samedi 22 juin 2019

Le printemps du commissaire Ricciardi de Maurizio De Giovanni


Présentation éditeur
Luigi Alfredo Ricciardi, commissaire à la questure royale de Naples, a un don particulier : il voit la souffrance des morts et les entend parler. Aidé de son fidèle adjoint, il enquête dans les quartiers pauvres de la ville où on a découvert le corps de la vielle Carmela Calise, cartomancienne et usurière à ses heures. Que va révéler la morte au commissaire ? Les secrets de ses clients sont bien gardés. En ce printemps de l'année 1931, la ville de Naples a l'odeur de la haine, du sang et des amours déçues. 

Ce que j'en pense
J'avais lu et aimé le premier volume dédié au commissaire Ricciardi. J'avais même, lors de mon passage en Italie l'an dernier, acheté la bande dessinée parue chez Bonelli (perdue depuis puisqu'elle était dans le sac qu'on m'a volé dans le train à mon retour). 
Cependant, ce deuxième volume m'a encore plus plu : il m'a bouleversée. Il s'en dégage une mélancolie incroyable et d'une beauté à couper le souffler. La solitude des êtres, leur douleur, leur inaptitude au bonheur, tout cela est exprimé avec une force... Cela n'empêche pas les petits moments d'humour, avec Maione et le légiste, notamment. 
Et puis il y a la vie napolitaine, captée dans son fourmillement, jamais idéalisée : Naples est une ville aux contrastes saisissants mais où domine l'extrême misère. J'avais des images un peu floues des quartiers espagnols, où j'ai logé le temps de vacances il y a déjà longtemps. Mais je me représentais nettement ce qu'est un basso, le dédale des rues, mais aussi les odeurs évoquées, y compris dans les quartiers aristocratiques. L'écriture de Maurizio De Giovanni est toujours précise et évocatrice, sans être pesamment descriptive. 
J'ai dévoré ce volume, dont l'intrigue est suffisamment retorse pour tenir en haleine jusqu'au bout. Et puis il n'y a aucun manichéisme dans la vision de l'auteur : juste des personnages empêtrés dans leur statut social, dans leurs déterminismes, parfois en proie à l'hubris qui les mène droit dans le mur. C'est beau et tragique, somptueux et déchirant. 
Evidemment, sitôt refermé ce 2è volume, j'ai fait l'emplette du 3è : la peur du manque, hein...

Maurizio De Giovanni, Le printemps du commissaire Ricciardi (La condanna del sangue. La primavera del commissario Ricciardi), Rivages Noir, 2015 (pour l'édition de poche). Traduit de l'italien par Odile Rousseau. 

2 commentaires:

Jena-Marc a dit…

Une adepte de plus, pour moi la série Ricciardi est une des meilleure du polar mondial actuel.

Tasha Gennaro a dit…

Entièrement d'accord! Une splendeur. Il faudra que j'essaie son autre série, aussi.