samedi 11 février 2017

Planète vide de Clément Milian


Présentation éditeur
Patrice Gbemba, dit Papa, était né sur Terre, mais il s’y sentait étranger. Au ciel bleu pollué de la ville, il préférait les étoiles. Aux voitures, il préférait les fusées. Aux hommes enfin, qu’il appelait les autres, il préférait les bêtes. 
Depuis tout enfant, timide, il avait souffert des groupes. Il en avait tant souffert, même, qu’il se sentait maudit. 
Papa ne croyait pourtant pas aux malédictions. Il ne croyait pas au destin. 
Il ne pouvait se douter qu’un jour prochain, il tuerait.


Ce que j’en pense
Planète vide de Clément Milian attendait son heure depuis un moment déjà. C’est d’abord le format inhabituel qui avait attiré mon attention, puis le billet de Jean-Marc Laherrère. Un soir où j’avais besoin d’un livre court, c’est Planète vide que j’ai saisi. Je ne sais si l’on peut qualifier le texte de novella. Même si les premiers chapitres parcourent quelques mois, l’essentiel se concentre sur l’épopée parisienne du jeune Patrice, alias Papa. Cela m’a rappelé la concentration d’une nouvelle. Epopée à hauteur d’enfant (Papa vient d’entrer au collège), récit initiatique (même si Papa ne cherche pas ce côté initiatique), fable noire et enchantée pourtant, Planète vide est tout cela.

Bien sûr, on n’échappe pas à certains attendus, pour ne pas dire stéréotypes, des prostituées chaleureuses et maternelles aux squatters alternatifs bienveillants, mais cela n’a pas grande importance, car le travail de Clément Milian est ailleurs. Il est dans cette narration filtrée par le regard naïf, effrayé de cet enfant qui ne comprend pas toujours ce qui se passe autour de lui (un peu comme dans Ce que savait Maisie). Ce qu’il perçoit en revanche, c’est à la fois que ce monde, décidément, rejette les plus faibles, comme lui, et qu’il réserve des moments d’humanité et de beauté sans pareille. Parce queClément Milian évoque ceux que nous voyons peu, clochards, prostituées, squatters, ceux que la société contemporaine rejette aux marges, Planète vide reste un pur récit noir, qui a toute sa place dans la Série Noire.

Clément Milian, Planète vide, Gallimard Série Noire, 2016. 

2 commentaires:

Electra a dit…

jolie présentation et qui donne froid dans le dos ! je ne connaissais pas, avec toi je découvre plein de lectures potentielles - je dois me retenir ! le format court m'attire aussi car on peut le lire en une soirée ;-)

Tasha Gennaro a dit…

Oui j'avoue que j'aime bien, parfois, plonger dans un bouquin et le lire d'une traite ou presque!