samedi 20 mars 2021

La trilogie du Baztán de Dolores Redondo



Présentation du premier volume par l'éditeur

Au Pays basque, sur les berges du Baztán, le corps dénudé et meurtri d’une jeune fille est retrouvé, les poils d’un animal éparpillés sur elle. La légende raconte que dans la forêt vit le basajaun, une étrange créature mi-ours, mi-homme… L’inspectrice Amaia
Salazar, rompue aux techniques d’investigation les plus modernes, revient dans cette vallée dont elle est originaire pour mener à bien cette enquête qui mêle superstitions ancestrales, meurtres en série et blessures d’enfance.

Ce que j'en pense

Quelle curieuse histoire, ma lecture de Redondo... Cela faisait très longtemps que j'avais Le Gardien invisible, premier opus de cette trilogie du Baztán, et je ne sais pourquoi exactement, j'avais en tête que c'était plutôt du noir. Lorsque Folio a réédité les trois volumes, que j'ai reçus par les bons soins de Christelle Mata et Clara Donati, je me suis dit qu'il était temps, car j'avais envie de lire le nouveau roman de Dolores Redondo (La face nord du coeur), alors annoncé à la Série noire. J'ai donc attaqué Le Gardien invisible. Et je n'ai pas aimé. Mais alors pas du tout. Imaginez que vous aimez le roman noir et que vous lisez non pas, comme vous l'aviez pensé, un roman noir mais un thriller, forme de récit avec laquelle vous avez généralement du mal... Le choc. Et je n'aimais pas le personnage principal, sa vie un peu trop parfaite, sa chouette baraque à Pampelune, son mari impeccable et trop chou. Je suis allée au bout quand même. 

Mais il se trouve que je suis un peu entêtée. D'abord le thriller est un point aveugle dans mes lectures polareuses, et si en tant que lectrice j'ai le droit de n'en avoir rien à faire, en tant que sachante de mes deux, je ne peux décemment ignorer ce genre de fiction criminelle, que mes étudiants et mes étudiantes lisent, eux qui lisent si peu de fiction criminelle, et qui est un poids lourd en termes de ventes. Ensuite je suis bourrée de contradictions, et sans que je puisse l'expliquer, j'avais envie de retrouver cet univers. 

Et j'ai abordé le deuxième volume, De chair et d'os (mon préféré) : la lecture a été immersive, et j'ai eu un plaisir inattendu à retrouver les personnages et cet univers ancré dans un territoire. Je ne me suis pas agacée contre les rebondissements, parce que cette fois je savais à quoi m'attendre. 



J'ai lu le week-end dernier le troisième opus, Une offrande à la tempête



Que dire de la trilogie et de ma lecture? 

C'est du thriller, donc. Si le genre vous file des boutons, passez votre chemin. En ce qui me concerne, je continue à appartenir à la team "roman noir", forever, mais au-delà de l'intérêt professionnel que je me devais de lui porter, le thriller m'a réservé quelques bonnes surprises (Donato Carrisi, Ilaria Tuti). Redondo les rejoint. Sa maîtrise de l'intrigue, déployée sur trois volumes, est assez épatante : elle ménage un bon équilibre entre clôture d'une intrigue sur un volume et continuité du récit. Elle parvient à lier l'enquête et la vie privée de l'enquêtrice très habilement, sans que ce soit totalement ahurissant. Ces deux aspects à eux seuls forcent le respect. Et s'il y a des rebondissements (ce qui peut vite me fatiguer), il n'y a pas trop de twists archi-débiles, rien qui me donne envie de jeter le livre à travers la pièce. Je ne veux pas vous gâcher la lecture, mais même la révélation finale, la super révélation, on la sent venir (et ici ce n'est pas par maladresse de la romancière)  et c'est une bonne chose, car le retournement n'est pas artificiel, du coup. 

Et on n'appelle pas les romans "la trilogie du Baztán" pour rien : majesté des paysages, force des éléments naturels, puissance des croyances ancestrales, la façon que Dolores Redondo a d'évoquer ce territoire est saisissante, romanesque en diable. Elle insuffle ainsi une profondeur aux questionnements habituels du thriller : quelles sont nos racines? le foyer nous protège-t-il ou non? de quelle nature est le Mal? qui sommes-nous? qui est l'Autre? C'est foutrement efficace. Les thématiques de la famille, de la filiation, de la conjugalité sont articulées avec beaucoup de savoir-faire, et la trilogie propose une belle galerie de femmes, puissantes ou terrifiantes. Si je continue à trouver le mari parfait un peu insipide, j'ai adoré les membres masculins de la brigade qui entourent Amaia Salazar, qui tous offrent une vision de la masculinité différente. 

Mes lectures se suivent et ne se ressemblent pas. Enfin pas trop, car je dois reconnaître que les fictions criminelles en constituent l'essentiel. Petit à petit je me constitue un petit panthéon de thrillers : Dolores Redondo vient d'y arriver. 

Dolores Redondo, Trilogie du Baztán:

1. Le Gardien invisible (El guardián invisible), Gallimard Folio, 2021. Traduit de l'espagnol par Marianne Millon. Première édition française: Stock, 2013.

2. De chair et d'os (Legado en los huesos), Gallimard, Folio, 2021. Traduit de l'espagnol par Anne Plantagenet. Première édition française : Mercure de France, 2015.

3. Une offrande à la tempête (Ofrenda a la tormenta), Gallimard, Folio, 2021. Traduit de l'espagnol par Judith Vernant. Première édition française: Mercure de France, 2016. 



2 commentaires:

Bonheur du Jour a dit…

C'est une série que j'ai lue il y a deux ou trois ans et que j'ai vraiment beaucoup aimé. Je partage votre avis sur ces livres.
Bonne journée.

dasola a dit…

Bonjour, j'ai beaucoup aimé cette trilogie lu pendant le premier confinement qui a été une opportunité pour faire remonter des romans de mes PAL. En tout cas, cela donne envie d'aller visiter le Pays.Basque espagnol avec un bon parapluie car c'est une région pluvieuse quand on lit les descriptions de Redondo. J'ai nouveau à lire. Bonne après-midi.