mardi 16 octobre 2012

L'Herbe des nuits de Patrick Modiano


Présentation
Franchement, présenter ce roman est bien difficile. Alors, disons que Jean se souvient du jeune homme qu’il a été au siècle passé, de cette mystérieuse jeune femme, Dannie, impliquée dans une sale affaire, de l’Unic Hôtel à Montparnasse, de cet interrogatoire quai de Gesvres par un policier à la fois sympathique et inquiétant… Les pièces du puzzle se reconstituent peu à peu, mais là n’est pas l’essentiel, dans un roman de Modiano.

Mon avis
Oui, Modiano écrit toujours le même livre, distillant une petite musique à la fois nostalgique et déchirante, et je tombe sous le charme à chaque fois. L’Herbe des nuits ne déroge pas à la règle. Deux niveaux temporels, un narrateur qui déambule dans Paris et se souvient de sa jeunesse, de ses fréquentations, de l’atmosphère un peu étrange qui était celle d’un Paris interlope, vaguement dangereux. Les rues de Paris sont pleines de fantômes, celui de Dannie, celui des hommes qui l’entourent, celui de l’affaire Ben Barka, mais tout est évoqué en pointillés, embrumé par le souvenir et la mélancolie. Comme toujours, le récit livre des bribes d’informations, et nous reconstituons peu à peu une affaire à la fois extraordinaire et banale, qui implique Dannie, ou celle qui se fait appeler ainsi.
Lire L’Herbe des nuits, c’est accepter de plonger dans cette atmosphère mélancolique, poétique, accepter de se laisser porter par les déambulations du personnage, Jean, par ses rêveries, et sombrer soi-même dans une sorte de rêve éveillé. On aime ou non, c’est évident. Moi j’aime énormément, toutefois je ne conseillerais pas de commencer par ce livre-là pour découvrir Modiano.
Je suis toujours amusée par les critiques, qui semblent découvrir à chaque fois que Modiano flirte avec le roman noir. Oui, il y a une ambiance qui rappelle les romans noirs des fondateurs du noir en France, pour ma part je pense à André Héléna… Mais s’il en manipule certains codes, Modiano est très éloigné du propos du noir : il n’entend pas peindre son époque dans toute sa réalité sociale, il se perd dans les méandres du passé avec mélancolie.

Pour qui ?
Pour les lecteurs de Modiano. Pour les mélancoliques.

Le mot de la fin
Modianesque (donc irrésistible pour moi).

Patrick Modiano, L'Herbe des nuits, Gallimard, 2012.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

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Tasha Gennaro a dit…

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Brize a dit…

Lecture prévue, mais a priori pas dans l'immédiat (j'ai lu un autre Modiano trop récemment ;).
Et pour récupérer le flux RSS de ton blog sur Google Reader (cf commentaire précédent), je n'ai eu aucun problème.

Tasha Gennaro a dit…

Ah ben merci pour l'info sur le flux!
Et pour Modiano, je comprends, pour certains lecteurs, "Modiano, point trop n'en faut!"
:-))

Emeraude a dit…

j'aime bien ton mot de la fin, ça veut tout dire ! :-)

Tasha Gennaro a dit…

Oui, je sais... ;-) C'est juste que je suis consciente d'être assez fan et que mon jugement est a priori favorable.

Moka a dit…

Il fait partie de mes auteurs à lire mais je n'ai pas encore pris le temps de le faire...
Ravie de découvrir ton blog !

Tasha Gennaro a dit…

Merci beaucoup! Pour Modiano, ne pas commencer par celui-ci, à mon avis, serait préférable.