mercredi 1 février 2017

Les petites reines de Clémentine Beauvais


Présentation éditeur
À cause de leur physique ingrat, Mireille, Astrid et Hakima ont gagné le « concours de boudins » de leur collège de Bourg-en-Bresse. Les trois découvrent alors que leurs destins s’entrecroisent en une date et un lieu précis : Paris, l’Élysée, le 14 juillet.
L’été des « trois Boudins » est donc tout tracé : destination la fameuse garden-party de l’Élysée !!!
Et tant qu’à monter à Paris, autant le faire à vélo – comme vendeuses ambulantes de boudin, tiens ! Ce qu’elles n’avaient pas prévu, c’est que leur périple attire l’attention des médias… jusqu’à ce qu’elles deviennent célèbres !!!

Ce que j’en pense
Je suis souvent circonspecte envers la littérature de jeunesse, en tout cas pour ados, française. Je la trouve bien souvent alourdie d’une visée édifiante et pédagogique qui me fatigue grandement. Et puis de temps en temps, je tombe sur une pépite, et c’est le cas de ces Petites Reines. J’y ai trouvé ce que j’aime dans certains romans anglo-saxons, par exemple ceux de Susin Nielsen : une capacité à faire rire sur des sujets graves, à faire réfléchir par l’humour, tout en construisant de vrais personnages et de vraies intrigues, pas des prétextes à « messages pédagogiques bourrés de prêchi-prêcha ».
Car Clémentine Beauvais s’empare d’un sujet de taille : la norme imposée aux corps adolescents, le culte de l’apparence et le harcèlement via les réseaux sociaux. Oui, rien de moins. Mais elle le fait en construisant une intrigue échevelée et des personnages totalement barrés. Pas réaliste, pas vraisemblable, m’objecteront certains ? Ni plus ni moins que ces personnages ridicules et ces intrigues édifiantes qu’affectionne la littérature de jeunesse française.
Mireille, Astrid et Hakima sont les trois boudins élus par un adolescent crétin sur un réseau social, et si la première (notre narratrice) s’est forgé une carapace de dérision, les deux autres, nouvellement élues, sont bien plus affectées. Mais Mireille a plus d’un tour dans son sac, et elle va, avec ses deux nouvelles amies, s’emparer de ce statut de mocheté pour entamer un périple épique à vélo (et non en vélo, SVP), chaperonné par le grand frère de Hakima. Tous ont une excellente raison d’aller à Paris le 14 juillet.
Les dialogues claquent, les situations drolatiques s’enchaînent, la narration intègre la rumeur du monde (les articles de presse et leurs commentaires d’internautes enragés, Twitter et Facebook), le tout mêlant les codes d’une fiction sociale traitée avec subtilité et ceux d’un feel-good book.
Je suis conquise et je sais que je lirai les autres romans de Clémentine Beauvais, que ce soit Songe à la douceur qui lui a valu une belle couverture médiatique ou La pouilleuse, qui avait fait partie d’une sélection des Nuits Noires d’Aubusson (sélection collège, je suppose), ce qui est de bon augure.

Clémentine Beauvais, Les petites reines, Sarbacane Exprim’, 2015.


6 commentaires:

Anonyme a dit…

Repéré depuis quelque temps, mais je laisse la place aux lecteurs 'jeunesse', c'est plus correct. Cependant dès qu'ils auront emprunté ce roman à leur guise, je foncerai!
J'aime aussi beaucoup S Nilsen.
keisha

Brize a dit…

Tu m'as donné très envie de le lire (et comme il figure au catalogue d'une de mes bibliothèques, je ne t'en veux pas ;) !) !

Tasha Gennaro a dit…

@Keisha : ah oui je comprends, et ce serait dommage de les en priver. Tu me diras s'ils te font des retours positifs? Quant à Susin Nielsen, c'est un de mes auteurs jeunesse préférés.
@Brize: ah ben je l'ai échappé belle! :-)

Electra a dit…

Kzisha toujours anonyme ??? mdr
sympa et j'aime bien ce que tu reproches à certaines lectures jeunesse et ce que l'on recherche en vrai !

Miss Cornelia a dit…

J'ai furieusement envie de le lire, c'est malin!!!! Merci, merci.

Tasha Gennaro a dit…

@Electra : oui, Keisha est victime d'une malédiction sur Blogger, c'est dingue. Bon, j'ai peut-être la dent dure avec les lectures jeunesse, et c'est évidemment un point de vue d'adulte...
@Miss Cornélia : ah ben je suis assez contente de moi. Et bon sang, si tu le lis, j'espère que tu te régaleras autant que moi.