mardi 8 octobre 2013

Nue de Jean-Philippe Toussaint


Présentation
Nue est le quatrième et dernier volet de l'ensemble romanesque consacré aux amours du narrateur et de Marie, entre présence et absence, entre accomplissement et rupture.

Mon avis
Sans être une inconditionnelle, j’aime beaucoup l’oeuvre de Jean-Philippe Toussaint, découvert avec La télévision (un incontournable). J’ai retrouvé ici le personnage de Marie, sa relation chaotique avec le narrateur, les univers étonnants dans lesquels ils se meuvent, Paris, Tokyo, l’île d’Elbe. Il y a un prologue somptueux, l’évocation d’une robe de miel rêvée par Marie, du défilé où elle est présentée, et il y a dans ces pages tout le talent de Jean-Philippe Toussaint. Le récit se déploie ensuite en deux parties. La première évoque le retour de l’île d’Elbe, le silence de Marie, l’absence, le sentiment amoureux. Cette partie traite longuement du vernissage d’une exposition de Marie au Japon, à laquelle le narrateur assiste clandestinement; c’est aussi le moment où Marie rencontre Jean-Christophe de G. (dont il a été question dans La vérité sur Marie). La deuxième partie marque le retour de Marie dans la vie du narrateur: elle veut le voir, a quelque chose à lui dire. Ce sera un retour, en hiver, à l’île d’Elbe, la poursuite d’un amour, la poursuite d’une rupture.
Je suis déjà triste à l’idée que ce volume soit le dernier concernant Marie, concernant cet amour. C’est superbement écrit: l’absence, la douleur, les ambivalences et la complexité du sentiment amoureux, tout y est. On en connaît un (au moins!) qui a magnifiquement écrit tout cela, et c’est vrai que par moments, Jean-Philippe Toussaint me fait penser à Proust dans cette évocation du sentiment amoureux et de l’être aimé, qui se dérobe autant qu’il s’offre. Evidemment, leurs styles sont très différents, et l’écriture et le récit de Jean-Philippe Toussaint sont tout en concision. Il y a quelque chose de commun aussi dans la manière de “boucler”: hiver pour le premier volume, Faire l’amour, automne-hiver pour Nue; l’île d’Elbe aussi, lieu où tout finit, mais les fins ont des allures de commencement tout autant que de rupture. Et le roman se termine sur cette question de Marie, et tout est dit: “Mais, tu m’aimes, alors?”


Jean-Philippe Toussaint, Nue, Editions de Minuit, 2013.

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