Présentation
Nous retrouvons Jack Taylor alors qu’il s’apprête à quitter Galway et
l’Irlande pour les Etats-Unis : il ne quitte pourtant pas le sol
irlandais, refoulé avant même de partir… Alors qu’il boit sa honte au bar de
l’aéroport, double Jameson et pinte de Guiness par dessus ses Xanax, il est
abordé par un étrange et inquiétant personnage. Il en croisera la route bien
des fois au cours du roman, tandis que les cadavres s’amoncelleront sur leur
passage.
Mon avis
Je suis fan de la série des Jack Taylor de Ken Bruen, découverte grâce
à une collègue lectrice de polars (elle m’avait prêté Delirium Tremens). D’emblée conquise par cette univers d’une
noirceur absolue, par le ton très particulier de ces romans noirs bourrés de
références littéraires (polareuses ou non), j’ai dès lors suivi les
mésaventures de Jack Taylor avec un immense plaisir. J’avais eu quelques
craintes en lisant le précédent, En ce
sanctuaire, qui aurait pu être le dernier de la série…
Dans Le démon, Jack reste
donc à Galway, bon gré mal gré, et il est toujours en colère, contre lui-même,
contre cette Irlande qu’il ne reconnaît plus et qui, après une embellie
économique qui lui a valu de perdre son âme, sombre dans la crise. C’est dans
ce contexte qu’apparaît Mr K., qui apparaît tantôt chauve, tantôt d’une
blondeur christique, mais qui sème toujours la désolation et la mort derrière
lui. Tous ceux qui approchent Jack et tentent de l’aider meurent dans d’atroces
souffrances. Elégant et charmeur, il semble français, ou allemand, ou bien encore
anglais: investisseur ? démoniaque ? C’est à vrai dire la même chose… Le
roman se teinte de fantastique, mais le propos reste celui du roman noir :
peindre une société à la dérive, gangrénée par une économie mondialisée qui
séduit les peuples et les nations avant de les laisser exsangues et désespérés.
Ici, l’enquête dont Jack accepte de se charger n’aboutit pas, parce qu’une
instruction contre le diable n’a aucune chance d’aboutir. Tout au plus le
détective peut-il écarter le démon de l’Irlande, mais c’est une piètre
victoire.
Dans ce volume, on retrouve un Jack hanté par ses démons (si j’ose
dire), sombrant dès les premières pages dans l’alcool, maniant de dangereux
mélanges de substances psycho-actives mais toujours très conscient de ce qu’il
fait. Si l’on croise à nouveau Stewart et Ridge, ils sont malgré tout un peu
éclipsés par le duel Mr K-Jack, pour notre plus grand bonheur.
J’ai pris un immense plaisir à lire ce roman : il faut dire que
Ken Bruen s’y entend pour accrocher son lecteur et lui faire tourner les pages,
avec des chapitres brefs, une écriture à l’os, dépouillée de toute recherche
d’effet superflu.
On peut s’attendre à une suite (peut-être déjà parue en VO, je ne sais
pas), les dernières pages nous montrent un Jack Taylor à la fois apaisé et
rattrapé par le mal…
Pour qui ?
Tous les amateurs de romans noirs.
Petit retour sur le déroulement de la série pour ceux qui ne
connaîtraient pas :
Délirium Tremens
Toxic Blues
Le Martyre des Magdalènes
Le Dramaturge
Chemin de croix
La main droite du diable
En ce sanctuaire
Le mot de la fin
Violemment addictif.
Ken Bruen, Le démon (The Devil), Fayard Noir, 2012. Traduit
de l’anglais (Irlande) par Marie Ploux et Catherine Cheval. Publication
originale : Bantam Press, 2010.
Un autre avis ici.
4 commentaires:
J'attends toujours la sortie en poche du précédent (soupir!). Comme toi je suis une fan de cet auteur!:))
J'ai lu Toxic blues et Le dramaturge, j'ai encore de quoi faire ! C'est un auteur que j'ai découvert grâce aux blogs, je m'en souviens fort bien !
Au début, j'attendais les sorties en poche, et au bout d'un moment, je n'arrivais plus à patienter. Il faut dire que, dans des moments où j'avais du mal à lire, où aucun livre ne retenait mon attention, la série des Jack Taylor a été ma planche de salut. Il y a des livres, des auteurs, comme ça, qui redonnent envie de lire!
Enregistrer un commentaire