samedi 15 juin 2019

Rita Falk et M.C. Beaton



Les romans noirs sont au coeur de mes lectures, vous le savez, mais il arrive que j'aie besoin de m'échapper de la noirceur, pour aller vers plus de légèreté. Ces derniers temps, j'ai éprouvé le besoin de lire des choses légères sans être mièvres, des romans qui me font sourire et rire. Je n'ai aucun problème à le dire : j'ai parfois besoin de sortir de la noirceur du monde, d'aller vers un pur divertissement qui ne recherche nullement le style ou l'innovation formelle. 
Je me suis donc tournée ces dernières semaines vers deux autrices qui ont comblé ce besoin, entre deux lectures fortes et sombres.
D'abord il y a eu Rita Falk et sa Choucroute maudite : j'ignore quel est le statut de cette romancière en Allemagne, mais ça sent le polar un peu régional, enraciné en Haute Bavière, avec recettes et tout le truc. Mais vu d'ici, édité au Mirobole, c'est exotique à souhait, et d'une drôlerie irrésistible. La Mémé est impayable avec sa manie de traquer les bonnes affaires, et j'ai éclaté plusieurs fois de rire sans me soucier de l'endroit où je me trouvais. Evidemment, Bretzel Blues a rejoint illico mon stock, pour les moments de morosité inopinés. C'est du polar déjanté juste ce qu'il faut, sans aucune prétention, bien ficelé, avec des personnages farfelus, des situations loufoques, et ça remplit à merveille son office: faire passer un excellent moment. 
Ensuite il y a eu M.C. Beaton et son Agatha Raisin. Je suis longtemps restée réfractaire à cette série qui rencontre depuis quelques années un énorme succès en France, sur un rythme de publication assez frénétique. La série a commencé à être publiée en anglais au début des années 1990, donc Albin Michel a du stock, si je puis dire, et peut alimenter les lecteurs français à ce rythme soutenu. J'étais réfractaire à ce que d'aucuns appellent le cosy mystery à l'anglaise, au succès phénoménal de la série (mon côté affreusement snob ressurgit malgré moi). Mais ma chère Miss Cornélia a su me convaincre : y a pas de mal à se faire du bien avec des sucreries, tant qu'on ne consomme pas que ça! Et je combats mon snobisme de littéraire autant que je peux. En ce vendredi, j'avais un trajet de 3h30 en train (et ces trajets ferroviaires me pèsent de plus en plus), j'étais claquée, j'avais besoin de légèreté après une semaine compliquée et une lecture éprouvante autant que passionnante (je vous en reparle vite). Donc, le tome 1 des aventures d'Agatha Raisin, La quiche fatale, sur ma liseuse depuis quelques temps déjà, me faisait de l'oeil. Et c'était parfait: je n'ai pas vu le temps passer, je me suis marrée comme une baleine sans me soucier des autres passagers, et le soir, j'ai acquis le tome 2 pour l'avoir sous la main. C'est drôle, pas mièvre, enlevé, et là encore, ça n'a pas d'autre prétention que de faire passer un bon moment. Agatha est suffisamment féroce pour plaire à l'asociale que je suis, les travers de nos contemporains (britanniques, mais qu'importe) épinglés avec la juste distance, et le contrat est parfaitement rempli. 
Alors oui, je peux d'un côté adorer des romanciers comme Antoine Chainas, Jean Echenoz ou Patrick Modiano (et je ne vous parlerai pas des classiques) et d'un autre côté me délecter de M.C. Beaton et Rita Falk. Mes lectures se suivent et ne se ressemblent pas (toujours). C'est comme ça.

Rita Falk, Choucroute maudite, Le Mirobole Editions, 2017. Traduit de l'allemand par Brigitte Lethrosne et Nicole Patilloux. Disponible en numérique. Réédité en J'ai Lu. 
M.C. Beaton, La Quiche fatale (Agatha Raisin and the Quiche of Death), Albin Michel, 2016. Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Esther Ménévis. Disponible en numérique. 

2 commentaires:

Miss Cornelia a dit…

Surtout que parfois faut vraiment se forcer pour rire...les héros de ces deux séries nous ressemblent souvent, leurs défauts m'enchantent, ils sont gourmands, de mauvaise foi et rudes...et genre guimauve de temps en temps...alors quand tu as bien mâché ta tartine recouverte d'emmerdes diverses, les croiser, ces héros, ça fait juste du bien sans ordonnance...

Tasha Gennaro a dit…

C'est exactement ça! Pourquoi s'en priver? ;-)