mardi 8 septembre 2015

D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan


Présentation (éditeur)
« Ce livre est le récit de ma rencontre avec L.
L. est le cauchemar de tout écrivain.Ou plutôt le genre de personne qu’un écrivain ne devrait jamais croiser.»
Dans ce roman aux allures de thriller psychologique, Delphine de Vigan s’aventure en équilibriste sur la ligne de crête qui sépare le réel de la fiction. Ce livre est aussi une plongée au cœur d’une époque fascinée par le Vrai.

Ce que j'en pense
J'attendais avec impatience ce roman. Après avoir aimé Les heures souterraines, j'avais été bouleversée, comme tant d'autres, par Rien ne s'oppose à la nuit. Mon impatience se mêlait donc d'un peu d'appréhension car je ne voyais pas comment ce nouvel opus pourrait être à la hauteur du précédent. Et pourtant... 
D'après une histoire vraie est passionnant, bouleversant, captivant et d'une intelligence extraordinaire. Mon deuxième choc de la rentrée littéraire, bigre! c'est Byzance!
J'ai abordé ce texte comme une sorte d'autofiction, comme une "histoire vraie". C'est que Delphine de Vigan s'y entend pour manier les fameux "effets de réel", et pour qui suit un peu la romancière, il n'est pas difficile de trouver ici des échos de sa vraie vie, ou du moins de ce qu'en retranscrivent les médias. Tout est tellement plausible... 
Ce faisant, Delphine de Vigan emprunte les codes du thriller psychologique. Ce n'est pas pour rien qu'elle met en exergue aux différentes parties du roman des citations de Stephen King, et évidemment le roman rend hommage à Misery. Cette emprise est évoquée si justement, nous savons, prévenus que nous sommes, que le piège se referme sur l'auteure-personnage. La mécanique se met en place et rien ne peut l'arrêter, et le plus piégé est sans doute le lecteur, captif du roman, tournant fébrilement les pages. 
Le final ne déroge pas aux règles du thriller, mais Delphine de Vigan sème le trouble (je ne peux en dire plus), désarçonne, sans pirouette agaçante qui plus est. Qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui est faux dans l'histoire vécue par Delphine-personnage? Et si elle nous racontait tout simplement un piège que l'héroïne se tend à elle-même, revisitant dans D'après une histoire vraie l'ami imaginaire des enfants en ennemi personnel? J'ai bien conscience de mal exprimer ma perception du roman sans spoiler de manière épouvantable. Mais cette intrigue de thriller est aussi une réflexion sur la création, sur les rapports entre la vie et l'oeuvre, entre le réel et la fiction, sur le rapport de l'écrivain à ce qu'il écrit, du lecteur à ce qu'il lit et à l'écrivain, dans une époque qui veut du vrai, toujours du vrai. 
Dit comme ça, ça pourrait sembler vu et revu, mais il n'en est rien car Delphine de Vigan bouleverse à chaque page. La fragilité du personnage, ses doutes, sa lente descente, tout est évoqué avec finesse. 
Encore un roman que j'ai dévoré avec bonheur, mazette, quelle rentrée littéraire!

Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie, JC Lattès, 2015. Disponible en e-book.

4 commentaires:

Hélène a dit…

J'ai l'impression que tous les avis sont unanimes, on va entendre parler de ce roman à mon avis !

keisha a dit…

Mazette, alors! Bon, il sera à la bibli un jour ou l'autre...

Tasha Gennaro a dit…

@Hélène : ce ne serait que justice, c'est vraiment un très bon roman.
@Keisha : oui, mazette! ;-)

Electra a dit…

J'ai entendu une mauvaise critique (sur les écrivains qui ne parlent plus que d'eux-mêmes) mais ton billet me rassure. Je vais comme Keisha attendre son arrivée en bibli !