lundi 12 novembre 2018

3 minutes 7 secondes de Sébastien Raizer


Présentation éditeur 
Au crépuscule, le vol MU 729 a quitté Shanghai pour rejoindre Kyoto. Mais tandis que l’appareil survole la mer de Chine, un missile balistique nord-coréen prend le Boeing 777 pour cible. L’information est transmise au pilote. Dans quelques instants, l’appareil sera détruit. Aucune échappatoire.
À bord de l’avion, trois cent seize passagers vivent leurs derniers instants. Il ne leur reste que 3 minutes et 7 secondes pour savoir quel sens donner à ces ultimes moments.

Ce que j'en pense
Vous savez tout le bien que je pense de l'oeuvre de Sébastien Raizer, pour moi un des auteurs les plus intéressants aujourd'hui. J'attendais donc avec une folle impatience cette parution. Il s'agit d'une novella et le format est parfait pour le récit. Un vol en retard à cause de la surcharge de l'aéroport de Shangaï, un typhon qui amène le commandant de bord à changer légèrement de trajectoire, et un missile nord-coréen qui prend pour cible l'avion. 3 minutes 7 secondes avant l'impact. Tout est aligné pour que la tragédie survienne. C'est court, mais justement, tout peut commencer. Chacun des personnages (personnel, passagers) va apprendre l'imminence de la mort, inéluctable, et c'est comme un précipité de vie qui apparaît. Individuellement ou non, quel sens donner à une existence sur le point de s'achever? Comment finir ses jours, dans la folie ou une extrême lucidité? Certains basculent dans une folie salvatrice, d'autres cherchent à donner un sens qui transcenderait l'évènement pour aller vers l'Histoire, tous vivent intensément ces derniers instants. 
A la perfection du mouvement du missile vers l'avion répond la perfection de la construction de ce récit, sec, puissant et direct. Sébastien Raizer déjoue tout pathos, car là n'est pas le propos. Du chaos naît une autre forme de chaos, folie, démesure presque orgiaque, mais naissent aussi la perfection et la pureté d'un mouvement concentré vers l'issue fatale. Par moments on ne sait plus si on est dans le réel ou l'onirique et c'est très bien comme ça. 
Sur Quatre sans quatre, vous trouverez une très bonne chronique de ce livre, qui explicite des références que je ne maîtrise pas mais qui éclairent l'oeuvre. 
Passant de l'ampleur de L'alignement des équinoxes à la brièveté de 3 minutes 7 secondes, Sébastien Raizer confirme son talent, avec un récit d'une intensité rare, surprenant de bout en bout. 

Sébastien Raizer, 3 minutes 7 secondes, La manufacture de livres, 2018.

1 commentaire:

Electra a dit…

j'aime bien ton nouveau fond - sinon quel sujet triste ! tu comprendras que j'ai besoin d'autre chose, mais que c'est triste ...

bref, je te dis ça alors que le Nixon ..