lundi 1 juillet 2019

La Madone assassine de Andrea G. Pinketts


Présentation éditeur
On peut être un vitellone confirmé, un ivrogne invétéré, un séducteur patenté, et pourtant faire partie des rares élus choisis par la Vierge pour leur apparaître. Lazare Santandrea en est un bon exemple. Bien sûr, quand la Madone se présente devant lui, il est ivre mort sur le banc d'un square, mais quand même. Il suffit d'un journaliste doté d'imagination et d'un petit miracle pour que le visionnaire devienne une star des médias. Pourtant ce n'est pas le chemin du paradis, plutôt la route pour l'enfer. 

Ce que j'en pense
Il faut accepter de se laisser porter par l'art de la digression quand on entre dans un roman de Pinketts, de se laisser promener : ses romans ne ressemblent à aucun autre de ma connaissance, toujours sur le fil entre humour désabusé et noirceur désespérée. 
Un soir de beuverie, Lazare se fait agresser par quelques jeunes gens désoeuvrés, comme avant lui un clochard, et soudain, l'impensable se produit : il voit la Vierge Marie, la Madone, oui mesdames et messieurs. C'est parti pour des aventures rocambolesques, des récits d'apparition de la Vierge à travers l'Histoire, des miracles, de la violence et un meurtre. Il y a quelque chose de plus sombre dans cet opus : Lazare et ses potes commencent à vieillir, ou du moins à prendre de l'âge, vient le temps des engagements voulus ou subis, des premiers bilans et des remises en question, des tentations d'échapper à sa vie et aux chemins tracés. Affleure notamment un questionnement sur le couple, sur l'homosexualité et sur l'identité de genre, à travers différents personnages : ceux qui assument ce qu'ils sont, ceux qui n'y sont jamais parvenus, ceux qui décident d'être enfin ce qu'ils sont sans plus s'embarrasser des apparences. 
Il y a comme toujours chez Pinketts une galerie de personnages incroyables, hauts en couleurs, parfois déchirants, et cette autodérision salvatrice, cette façon de toucher à l'essentiel sans se prendre au sérieux. Et Andrea G. Pinketts se paie le luxe d'apparaître (d'être évoqué) comme personnage de son roman, avec malice... Je me suis beaucoup amusée, aussi : les situations loufoques, les dialogues qui claquent - toujours le sens de la formule... 
Je me réjouis d'avoir encore deux romans de Pinketts à lire, et d'avoir repris la série depuis le début, la savourant bien davantage que lors de ma première lecture. 

Andrea G. Pinketts, La Madone assassine (Il conto dell'ultima cena), Rivages Noir, 1999. Traduit de l'italien par Gérard Lecas et Hubert Basrénée.


2 commentaires:

Electra a dit…

super - je vois que tu t'amuses bien ces temps-ci. Moi je suis heureuse - je viens de retrouver Yudel, bon il a pris vingt ans (la tuerie d'octobre) mais c'est si bon ! J'en suis juste à la page 100 mais j'adore !!

Tasha Gennaro a dit…

C'est rigolo, je parlais de Yudel* l'autre jour!!! Oui, ça fait du bien de le retrouver, et j'ai encore préféré le suivant, La nuit est leur royaume. Oui, en ce moment, je pourrais lire tout le temps, s'il n'y avait le boulot.
* j'en parle comme s'il existait vraiment ;-)