Présentation éditeur
Avril 2020. Nous sommes à Kyōto où vit Sébastien Raizer, alors que la pandémie mondiale progresse aussi au Japon. L’auteur décide de pratiquer la méditation, chaque matin à l’aube, au temple zen Kōshō-ji.
« Durant les six premières semaines de cette discipline quotidienne, j’ai eu besoin de mots pour mettre en perspective la voie dans laquelle je m’engageais ».
Notes, observations, réflexions, anecdotes, histoires et paroles de maîtres zen... composent ce journal d’un individu à la recherche de son être authentique et de sa place véritable dans le monde.
Ce que j'en pense
En refermant ce récit, je me suis dit un truc qui va peut-être vous sembler bizarre. Je me suis dit : "ce texte est exactement le contraire de Yoga d'Emmanuel Carrère". Oui, aussi talentueux soit Carrère, Yoga m'a un peu gonflée. Sébastien Raizer nous propose quelque chose de radicalement différent, on est très très loin du trip égotiste qu'est le bouquin de Carrère (à mes yeux en tout cas), on est ici dans une expérience de méditation qui mène à une voie très personnelle de découverte de soi autant que, m'a-t-il semblé, d'oubli de soi, remis à sa juste place dans ce monde, en toute humilité. Peut-être n'ai-je pas compris l'essentiel de cette expérience, mais elle m'a touchée. Ce n'est bien sûr pas un hasard si Sébastien Raizer s'immerge dans le temple, à l'aube, à partir d'avril 2020 : la pandémie est là, elle bouleverse le rapport au monde et au vivant. Je suis admirative de cette démarche, que je trouve très ascétique. N'allez pas croire que vous vous allez lire un pensum, on sourit aussi, et je me suis même esclaffée quand le bonze déboule avec son souffleur à feuilles (lisez, vous comprendrez).
Et puis il y a l'écriture de Sébastien Raizer : étoilée de haikus, sa prose est une prose poétique, qui capte l'instant, la sensation, la beauté. J'ai parsemé mon exemplaire de petits signets adhésifs, je vous livre un extrait :
"Au sommet de la butte, le soleil vient raser les mousses qui s'illuminent de vert flamboyant et d'ombres caverneuses. Attiré par l'odeur qui s'en dégage, humide et pleine, l'odeur charnelle de la passion, l'odeur fétide des cavernes et des cadavres, l'odeur du soleil, de la vie et des larmes, je m'allonge, tends la nuque vers les branches qui survolent l'étang et le pont de pierre, jusqu'à ce que mes os craquent. Cela n'a aucun rapport avec ce que je suis censé faire, et pourtant... C'est parfait"
Voilà : c'est parfait.
Sébastien Raizer, La caverne aux chauves-souris sous la montagne noire, Editions du Relié, 2021.
1 commentaire:
bon là je suis perdue.. je reste totalement imperméable à ce genre de récit hélas.
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