samedi 27 juin 2020

L'amitié est un cadeau à se faire de William Boyle


Présentation éditeur
Veuve d’un célèbre mafioso de Brooklyn, Rena Ruggiero n’apprécie guère les lourdes avances de son voisin octogénaire Enzio qu’elle finit par assommer à coup de cendrier. Persuadée de l’avoir tué, elle « emprunte » la magnifique Impala du séducteur éconduit pour filer chez sa fille Adrienne, qui lui claque la porte au nez. En face, une voisine compatissante lui offre l’hospitalité : la pétillante Lacey Wolfstein, ancienne star du porno, est ravie d’avoir un peu de compagnie. Mais l’ambiance se tend quand Richie, l’amant d’Adrienne, tueur de la mafia, débarque avec un joli magot obtenu en massacrant une bande rivale. Et il est suivi de près par Enzio, pas si mort que ça. Mieux vaut décamper rapidement, d’autant que le clan décimé par Richie n’a pas dit son dernier mot.

Ce que j'en pense
De bout en bout ce roman est un bonheur, un de ces lectures qui font du bien à l'âme. Il y a quelque chose de très particulier chez Boyle : il réussit à mettre en place un univers ultra-violent, avec des figures typiques à la fois du roman de mafieux et du white trash, mais qui dégage une douceur et une humanité à nulle autre pareille, avec un humour incroyable. J'ai ri devant les situations rocambolesques que vivent les héroïnes de ce roman, en lisant les dialogues savoureux qui émaillent des situations loufoques, et j'ai quitté le livre à regret, mais heureuse de la fin que Boyle ménage à ses personnages. Je suppose qu'on peut qualifier ce roman de comédie noire. C'est un peu le versant féminin des Soprano, le versant léger de Thelma et Louise, avec un côté girl power jouissif. Parce que la gent masculine ne sort guère grandie de ce roman. Hormis Dennis, à la fin, tous les protagonistes sont consternants, à commencer par Enzio, qui se fait une idée très particulière de la séduction. Ritchie est affligeant lui aussi, et que dire de Crea... Bêtes, violents, immatures, il n'y en a pas un pour rattraper l'autre. Face à eux, notre gang improvisé de pétroleuses, emmenées par Lacey, inénarrable arnaqueuse, ex-star du X, une merveille de personnage. 
Je pense que L'amitié est un cadeau à se faire est le roman le plus drôle de William Boyle, mais n'allez pas croire qu'il renonce à la noirceur ni surtout à la tendresse qui affleure dans ses romans. Cela peut vous sembler contradictoire, mais ça ne l'est pas : dans une société menée par la violence, on voit ici des femmes de divers âges faire front commun, pour le plus grand bonheur du lecteur. L'auteur fait aussi le portrait des ces villes-banlieues de la Grande Pomme, ce Brooklyn qui a parfois des airs de campagne (Gravesend), avec ses zones commerciales, ses pavillons proprets ou déglingués, c'est selon. 
Si vous voulez prendre un grand shoot d'humour et d'humanité, précipitez-vous sur L'amitié est un cadeau à se faire

William Boyle, L'amitié est un cadeau à se faire (A Friend Is a Gift You Give Yourself), Gallmeister, 2020. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Simon Baril. 

Aucun commentaire: