Présentation éditeur
Lou quitte Wim avec un goût amer. Dans le monde d’après l’effondrement, existe-t-il un seul endroit épargné par l’horreur ? Son dernier espoir, comme pour Amir, Cesaria et Maria : la Douceur. Lou ne sait pas encore à quel point la route pour l’atteindre sera longue. Au même moment, dans la Douceur qui prospère depuis quatorze années, trois musiciens jouent pour la première fois la Mélodie. Cet air semble avoir un mystérieux effet sur les Cybs, mais permettra-t-il d’éviter le pire ? Car, tandis que Lou s’approche de son ultime étape, le danger qui menace d’anéantir la Douceur s’épaissit comme une ombre…
Ce que j’en pense
J’avais lu avec un immense plaisir et en enchaînant les deux volumes Le Grand effondrement (tome 1) et La communauté (tome 2). Le plaisir allait même croissant, car le début du Grand Effondrement avait suscité quelques réserves, un mélange de déjà-vu (mais je lis beaucoup de dystopies pour adolescents) et de discours un peu convenu sur notre monde tel qu’il va, c’est-à-dire à sa perte. N’allez pas croire que cela avait gâché mon plaisir, car il y a une différence de taille entre le tout-venant de la littérature pour ados et Jérôme Leroy : une écriture. Quoi qu’il en soit, ce sentiment s’était vite estompé. Lorsque La Bataille de la Douceur, le tome 3, est paru, je me suis précipitée, mais je l’ai gardé « en réserve », je fais souvent cela avec les livres dont j’attends impatiemment la sortie (oui je suis un peu bizarre). La semaine dernière, j’ai saisi ce volume, comme ça, juste pour en lire quelques pages, et avant d’avoir le temps de m’en rendre compte, j’en avais dévoré une centaine. Telle est la première chose à dire : Lou après tout est un sacré « page turner » comme on dit, une trilogie qui se dévore, que l’on n’a pas envie de quitter, et cela me semble important quand on écrit pour un lectorat jeune.
Jérôme Leroy met en avant, dans ce troisième tome, la puissance de la fiction et du récit, anthropologiquement nécessaires, si vous me pardonnez cette approximation pédante, pour l’humanité. Lou est ici conteuse, elle consigne par écrit son itinéraire, pour les générations futures de la Douceur. Le récit manie aussi, très explicitement, les contes qui ont façonné nos imaginaires, leur redonne vie : en premier lieu celui du Joueur de flûte de Hamelin. Apollinaire est encore et toujours l’ombre bienveillante de Lou après tout. La musique et la poésie sont des éléments essentiels du salut de l’humanité, et il est bon de le rappeler en ce moment. Citations et références émaillent le récit, l’illuminent, et c’est beau.
Je pourrais vous dire aussi qu'en tant que Limousine, je suis sensible à l’évocation des paysages de ma région, mais à dire vrai, l’urbaine que je suis, qui ne goûte guère les joies de la campagne, a été aussi sensible à l’évocation de la côte d’Opale, dont j’ai un souvenir émerveillé, qu’à ceux des paysages vallonnés et marqués par les eaux de « mon pays ».
Ce que je voudrais souligner pour vous convaincre de vous plonger dans Lou après tout, quel que soit votre âge, c’est le fait que cette trilogie jeunesse, après Macha ou l’évasion, est une pierre de plus dans une œuvre qui se construit, avec une superbe cohérence. De roman en roman (il faudrait que je me plonge dans la poésie de Jérôme Leroy), l’auteur bâtit une vision du monde puissante et poétique, où le désenchantement le dispute à l’espoir, où la poésie bataille contre la laideur, avec des résonances entre les romans « pour adultes », les romans noirs et les romans jeunesse. Je vous avais dit à quel point Un peu tard dans la saison m’avait bouleversée. Il y a chez Jérôme Leroy une vision du monde, empreinte de nostalgie et de poésie, qui m’étreint le cœur.
Lisez, offrez Lou après tout, ne vous arrêtez pas aux couvertures (de mon point de vue très très moches) : dedans il y a du Jérôme Leroy, c’est-à-dire une beauté à pleurer, littéralement.
Jérôme Leroy, Lou après tout, 3. La bataille de la Douceur, Syros, 2020.
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