Présentation
Après avoir examiné la relation fondatrice à son père dans Fun Home, Alison Bechdel consacre ce
nouveau roman graphique à sa mère et à leur relation ambivalente. Mélomane,
grande lectrice, actrice amateure, celle-ci a largement déterminé les aspirations
de sa fille ; mais elle a aussi cessé de lui manifester physiquement son
affection alors qu’elle n’était qu’une enfant, générant un certain nombre
d’angoisses et d’interrogations qui affectent l’adulte qu’est devenue Alison
Bechdel.
Mon avis
J’avais lu et adoré Fun Home
à sa sortie, en 2006, c’est vraiment un grand souvenir de lecture pour moi. Je
me suis donc précipitée sur C’est toi ma
maman ? dès que mes yeux me l’ont permis (pas encore facile de lire de
la BD, cela dépend des formats, du lettrage). Pour commencer par mes réserves,
qui ne sont peut-être liées qu’à moi, à mes humeurs, à mes attentes du moment,
j’ai été moins convaincue, moins enthousiaste. La dimension psychanalytique
(très américaine) m’a un peu agacée par moments, je l’ai trouvée envahissante,
un peu verbeuse, et je n’avais pas ce souvenir dans Fun Home. J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit peut-être que de
mon ressenti : j’ai pu apprécier cet aspect dans le précédent roman
graphique et le trouver pesant cette fois-ci ; par ailleurs, il y avait à
l’époque la découverte et l’effet de surprise, alors que cette fois-ci mes
attentes étaient grandes. En tout cas, C’est
toi ma maman ? est à déconseiller aux lecteurs qui exècrent la
psychanalyse ou qui trouvent facilement les auteurs nombrilistes… Enfin, je ne
sais pas si c’est une œuvre aisément accessible à ceux qui n’ont pas lu Fun Home : outre que la figure du
père est fréquemment évoquée mais avec beaucoup d’implicite, il est beaucoup
question de la parution de ce roman graphique et de l’impact qu’il a eu sur
Alison Bechdel et sur sa relation avec sa mère.
Voilà pour mes réserves : je n’ai pas été emportée comme je
l’avais été pour Fun Home.
Pour le reste, c’est un roman graphique comme je les aime. J’en aime le
dessin clair, la fluidité narrative en dépit d’une construction assez complexe,
la cohérence des chapitres (au nombre de sept). La relation avec sa mère est
compliquée et comme le rapport au père, elle est source de non-dits, de
silences, de blessures. On comprend qu’évidemment, la vie de cette mère a été
affectée par le secret du père, mais on aperçoit également la trajectoire d’une
femme, ses aspirations, ses renoncements, sa lourde vie familiale. C’est toi ma maman ? dégage à mon
sens moins d’émotion que Fun Home,
néanmoins je l’ai refermé avec le sentiment d’avoir lu une œuvre forte et
maîtrisée, hantée par Virginia Woolf et Donald Winnicott.
Remarque juste pour râler : Dieu que la couverture de l’édition
française est moche ! Ce rose et ce vert, beurk ! Et Denoël Graphic
réédite dans la foulée Fun Home (ce
qui est une excellente chose) mais avec une couverture moche aussi, alors que
celle de 2006 était superbe. Et je le prouve :
Pour qui ?
Pour tous ceux qui avaient aimé Fun
Home.
Le mot de la fin
Introspectif.
Alison Bechdel, C’est toi ma
maman ? Un drame comique (Are
you my mother ? A comic drama), Denoël Graphic, 2013. Traduit de
l’anglais (Etats-Unis) par Lili Sztajn et Corinne Julve. Publication
originale : Houghton Mifflin Harcourt, 2012.
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