Présentation éditeur
Dès 1970, la Stasi et les garde-frontières bulgares montent une opération pour arrêter tous ceux qui tentent de fuir le bloc communiste. Opération qui sert aussi également à assassiner des opposants politiques au régime…
En 2011, dans un immeuble abandonné de Berlin squatté par des Roms, on retrouve le cadavre atrocement mutilé de Frank Derbach, employé aux archives de la Stasi.
Au même moment, Gerhard Samuel, photo-reporter, meurt dans d’étranges circonstances à Sofia, où il enquêtait sur la mort d’un de ses amis, disparu en 1980 à la frontière entre la Bulgarie et la Grèce.
Kowalski, le commissaire chargé de l’enquête berlinoise, est rapidement écarté au profit de la police fédérale et des services secrets. Mais Kowalski est un rebelle et il décide de poursuivre ses investigations discrètement, aidé par la belle-fille de Gerhard.
Ce qu’ils vont découvrir pourrait mettre en cause un homme politique allemand très en vue...
Ce que j'en pense
Il y a des livres qui doivent attendre leur moment. Par deux fois j'avais commencé Le Magicien, par deux fois j'ai arrêté ma lecture au bout de 50 pages. Pourquoi? Je ne sais, mais la 3ème tentative fut la bonne. Non que le roman m'ait déplu les deux premières fois, simplement ce n'était pas le moment, je n'accrochais pas. Si je me suis obstinée, c'est parce que j'avais lu et aimé 188 mètres sous Berlin, et parce que Le Magicien avait tout pour me plaire, a priori.
Si je dois émettre une réserve, peut-être liée à moi et à rien d'autre, je dirais que j'ai trouvé que Le Magicien n'était pas dépourvu de longueurs, ou de lenteurs. On aimerait parfois que ça aille plus vite, mais n'est-ce pas une mauvaise habitude de lectrice pressée? Quoi qu'il en soit, cette impression ne gâche pas le plaisir de cette lecture. J'ai aimé la multiplicité des personnages, de leurs points de vue, c'est parfaitement maîtrisé, l'autrice sait ce qu'elle fait et jamais elle ne nous égare. Cela peut coller le vertige par moments, mais tout s'emboîte, et si ça colle le vertige, c'est parce que la réalité évoquée est complexe à souhaits, tordue et mauvaise comme le sont les remugles du sale passé des pays satellites de l'URSS. Avec des polars allemands, j'avais mesuré à quel point des nazis avaient opéré une conversion opportuniste au communisme dans les cadres de la RDA. Avec Magdalena Parys, je perçois que les exécuteurs des basses oeuvres de la RDA ont su se ménager une belle vie après 1989. Et j'aime que les personnages nous fassent sentir, pour la plupart, que les trajectoires sont compliquées, que le manichéisme n'est pas de mise. L'intrigue et la construction du roman sont complexes parce que l'Histoire est complexe.
Et puis il y a un effet de crescendo dans le roman, dans sa tension : je me suis mise à avoir peur pour certains personnages, à espérer que d'autres soient mis hors d'état de nuire. Magdalena Parys manie aussi le suspense, à bon escient. Elle utilise les structures et les codes du roman noir pour rappeler à ses contemporains européens que leurs démocraties sont des géants aux pieds d'argile, bâtis sur des cimetières, et qu'à ne pas vouloir désigner et juger les responsables, on leur laisse les mains libres pour continuer leurs forfaits et saper l'avenir. C'est implacable, glaçant, salutaire aussi.
Magdalena Parys, Le Magicien (Magik), Agullo, 2019. Traduit du polonais par Margot Carlier, Caroline Raszka-Dewez. Disponible en poche chez 10 18
1 commentaire:
je l'ai acheté ! oui avant de te lire, en janvier ! du coup, je ne lis pas ta critique .. j'y reviendrais après ! oh trop contente :-)
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