Présentation éditeur
Au Cap, Benny Griessel et Vaughn Cupido, de la brigade des Hawks, sont confrontés à un crime déconcertant : le corps d’un ancien membre de leurs services, devenu consultant en protection personnelle, a été balancé par une fenêtre du Rovos, le train le plus luxueux du monde. Le dossier est pourri, rien ne colle et pourtant, en haut lieu, on fait pression sur eux pour qu’ils lâchent l’enquête.
À Bordeaux, Daniel Darret, ancien combattant de la branche militaire de l’ANC, mène une vie modeste et clandestine, hanté par la crainte que son passé ne le rattrape. Vœu pieux : par une belle journée d’août, un ancien camarade vient lui demander de reprendre du service. La situation déplorable du pays justifie un attentat. Darret, qui cède à contre cœur, est aussitôt embarqué, via Paris et Amsterdam, dans la mission la plus dangereuse qu’on lui ait jamais confiée. Traqué par les Russes comme par les services secrets sud-africains, il ne lâchera pas sa proie
pour autant…
Ce que j'en pense
Deon Meyer et moi, avec La proie, c'est une grande réconciliation. Il y a fort longtemps, j'ai lu son premier roman traduit en français, salué par tout le monde. Mais je n'ai pas aimé du tout, du tout, du tout. Pour autant, j'avais bien noté, notamment en lisant les avis de Jean-Marc Laherrère, que l'auteur avait pris des chemins qui pouvaient me plaire, sans sauter le pas. C'est dire que je n'avais pas lu les précédents romans mettant en scène Benny Griessel, ce qui n'entrave nullement la lecture.
Et quelle lecture! La proie est un roman difficile à lâcher, c'est le premier élément qu'il faut souligner à mon sens : si vous avez envie d'être happés par une histoire passionnante et menée de main de maître, n'hésitez pas. L'alternance entre les deux parties de l'intrigue, celle qui se déroule en France, celle qui se déroule au Cap, donne un rythme haletant (mais pas hystérique), et on bouffe les chapitres, les parties, à toute vitesse, avec un grand bonheur. Deon Meyer écrit remarquablement, certaines scènes sont saisissantes, regardez tout simplement celle qui ouvre le roman, à Bordeaux, alors que Daniel Darret est encore une énigme pour nous. Je l'ai trouvée bluffante.
Je découvrais Benny et son acolyte (que j'imagine présent dans les précédents romans), leur supérieure hiérarchique, les scientifiques qui les entourent, et c'est un vrai coup de coeur. Benny est manifestement un de ces enquêteurs typiques du noir, alcoolique (ici en rémission), tentant de reconstruire sa vie, et lui comme ceux qui l'entourent dégagent une telle humanité... Cupido est assez irrésistible dans le genre, je dois dire.
J'ai bien aimé la façon dont Deon Meyer cerne la procédure, l'enquête, leurs difficultés. Il faut dire que Deon Meyer est un écrivain précis et documenté. La façon dont il évoque les lieux, les pays, leurs usages, est le fruit d'un vrai travail, qui donne du crédit à ce qu'il raconte. Et cela donne du poids à ce qu'il évoque : ses enquêteurs et ses scientifiques sont extrêmement doués, ils sont moralement admirables, cependant ce ne sont pas des surhommes, et Deon Meyer n'a pas recours à de mauvaises ruses pour les tirer de mauvais pas. C'est une chose que j'ai énormément appréciée, et qui fait de La proie un roman passionnant.
Et puis Deon Meyer fait un portrait de l'Afrique du Sud telle qu'elle va, politiquement, portant par le biais de ses personnages et de leur enquête un regard amer et rageur sur l'évolution du régime politique. Ce n'est jamais fait de manière pesante, mais cela fait de La proie un excellent polar comme je les aime, qui prend une perspective sociale ou politique.
Allez, une dernière chose pour vous convaincre de lire La proie : Deon Meyer fait de son personnage Daniel un amateur de viennoiserie, et il sait très bien qu'à Bordeaux, comme par chez moi, on mange des chocolatines. Pas des pains au chocolat. Et rien que pour ça, je l'aime.
Deon Meyer, La Proie (Prooi), Gallimard Série Noire, 2020. Traduit de l'afrikaans par Georges Lory.
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