samedi 13 février 2021

La mère noire de Pouy et Villard



Présentation éditeur

Figures de proue de la Série Noire et du polar français, graphomanes talentueux, Jean-Bernard Pouy et Marc Villard ont entamé en 2005 un dialogue littéraire qui a donné naissance à plusieurs textes à quatre mains. Avec La mère noire, ils reforment leur duo pour la Série Noire et signent un roman riche des échanges et jeux de langage qui les caractérisent.

Ce que j'en pense

Je n'avais pas lu les précédentes collaborations littéraires des deux compères, mais par un jour pluvieux (ça ne manque pas), je me suis emparée avec gourmandise de La mère noire, et j'ai tout de suite eu l'impression de retrouver de vieilles connaissances. Structuré en deux parties, la première écrite par Jean-Bernard Pouy et la seconde par Marc Villard, le roman pourrait se lire, si on voulait, comme deux novellas. Dans "L'art me ment" (vous reconnaîtrez Pouy dès le titre), Clotilde et son père ont chacun à leur manière et à la manière de leur âge une verve qui fait mouche. Clotilde est une sorte de Zazie de notre temps, et c'est un bonheur de les lire, de les "entendre", devrais-je dire. On se marre, mais pas que, et tout est dans le titre de cette première partie, somme toute. Dans "Véro", Villard donne voix à différents laissés pour compte de notre jolie société, et s'il délaisse le bitume parisien, il ne se détourne pas des marginaux, des "fous", et par Véro, mère de Clotilde, il explore une trajectoire de dérive ordinaire. N'allez pas penser pour autant que c'est misérabiliste, ça ne l'est vraiment pas.  

Ce qui unit les deux parties, outre le foyer (certes bancal) formé par ces trois-là, tient dans la finesse de l'évocation de notre société. Pouy comme Villard font des portraits qui tapent juste, et au-delà de leurs différences d'écriture, se tisse un roman noir bien serré. Et puis autre chose m'a frappée dans La mère noire, dans les deux parties qui composent ce roman : la tendresse qui s'en dégage, tendresse pour ces frères humains si fragiles, si malmenés de la part de deux vieux briscards du roman noir français. Alors oui, on se marre, on s'émeut, mais surtout, on quitte ce court roman avec un brin de sourire : c'est eux, c'est Pouy et Villard. 

Jean-Bernard Pouy et Marc Villard, La mère noire, Gallimard Série Noire, 2021. 


1 commentaire:

La Petite Souris a dit…

Je n'ai jamais lu moi non plus les écrits collaboratifs de ces deux auteurs. Par contre, j'ai toujours eu un plaisir immense à lire ou à rencontrer JB POUY dont les oeuvres, même si elles ne sont pas toujours de même qualité,ont au moins l’avantage de vous degourdir les zygomatiques . Le sens du verbe, de la formule, un amour des mots qui rendent ses histoires croustillantes et savoureuses,mais un auteur qui sait pointer aussi les travers de notre société. une valeur sûre ! ;)