Franchement, présenter ce roman est bien difficile. Alors, disons que
Jean se souvient du jeune homme qu’il a été au siècle passé, de cette
mystérieuse jeune femme, Dannie, impliquée dans une sale affaire, de l’Unic
Hôtel à Montparnasse, de cet interrogatoire quai de Gesvres par un policier à
la fois sympathique et inquiétant… Les pièces du puzzle se reconstituent peu à
peu, mais là n’est pas l’essentiel, dans un roman de Modiano.
Mon avis
Oui, Modiano écrit toujours le même livre, distillant une petite
musique à la fois nostalgique et déchirante, et je tombe sous le charme à
chaque fois. L’Herbe des nuits ne
déroge pas à la règle. Deux niveaux temporels, un narrateur qui déambule dans
Paris et se souvient de sa jeunesse, de ses fréquentations, de l’atmosphère un
peu étrange qui était celle d’un Paris interlope, vaguement dangereux. Les rues
de Paris sont pleines de fantômes, celui de Dannie, celui des hommes qui
l’entourent, celui de l’affaire Ben Barka, mais tout est évoqué en pointillés,
embrumé par le souvenir et la mélancolie. Comme toujours, le récit livre des
bribes d’informations, et nous reconstituons peu à peu une affaire à la fois
extraordinaire et banale, qui implique Dannie, ou celle qui se fait appeler
ainsi.
Lire L’Herbe des nuits, c’est
accepter de plonger dans cette atmosphère mélancolique, poétique, accepter de
se laisser porter par les déambulations du personnage, Jean, par ses rêveries,
et sombrer soi-même dans une sorte de rêve éveillé. On aime ou non, c’est
évident. Moi j’aime énormément, toutefois je ne conseillerais pas de commencer
par ce livre-là pour découvrir Modiano.
Je suis toujours amusée par les critiques, qui semblent découvrir à
chaque fois que Modiano flirte avec le roman noir. Oui, il y a une ambiance qui
rappelle les romans noirs des fondateurs du noir en France, pour ma part je
pense à André Héléna… Mais s’il en manipule certains codes, Modiano est très
éloigné du propos du noir : il n’entend pas peindre son époque dans toute
sa réalité sociale, il se perd dans les méandres du passé avec mélancolie.
Pour qui ?
Pour les lecteurs de Modiano. Pour les mélancoliques.
Le mot de la fin
Modianesque (donc irrésistible pour moi).
Patrick Modiano, L'Herbe des nuits, Gallimard, 2012.
8 commentaires:
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I just added "follow by email", I hope it will solve your problem! Tell me if not.
Lecture prévue, mais a priori pas dans l'immédiat (j'ai lu un autre Modiano trop récemment ;).
Et pour récupérer le flux RSS de ton blog sur Google Reader (cf commentaire précédent), je n'ai eu aucun problème.
Ah ben merci pour l'info sur le flux!
Et pour Modiano, je comprends, pour certains lecteurs, "Modiano, point trop n'en faut!"
:-))
j'aime bien ton mot de la fin, ça veut tout dire ! :-)
Oui, je sais... ;-) C'est juste que je suis consciente d'être assez fan et que mon jugement est a priori favorable.
Il fait partie de mes auteurs à lire mais je n'ai pas encore pris le temps de le faire...
Ravie de découvrir ton blog !
Merci beaucoup! Pour Modiano, ne pas commencer par celui-ci, à mon avis, serait préférable.
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