samedi 16 novembre 2013

C'est toi ma maman? d'Alison Bechdel


Présentation
Après avoir examiné la relation fondatrice à son père dans Fun Home, Alison Bechdel consacre ce nouveau roman graphique à sa mère et à leur relation ambivalente. Mélomane, grande lectrice, actrice amateure, celle-ci a largement déterminé les aspirations de sa fille ; mais elle a aussi cessé de lui manifester physiquement son affection alors qu’elle n’était qu’une enfant, générant un certain nombre d’angoisses et d’interrogations qui affectent l’adulte qu’est devenue Alison Bechdel.

Mon avis
J’avais lu et adoré Fun Home à sa sortie, en 2006, c’est vraiment un grand souvenir de lecture pour moi. Je me suis donc précipitée sur C’est toi ma maman ? dès que mes yeux me l’ont permis (pas encore facile de lire de la BD, cela dépend des formats, du lettrage). Pour commencer par mes réserves, qui ne sont peut-être liées qu’à moi, à mes humeurs, à mes attentes du moment, j’ai été moins convaincue, moins enthousiaste. La dimension psychanalytique (très américaine) m’a un peu agacée par moments, je l’ai trouvée envahissante, un peu verbeuse, et je n’avais pas ce souvenir dans Fun Home. J’insiste sur le fait qu’il ne s’agit peut-être que de mon ressenti : j’ai pu apprécier cet aspect dans le précédent roman graphique et le trouver pesant cette fois-ci ; par ailleurs, il y avait à l’époque la découverte et l’effet de surprise, alors que cette fois-ci mes attentes étaient grandes. En tout cas, C’est toi ma maman ? est à déconseiller aux lecteurs qui exècrent la psychanalyse ou qui trouvent facilement les auteurs nombrilistes… Enfin, je ne sais pas si c’est une œuvre aisément accessible à ceux qui n’ont pas lu Fun Home : outre que la figure du père est fréquemment évoquée mais avec beaucoup d’implicite, il est beaucoup question de la parution de ce roman graphique et de l’impact qu’il a eu sur Alison Bechdel et sur sa relation avec sa mère.
Voilà pour mes réserves : je n’ai pas été emportée comme je l’avais été pour Fun Home.
Pour le reste, c’est un roman graphique comme je les aime. J’en aime le dessin clair, la fluidité narrative en dépit d’une construction assez complexe, la cohérence des chapitres (au nombre de sept). La relation avec sa mère est compliquée et comme le rapport au père, elle est source de non-dits, de silences, de blessures. On comprend qu’évidemment, la vie de cette mère a été affectée par le secret du père, mais on aperçoit également la trajectoire d’une femme, ses aspirations, ses renoncements, sa lourde vie familiale. C’est toi ma maman ? dégage à mon sens moins d’émotion que Fun Home, néanmoins je l’ai refermé avec le sentiment d’avoir lu une œuvre forte et maîtrisée, hantée par Virginia Woolf et Donald Winnicott.

Remarque juste pour râler : Dieu que la couverture de l’édition française est moche ! Ce rose et ce vert, beurk ! Et Denoël Graphic réédite dans la foulée Fun Home (ce qui est une excellente chose) mais avec une couverture moche aussi, alors que celle de 2006 était superbe. Et je le prouve :



Pour qui ?
Pour tous ceux qui avaient aimé Fun Home.

Le mot de la fin
Introspectif.


Alison Bechdel, C’est toi ma maman ? Un drame comique (Are you my mother ? A comic drama), Denoël Graphic, 2013. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lili Sztajn et Corinne Julve. Publication originale : Houghton Mifflin Harcourt, 2012.

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