attendais de lire du polar portugais, et ce n'est pas l'auteur que j'avais lu chez un autre éditeur (ne me demandez pas son nom, je l'ai carrément oublié) qui avait comblé mes attentes, car somme toute, son intrigue aurait pu se dérouler n'importe où.
Miguel Szymanski n'est pas de ce bois-là, il est de celui dont on fait les auteurs de romans noirs comme je les aime.
Tout d'abord j'ai aimé d'emblée les personnages, à commencer par Marcelo Silva, journaliste sans peur qui accepte de rentrer au pays et de diriger une brigade anti-corruption, animé d'une volonté de faire le ménage. Mais j'ai aussi beaucoup aimé ses amis de longue date, en particulier Vasco, que j'aimerais retrouver dans un volume ultérieur.
Ensuite j'ai aimé l'intrigue, qui pourra sembler à certains classiques, mais eh oh! moi j'adore les codes du noir, et l'enjeu ici n'est pas de savoir qui a enlevé l'ordure, parce que ça on le comprend d'emblée (contrairement à Marcelo, qui sur ce coup est un peu long à la détente), mais de savoir si ou comment Marcelo va se faire pigeonner par les salauds qui l'ont mis là où il est, parce que bon, au fond, on se doute que tout ça va être un jeu de massacre. Mais Miguel Szymanski est malin, et son intrigue retorse à souhait.
Enfin, vous l'avez déjà perçu dans ce que je viens de dire, j'ai aimé que l'auteur mette à profit les codes du noir, et du noir à la Hammett: personne ne gagne à la fin, le roman noir est une fiction critique ET pessimiste, et Marcelo n'est pas un super-héros. Et ces codes du noir, il les utilise pour nous donner une perception du monde tel qu'il va, au Portugal (mais les ramifications sont plus complexes dans nos sociétés capitalistes mondialisées), et c'est bien ce qui m'avait manqué dans mes lectures noires portugaises jusqu'alors. Miguel Szymanski livre un portrait désenchanté de cette magnifique ville qu'est Lisbonne, livrée, comme tant de villes européennes, au tourisme, à la gentrification, au plus offrant, quoi. Elle n'est plus tout à fait elle-même, elle est parfois défigurée par la cupidité des investisseurs, mais elle reste cette ville somptueuse et décadente, malgré eux. Il saisit les changements liés à la crise financière et politique de la fin des années 2000, et la violence criminelle du roman est le symptôme de la violence prédatrice du capitalisme, qui s'exerce à tous les niveaux de la société.
C'est glaçant, déchirant aussi, et je n'ai qu'une hâte, qu'Agullo publie le volume suivant!
Miguel Szymanski, Château de cartes (Ouro, prata e silva), Agullo, Agullo Noir, 2022. Traduit du portugais par Daniel Matias.
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