samedi 5 juin 2021

Collections, éditions 2 : Rivages Noir & Co

 Alors que pour d'autres collections, ou maisons d'édition, j'ai le clair souvenir du premier volume que j'ai eu entre les mains, là, impossible de me rappeler quoi que ce soit. Ni titre précis, ni même auteur. C'est quand je suis revenue au polar dans ma vie de lectrice, en entrant dans la vie active, que j'ai commencé à explorer Rivages Noir. Je ne ferai pas la distinction ici avec Rivages Thriller, la collection grand format d'alors, même si je reste dingue de la maquette originelle du format poche, le côté mat, la trame de la photographie, le côté vintage et hommage des couvertures. Alors pourquoi Rivages Noir dans les collections de ma life? Je vous le dis tout de suite, je ne vous servirai pas l'habituel argument de la qualité des traductions ; même si j'entends bien que la collection a rompu avec certains usages, je suis plus nuancée dans mes constats sur cet aspect de Rivages Noir et surtout, à l'époque de ma découverte, à la fin des années 1990, ce n'était pas une préoccupation pour moi. Rivages Noir s'est imprimé de manière plus affective dans ma découverte du noir. Je dois à la collection des tsunamis littéraires et émotionnels, tout simplement.

Il y a bien sûr eu des chocs du côté des USA, et je jette ici pêle-mêle quelques titres ou noms, tout en étant persuadée que je vais en oublier : la série des Kenzie et Gennaro (à qui je dois mon pseudo) de Dennis Lehane. Il m'est impossible de retranscrire l'émotion ressentie à la lecture de Un dernier verre avant la guerre et les suivants (au bout de quelques volumes la série s'est essoufflée). Alors oui bien sûr, depuis Lehane a écrit son grand roman américain, on considère qu'il a pris une autre dimension. Mais pour moi, il avait plus d'acuité avec ces romans-là, ou avec Mystic River.  Et vous ai-je dit comme j'aimais Booba, délicieux psychopathe? 



Grâce à Pascal Dessaint, j'ai lu mon premier James Lee Burke, Dans la brume électrique avec les morts confédérés (je continue à préférer le titre "long"). Il me l'avait conseillé lors d'une discussion en marge de Livre Paris (en 2001, 2002?) et je me souviens l'avoir lu dans un train qui me menait à Lyon, par un printemps brûlant; j'en ai le clair souvenir car alors, il y avait encore une ligne Bordeaux Lyon passant par Limoges, et l'on prenait alors un très vieux train aux sièges orange en skaï, dépourvu de climatisation, qui collait bien aux cuisses, un cauchemar. J'ai relu plusieurs fois ce roman précis, et je l'aime à chaque fois. 



Toujours côté ricain, de fabuleux romans et auteurs : Craig Holden pour Les quatre coins de la nuit, une claque dans la tronche, un roman inoubliable (récemment réédité, je dis ça je dis rien). Jack O'Connell, créateur d'une ville folle et d'un univers qui ne ressemble à aucun autre. Ellroy pour Le Dahlia noir, lui aussi lu plusieurs fois, alors même que j'ai lu peu de romans de l'auteur. 



Mais alors qu'on parle toujours des grands auteur américains de la collection, j'y ai fait de fabuleuses découvertes côté français. Pascal Dessaint évidemment, probablement en 1999 avec Du bruit sous le silence. J'ai lu puis relu Pascal Dessaint et alors que certains auteurs ne "tiennent" pas la distance ou la relecture, lui reste parmi mes favoris. Hugues Pagan : j'ai déjà raconté comme j'ai découvert son univers sombre, très sombre, par une soirée d'hiver dans le silence d'une maison de campagne. Très impressionnée, j'ai lu tous ses romans. Les premiers romans noirs de Michel Quint, avant que des médias à moitié incultes, à moitié snobs, feignent de croire qu'il n'avait rien écrit avant Effroyables jardins. Dominique Manotti, déjà une de mes préférées. Et puis les Chroniques de Manchette, une référence à travers les années, inégalable. 



Je n'oublie pas les autres, les Alicia Gimenez Bartlett, les Wessel Ebersohn, et tous les autres, mais vous n'allez pas me lire pendant des heures. 

Rivages Noir a changé bien des choses dans le paysage du genre en France : la collection a aujourd'hui un catalogue de classiques, classiques amenés par la collection, ou classiques "récupérés" et retraduits, dans une logique de patrimonialisation du polar qui permet de redécouvrir des titres fondamentaux. Je trouve qu'elle connaît ces derniers temps une nouvelle vigueur, continue de chercher, d'ouvrir nos horizons. Je me suis habituée au grand format, et son identité graphique, qui ne renie pas la fabuleuse charte d'antan. Mais je reste émue par les couvertures du poche dans lequel j'ai découvert tant de fabuleux auteurs. 


1 commentaire:

keisha a dit…

Je me souviens aussi des anciennes couvertures, avec Hillerman je l'avais lu à une époque.
(et j'espère que ce commentaire passera, mes deux sur Le masque sont partis dans une autre galaxie on dirait)