Présentation
Billie et Franck sont dans un ravin. Franck ne bouge plus, il est
(peut-être) dans le coma. Billie revient sur l’histoire de Billie et Franck.
Mon avis
Avant toute chose, je ne fais pas partie des lectrices d’Anna Gavalda.
J’ai lu, à sa sortie, Je voudrais que
quelqu’un m’atttende quelque part, que j’avais aimé mais dont je n’ai aucun
souvenir. Et je n’ai lu aucun des romans qui ont ensuite installé Anna Gavalda
comme un phénomène éditorial français. Autrement dit, j’ai lu ce nouvel opus
sans le comparer à ses œuvres précédentes.
J’ai eu envie de lire Billie
car j’ai aimé l’interview accordée par l’auteure à Lire. Je n’aurais sans doute pas sauté le pas si je n’avais vu le
stupéfiant prix du livre en numérique (4,99 € contre 15 € dans sa version
papier), je dois être honnête. Si j’ai bien compris, Anna Gavalda envisageait
un retour à la nouvelle, mais le personnage de Billie s’est imposé dans ce qui
est tout de même un court roman. Est-ce de là que vient le côté bancal de ce
récit ? Je ne sais.
La construction devient plus simple, plus claire dans la deuxième
moitié mais au début, franchement, ces incessants allers-retours entre le passé
et le présent – présent purement commentatif puisque les deux protagonistes
sont coincés dans un ravin – m’ont semblé alambiqués et pour tout dire
pénibles. Ce manque de fluidité a bien failli me faire abandonner le roman.
Par ailleurs, je n’ai pas été convaincue par le personnage de Billie,
ni par celui de Franck, pour tout dire. Franck manque d’épaisseur, le personnage
n’est pas assez développé. Billie est un personnage haut en couleurs, dont Anna
Gavalda a travaillé avant tout la voix, et de fait, j’entends sa voix (réussite
sur ce plan-là) mais je n’y crois pas. Il y a de jolies trouvailles, en tout
cas des phrases bien tournées, mais je n’entends pas une adolescente ni même
une jeune femme. Non, j’entends un auteur qui s’amuse avec de bons mots, des
tournures piquantes, qui pratique un humour gouailleur. Il est arrivé que je me
fatigue de cette introspection. Et puis les personnages sont tout de même
caricaturaux, peut-être à cause du format. Pour résumer, Billie grandit chez
les Thénardier, Franck est une simplification de jeune homosexuel que son père
(lui-même un pantin caricatural) n’accepte pas.
Je crois aussi que je manque de la naïveté (au bon sens du terme)
requise par cet univers qui finit par enchanter la grisaille et la crasse.
Difficile de biberonner au roman noir et de passer à Gavalda ? Peut-être.
En tout cas, l’épiphanie sur fond de théâtre, je n’y crois pas, pas plus que je
ne crois à la soudaine sortie de l’eau des deux personnages. Je sais que c’est
en partie cela qui fait le succès d’Anna Gavalda, et j’aimerais être embarquée,
vibrer, me réjouir, mais rien à faire, je n’y crois pas, je ne peux pas, j’achète
pas.
Je n’aimerais pas cependant que vous pensiez que j’ai détesté ce roman,
ce n’est pas le cas. Je ne me laisse pas séduire, mais jamais je n’ai été
agacée. Le fait est que je cherche désespérément, ces derniers temps, un roman
capable de m’emporter et de me faire vibrer d’énergie positive, et… je n’y
arrive pas.
Pour qui ?
Pour tous ceux qui parviennent à se laisser bercer par un doux conte,
de ceux qui commencent avec de vilains ogres et qui finissent par… mais
chut !
Le mot de la fin
Pas ma came (dirait Billie).
Anna Gavalda, Billie, Le
Dilettante, 2013. Lu en e-book.
9 commentaires:
Mon intérêt pour Anna Gavalda se délite de roman en roman .. ce n'est plus ma came.
;-) Un peu comme moi avec Vargas, quoi.
La dame se répand dans les medias mais est-ce que cela sera suffisant pou sauver ce roman qui m'a aussi agacée...
Energie positive ... Je n'ai pas trop ça en magasin habituellement ...
Mais si tu veux te remonter le moral, sans forcément suivre l'actualité quelques pistes que tu connais sans doute mais c'est pas grave :
N'importe quel recueil de la série des racontars de John Riel.
Fantasia chez les ploucs de Charles Williams
Ombre de l'ombre ou A quatre mains de Paco Taibo II
Quasiment n'importe quel bouquin d'Andrea Camilleri.
Aztèques dansants de D. Westlake.
Un blues de coyote ou le lézard lubrique de Christopher Moore.
Water Music de TC Boyle.
le gang de la clé à molette d'Edward Abbey.
Un bouquin, un peu pris au hasard, de Luis Sepulveda.
Si tu arrives à mettre la main dessus, une vieille série noire, chapeau de Michèle Rozenfarb.
Presque tous les bouquins d'Arto Pasilinaa.
@ Cathulu: J'ai l'impression que le roman n'est pas très bien accueilli, d'ailleurs.
@ jean-Marc : merci! Tu as raison, je devrais savoir que le polar peut être réjouissant, pourtant, il m'arrive de hurler de rire en en lisant. Très bonne idée, je vais piocher dans cette liste. (j'ai pas mal lu Rozenfarb, j'aimais bien)
Comme mon commentaire a dû se perdre dans les limbes d'internet, je récidive (parce que, tu vas voir, c'était vachement important ;) ).
Donc, je disais que j'avais beaucoup aimé "Ensemble, c'est tout", mais que celui-ci partait mal, avec un GROS problème : sa couverture !
En effet, je ne sais pas où est passé ton commentaire : j'aime imaginer que les messages qui se perdent continuent à tourner, en grésillant un peu. Oui, bon, je sais. En tout cas ton commentaire me fait hurler de rire. Apparemment, elle tenait à son petit âne, mais franchement, que c'est moche!
Je fais aussi un gros blocage sur la couverture...
Je me demande s'ils garderont cette photo en poche!
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